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Nouveau barrage sur le Rhône : début de la concertation (et de la controverse)

Un nouveau projet de barrage sur le Rhône pourrait prochainement voir le jour, entre Ain et Isère. Baptisée Rhônergia, l’infrastructure suscite déjà interrogations et controverses. La concertation publique débute, pour trois mois.

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barrage Rhône Jérôme Grausi
Jérôme Grausi, maire de Saint-Romain-de-Jalionas, pointe le virage qui pourrait accueillir le dernier barrage sur le Rhône. Crédits : LM-B / Rue89Lyon

Rhônergia verra-t-il le jour? Porté par la Compagnie nationale du Rhône (CNR), ce projet de barrage-centrale hydroélectrique est à l’étude sur le fleuve roi, comme vous le racontait Rue89Lyon en octobre dernier. Entre Loyettes (Ain), et Saint-Romain-de-Jalionas (Isère), l’ouvrage permettrait de produire 140 gigawatts/heure par an d’électricité. De quoi couvrir les besoins énergétiques de 60 000 habitants.

Après des études de faisabilité menées par la CNR et Réseau de transport d’électricité (RTE), une phase de concertation préalable s’ouvre vendredi 1er décembre, pour une durée de trois mois. Elle est organisée sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP).

Pour l’État et la CNR, le projet, chiffré à 330 millions d’euros, s’inscrit dans une démarche de décarbonation de la production d’électricité et de souveraineté énergétique.

Barrage sur le Rhône : 50 ans après…

« Toutes les paroles seront les bienvenues », a souligné Jacques Archimbaud, garant CNDP du projet, dans le cadre d’une présentation de l’infrastructure à la presse, mercredi 29 novembre. Elles risquent d’être nombreuses, tant le projet de barrage-usine, à la production finalement limitée, suscite déjà des controverses.

« Dans l’esprit du gouvernement, il faut aller chercher le moindre kWh d’électricité avec les dents. Car le nouveau nucléaire ne va pas arriver tout de suite », contextualise Jacques Archimbaud.

La validation par l’État de la poursuite du projet devrait intervenir au printemps 2024. Si la construction du barrage était confirmée, l’ouvrage devrait être finalisé en 2033, soit près de 50 ans après l’inauguration du dernier barrage sur le Rhône, en 1986.

Rhônergia : un barrage inutile?

À la tête des anti-Rhônergia, on retrouve Jérôme Grausi, maire sans étiquette de Saint-Romain-de-Jalionas, l’une des communes impliquée dans la construction du barrage.

« Le gros problème de cet ouvrage, c’est beaucoup d’argent, quasiment un demi-milliard d’euros, pour très peu de puissance et avec, de notre point de vue, de gros sacrifices. »

Un argumentaire appuyé par un document signé de quatre associations écologistes : FNE AURA, l’association du Nord-Isère Lo Parvi, l’association régionale de pêche AURA et la LPO AURA. En l’état des informations disponibles, « le projet de barrage est un mauvais projet, économiquement dispendieux et au rapport efficacité énergétique/impact environnemental catastrophique », résume le communiqué.

Directeur de projet pour la Compagnie nationale du Rhône, Olivier Le Berre a indirectement répondu aux critiques, en assurant que le projet ne provoquerait qu’entre 12 et 18 hectares d’artificialisation nette, un volume jugé « faible ».

En revanche, 300 hectares de terres agricoles et une centaine d’exploitation, étalées sur 26 kilomètres, seraient impactées par les aménagements du Rhône. La CNR a également vanté l’insertion paysagère de l’ouvrage, dont l’emprise serait nettement moindre que le projet de barrage abandonné dans les années 1980 à Loyettes.

Barrage sur le Rhône : la centrale du Bugey en toile de fond

Reste que les élus locaux et associations écologistes ne sont pas les seuls à s’interroger sur les conséquences environnementales de Rhônergia. En juillet, dans une délibération présentée par l’exécutif écologiste de la Métropole de Lyon, la collectivité interrogeait « l’efficience d’un tel projet au regard de ses impacts environnementaux en matière de continuités écologiques et au niveau hydrologique ».

Questionnée sur d’éventuelles conséquences pour la centrale nucléaire du Bugey, située à quelques kilomètres en amont, la CNR a reconnu que des études devaient encore être menées avec EDF sur la compatibilité de l’ouvrage avec les deux futurs réacteurs EPR2, promis en juillet par le gouvernement.


#écologie

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