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Affaire Depardieu : un collectif demande le retrait de son prix Lumière

Dans une lettre ouverte un collectif de jeunes cinéphiles réclame à Irène Jacob, la présidente de l’Institut Lumière, le retrait du Prix Lumière accordé à Gérard Depardieu en 2011.

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Affaire Depardieu : un collectif demande le retrait de son prix Lumière
Le Hanger du premier film de l’Institut Lumière.

C’est un texte publié vendredi 19 janvier sur le Blog de Mediapart. Dans cette lettre ouverte, un collectif de jeunes trentenaires cinéphiles, cinéastes, podcasteur·euses et youtubeur·euses, demande à Irène Jacob, la présidente de l’Institut Lumière, de retirer le Prix Lumière décerné à Gérard Depardieu en 2011. À l’origine de cette tribune, les créateurs de Une invention sans avenir, un podcast sur le cinéma et signés par plusieurs Lyonnais, dont Ostpolitik, streamer et chroniqueur à Blast.

Affaire Depardieu : un acteur accusé de violences sexuelles

Pour rappel, l’acteur de 75 ans, mis en examen pour viols et agressions sexuelles en 2020, est accusé des mêmes faits par 13 autres femmes. En avril 2023, elles dénonçaient auprès de Mediapart les violences sexistes et sexuelles commises par Gérard Depardieu sur le tournage de onze films sortis entre 2004 et 2022.

C’est ainsi que l’affaire Depardieu a commencé. Sans trop faire de bruit. Depuis, les propos misogynes et à caractères sexuels tenus par l’acteur, révélés en décembre par l’émission Complément d’enquête, ont profondément choqué et divisé le monde du cinéma. Sur des images tournées en Corée du Nord, on y voit l’acteur sexualiser plusieurs femmes et même une enfant de dix ans.

« Il s’agit d’appeler les institutions cinématographiques à réagir »

Une partie du monde du cinéma, ainsi que le président de la République, continuent de le défendre. On se souvient des mots d’Emmanuel Macron, invité le 20 décembre sur le plateau de France 5. « Il rend fière la France », avait-il exprimé, en parlant de l’acteur, avant de dénoncer « une chasse à l’homme ». Le soir de Noël, ce sont soixante acteurs qui ont exprimé leur soutien à Gérard Depardieu dans une tribune publiée dans Le Figaro.

C’est dans ce contexte que le collectif « Une invention sans avenir » a publié cette lettre ouverte. « Toutes les tribunes qui ont été jusqu’ici publiées sont surtout symboliques. Pour nous, il s’agit d’appeler les institutions cinématographiques à réagir », explique Raphaël Jaudon, l’un des fondateurs du podcast Une invention sans avenir.

S’il se dit « positivement surpris » du retentissement et de l’impact social engendrés par l’affaire Depardieu, il reconnaît que « les institutions ne se sont pas vraiment saisies du problème », en particulier en France. En comparaison, suite à la diffusion des images de Complément d’Enquête, l’acteur a été déchu de l’Ordre national du Québec et de son titre par le premier ministre québécois, François Legault.

Des agissements de Depardieu connus lors de la remise du prix Lumière ?

Pour les signataires de la lettre ouverte, il semble évident que le monde du cinéma avait déjà connaissance de ces comportements au moment où Gérard Depardieu recevait le prix Lumière en 2011, lors du 3e Festival Lumière.

Ils prennent pour exemple une interview accordée en décembre 2023 au journal l’Humanité par Chantal Austruy, ancienne cheffe du protocole du Grand Lyon, l’un des partenaires du Festival Lumière. Elle y racontait les agressions et le harcèlement sexuel auquel s’est livré Gérard Depardieu envers l’équipe d’hôtesses qu’elle supervisait pour l’inauguration du cinéma Pathé de Vaise en janvier 2008. « Elles m’ont dit que Gérard Depardieu avait eu des paroles et des gestes déplacés envers elles, qu’il les touchait volontairement », expliquait-elle.

« On essaye de faire confiance à Irène Jacob, elle connaît les enjeux du monde du cinéma, détaille Raphaël Jaudon. Il ne s’agit pas d’être dans l’opposition, ni d’exiger quoi que ce soit. L’enjeu c’est de dire qu’elle a la position pour le faire et qu’on aimerait qu’elle le fasse » 

Contacté, l’Institut Lumière n’a pour l’instant pas répondu à nos sollicitations.


#violences sexistes et sexuelles

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