L’image est saisissante. Et symbolique. Peu avant 21 heures, des policiers nationaux ferment les grandes portes d’entrée de la mairie d’Oullins. Face à eux, les opposants au projet de fusion avec Pierre-Bénite tentent encore de faire entendre leurs voix.
Ils viennent d’être évacués d’un conseil municipal qui a fini par valider, à la majorité, le rassemblement des deux villes en une seule, autour de 22 heures.
Comme le prévoit le code général des collectivités territoriales, la maire (LR) d’Oullins, Clotilde Pouzergue, a demandé le huis-clos pour la séance, face aux multiples protestations des opposants à la fusion, venus en nombre à grand renfort de pancartes et de sifflets.
Après deux interruptions, la séance a été levée dans une certaine confusion, avant que les policiers municipaux, aidés de leurs homologues nationaux, n’évacuent entièrement les lieux. Auparavant, vers 18 heures, les 150 manifestants avaient prévu un comité d’accueil, en installant des bougies et un cercueil au nom d’Oullins sur le parvis de l’hôtel de ville.
Fusion Oullins/Pierre-Bénite : les opposants dénoncent un « 49-3 municipal »
Il était décidément dit que le dialogue serait impossible dans ce dossier épineux qui a froissé les oppositions municipales, les habitants… et la Métropole. A la mi-octobre, Bruno Bernard, le président (EELV) de la collectivité, avait appelé les maires (LR) d’Oullins et Pierre-Bénite, Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge, à faire machine arrière.
De débat serein, il n’y aura donc pas eu. Ce conseil municipal historique pour l’avenir d’Oullins s’est tenu sans public, sans presse… et sans élu national. Venu en simple observateur, le député de la 12e circonscription du Rhône Cyrille Isaac-Sibille (Modem) a lui aussi été contraint de quitter les lieux, retardant d’autant plus les débats.
Un peu plus tôt, alors que personne ne semblait vouloir quitter la mairie, de nombreux habitants d’Oullins ont fait part de leur tristesse et exprimé leur rejet d’un « déni de démocratie » et d’un « 49-3 municipal », en référence au texte qui permet au gouvernement de promulguer une loi sans vote du Parlement.
« Je regrette que l’opposition ait fomenté ces troubles »
Dans un communiqué envoyé à la presse à l’issue du conseil municipal, la maire d’Oullins s’est réjouie du vote, saluant une « date historique ». Mais l’édile a regretté que l’opposition « ait fomenté ces troubles qui ne font pas honneur à notre démocratie ». A Pierre-Bénite, la fusion a également été approuvée par le conseil municipal.
Annoncé bilatéralement en février dernier par Clotilde Pouzergue et Jérôme Moroge, la fusion des deux communes n’a fait l’objet d’aucune consultation de la population. Une concertation organisée par l’opposition avait réuni 97% de vote « contre », à Oullins, en octobre.
« De toute façon, la maire doit démissionner, autant le faire maintenant » s’est amusée une manifestante peu avant l’évacuation, pancarte « Je suis Oullins » en main. Si la nouvelle commune voyait le jour, c’est en effet le maire de Pierre-Bénite, Jérôme Moroge, qui en prendrait la tête.
Mais le chemin semble encore long. Sous réserve que les oppositions ne déposent aucun recours, la fusion doit encore être validée par la préfecture. Si tout se passait comme prévu, la commune nouvelle d’Oullins-Pierre-Bénite et ses 37500 habitants devrait voir le jour le 1er janvier 2024. Si tout se passait comme prévu…
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