Mobilisation intense, violences policières et vitrines brisées : Lyon vent debout contre la réforme des retraites
Début 2023, le gouvernement d’Emmanuel Macron dévoile son projet pour reporter l’âge de départ à la retraite à 64 ans. Pour la première fois depuis 2010, tous les syndicats s’allient pour entrer en lutte pour le projet de loi, qui sera finalement adopté par le Parlement le 20 mars 2023, via l’utilisation du 49.3. Pour autant, la lutte contre cette réforme a perduré jusqu’à l’été.
À Lyon, les cortèges n’avaient pas été aussi fournis depuis de nombreuses années. Dès le 19 janvier, au jour de l’Acte I du mouvement, entre 23 000 et 38 000 personnes se rassemblent à Lyon. Au plus fort de la mobilisation, le 7 mars, les syndicats se félicitent de 50 000 personnes dans les rues, contre 25 000 selon les forces de l’ordre.
La forte présence du syndicat CFDT, très reconnaissable à sa couleur orange fluo, a étonné les habitués des manifestations. Tout comme la densité du cortège du tête et l’usage du feu dans le black bloc et les nombreuses manifestations sauvages.
Autre fait marquant : la dénonciation des violences policières par le service d’ordre de la manifestation, ciblé par la police à plusieurs reprises. Une de nos journalistes avait aussi reçu un coup de matraque alors qu’elle couvrait une de ces manifestations.
Un 1er mai sous haute tension à Lyon
Il aura fallu plus de quatre heures à la manifestation lyonnaise du 1er-Mai pour aller de place Jean-Jaurès (Lyon 7) à la place Bellecour (Lyon 2). La raison de la lenteur de la mobilisation : un cortège de tête très fourni et un black-bloc particulièrement organisé et offensif à l’avant de la manifestation, qui a débordé les forces de l’ordre.
De nombreuses grandes enseignes de l’avenue Jean-Jaurès et du cour Gambetta ont été ravagées, puis pillées. À tel point que la préfecture a dû appeler des renforts d’autres départements pour contenir les actions du black-bloc. Et ce, malgré la présence de drones pour surveiller la manifestation.
La résistance s’organise contre le scandale de la pollution aux perfluorés
Dimanche 18 juin 2023, des militant·es d’Alternatiba viennent manifester devant l’usine Arkema, située à Pierre-Bénite, dans la Vallée de la chimie. Ils et elles veulent faire reconnaître la responsabilité de l’entreprise dans la massive pollution aux perfluorés, ces « polluants éternels », rejetés depuis des dizaines d’années dans la nature au sud de Lyon.
Le scandale éclate en mai 2022, avec la diffusion du documentaire Vert de Rage, qui révèle cette pollution et ses impacts sur les habitant·es des communes environnantes. Depuis, Rue89Lyon enquête au long cours sur cette pollution et documente les luttes des habitant·es et écologistes pour la faire cesser.
Les opposants au Lyon-Turin se mouillent contre la ligne à grande vitesse
En juin 2023, 4 000 opposants au projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin investissent la vallée de la Maurienne (Savoie) pour tenter d’interrompre le chantier. Les manifestants, encadrés par une très forte présence policière, sont contraints dans leurs mouvements.
Dans la pagaille, plusieurs dizaines de manifestants traversent la rivière Arc, malgré son fort débit, pour tenter de bloquer l’autoroute A43, à proximité immédiate. Certains sont gazés alors qu’ils tentent de franchir le cours d’eau.
Si la mobilisation se révèle très chaotique dans son déroulement, elle remet en lumière l’opposition à ce projet de méga-tunnel (57 kilomètres) pour traverser les Alpes. On lui reproche son coût pharaonique, son faible intérêt stratégique et son impact écologique.
Quarante ans après « la marche des Beurs », rien n’a vraiment changé aux Minguettes
En octobre 1983, une poignée de jeunes des Minguettes lançaient la Marche pour l’égalité et contre le racisme. Quatre décennies plus tard, Djamel Atallah, un marcheur de l’époque, estime que les problèmes du quartier n’ont pas beaucoup changé.
Bien qu’ayant grandit à Vénissieux, il a vécu une bonne partie de sa vie à Nanterre, la ville où est décédé le jeune Nahel en juin dernier. Dans son discours, il fait fréquemment le lien entre les deux villes. Même problèmes avec la police, même pauvreté, mêmes trafics…
« Il ne faut pas s’attendre à grand chose quand on est sur un terrain de misère », lâche-t-il en regardant une fresque à côté de lui.
Sur celle-ci, on trouve Rosa Parks, Ghandi, Martin Luther King et Toumi Djaïdja, l’un des initiateurs de la marche. « Elle est quand même bien discrète », peste-t-il devant quelques chibanis qui le regardent avec curiosité.
Les portraits défraichis semblent mis de côté, à l’image de la question des « banlieues ». La Marche avait permis d’en parler. Elle a eu tendance à retomber dans l’oubli.
L’expulsion du squat Pyramide, symbole des tensions sur l’hébergement d’urgence à Lyon
Lundi 30 octobre, le squat « Pyramide », à Lyon 7e, est expulsé au petit matin par la préfecture du Rhône, deux jours avant la trêve hivernale. Il abritait près de 250 personnes depuis plusieurs années, selon les collectifs. Des solutions temporaires de relogement ont été proposées à certain·es habitant·es. Mais beaucoup sont partis de leur plein gré, sans solution.
L’expulsion est symbolique de la crise de l’hébergement d’urgence dans la Métropole, saturé. Mais aussi des tensions politiques qui existent entre l’exécutif écolo de la Ville de Lyon et la Préfecture du Rhône, qui se renvoient la balle (et les responsabilités).
Rue89Lyon change de visage(s)!
C’est l’une des grande nouvelle de l’année pour Rue89Lyon. Depuis mi-octobre et après le départ de l’actionnariat des deux derniers fondateurs du journal, notre média est devenu une Société coopérative et participative (Scop), après un travail de longue haleine.
Rue89Lyon reste indépendant puisque trois salariés, journalistes, ont repris le flambeau. Rue89Lyon change de visage mais pas d’ambition : un journalisme d’investigation et engagé à Lyon, avec le soutien de ses abonné·es!
La mort de Gérard Collomb, départ d’un baron de Lyon
Pendant près de 20 ans, Gérard Collomb a incarné Lyon. Il l’a façonnée selon ses idées et ses idéaux. Le 25 novembre 2023, celui dont le règne avait pris fin en 2020, sans qu’il ne s’y attende vraiment, est décédé d’un cancer de l’estomac. Malgré la défaite, l’ancien maire de Lyon n’avait pas lâché la politique locale qu’il avait commencée à la fin des années 70. Il aura fallu la maladie pour qu’il renonce à « sa » ville. Le dernier baron lyonnais s’en est allé.
Il tenait à son image de « bâtisseur ». Celle du maire socialiste, qui a fait émerger le quartier de la Confluence à partir d’hectares de friches industrielles, qui rêvait d’une skyline d’immeubles de grande hauteur à Part-Dieu ou qui a reconfiguré totalement les berges du Rhône… À sa mort, il a été unanimement célébré à Lyon, sans que certains de ses opposants n’oublient des facettes plus controversées de ses mandats : chasse aux prostituées, théorie de « l’appel de l’air », démantèlement de camps de Rroms…
Les crues du Rhône, piège pour les sans-abri de Lyon, toujours plus nombreux
C’est une triste image de fin d’année : les crues du Rhône ont ravagé des campements établis par des familles sans-abri sur les berges du fleuve. Obligés de se réfugier plus en hauteur, ils exposent leur misère aux yeux de la ville. Mais cet évènement n’aurait pas été nécessaire pour se rendre compte de la situation critique dans la métropole : le nombre de personnes sans-domicile explose. Plus de 14 000 personnes sont en attente d’un hébergement d’urgence à Lyon, selon le Samu social, qui dénombre de plus en plus d’enfants dans les rues. L’association Jamais sans toit en recense plus de 300 dans la métropole de Lyon.
Face à cette grande précarité, les professionnels de l’hébergement d’urgence se sont mis en grève pour réclamer plus de places pour accueillir les personnes sans-abri. D’autant plus que les relations de ces professionnel·les avec la préfecture, et notamment la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, arrivée en janvier 2023, sont plus que tendues sur ce sujet. En cause : les nombreuses expulsions de squat et campements survenues depuis début 2023.
La communauté LGBTI+ de Lyon se déchire
La conflit gonfle depuis 2019 dans la communauté LGBTI+ de Lyon et il a connu une montée en puissance en 2023. Au point qu’en novembre, deux associations ont fini par être exclues du centre LGBTI+ de Lyon, qui fédère une trentaine d’associations à Lyon.
Rue89Lyon s’est penché sur la scission idéologique qui se retrouve derrière chaque événement majeur de la communauté, comme ce fut le cas pour la Pride 2023, où deux évènements distincts ont été organisés. Des associations, des commerces et des militant·es sont à couteaux tirés.
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