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Enquête ouverte après des incendies sur le chantier du Lyon-Turin

Des incendies ont ravagé cinq engins de chantier du projet Lyon-Turin samedi 29 juillet. Si la société TELT, chargé des travaux, condamne un « acte de malveillance », il est encore impossible de savoir si les feux sont le fruit d’un accident ou d’un acte volontaire.

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PARIS-LYON-TURIN-MILAN CC Stefano Bertolotti / Flickr

Turin a été la proie d’incendies samedi 29 juillet au soir, à Modane, en Savoie. Une enquête a été ouverte pour déterminer la cause des départs de feu.

Des volutes épaisses de fumée et des flammes qui rongent cinq engins de travaux publics. C’est l’image qui a circulé ce week-end du projet de construction du chemin de fer Lyon-Turin. En pleine nuit, ce samedi 29 juillet, une quinzaine de pompiers sont intervenus à Modane, au niveau de l’entrée du chantier de contournement pour éteindre les incendies. Leur origine n’est pas encore identifiée même si, selon les informations de France Bleu Pays de Savoie, il s’agirait d’un « acte volontaire ».

Des soupçons à l’égard des opposants au projet Lyon-Turin

Sans les nommer, les partisans du projet ont profité de l’occasion pour attaquer les opposants au tunnel. En effet, depuis son lancement, il y a environ trente ans, le chantier du Lyon-Turin, un tunnel de 57,5 km qui doit traverser les Alpes par Saint-Jean-de-Maurienne et Suse, est au cœur de controverses multiples. Côté pile, il est vendu comme un projet écologique qui « permettra de délester les routes alpines d’un million de poids lourds et de réduire chaque année les émissions de gaz à effet de serre d’environ un million de tonnes d’équivalent CO2 », par la société franco-italienne TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), chargée de chapeauter le chantier. Côté face, il est très décrié par certains habitant·es de la vallée, le mouvement italien des « No-TAV » (Treno alta velocita en Italien) et de nombreux collectifs écologistes.

Ces derniers dénoncent, entre autres, l’artificialisation de plus de 1500 hectares de terres agricoles et la menace que représente « le drainage d’un volume d’eau considérable », peut-on lire sur le blog des Soulèvements de la terre, collectif écologiste dissous en juin dernier. Selon eux, les impacts du tunnel seraient les suivants : des modifications sur le stockage et le mouvement des eaux souterraines, une réduction du débit des sources et des cours d’eau en surface ainsi que des changements radicaux de la répartition entre eaux de surface et souterraines.

Les militant·es écologistes se sont mobilisé·es plusieurs fois contre le Lyon-Turin. La dernière manifestation remonte au week-end du 17 juin, lorsque 3000 à 5000 manifestants avaient occupé l’autoroute A43 à l’appel d’une dizaine d’organisations, dont les Soulèvements de la Terre. Coupé par un large périmètre d’interdiction de manifester mis en place par la préfecture, la manifestation avait été (très) rapidement stoppée par les forces de l’ordre.

Enquête en cours sur la cause des incendies

Pour l’instant, il serait hâtif de conclure que les incendies de ce week-end résultent d’un acte volontaire. Une enquête a été ouverte par le parquet d’Albertville et confiée à la Brigade de recherches de la gendarmerie de Saint-Jean-de-Maurienne et à celle de Chambéry.

Les feux ont eu lieu à un moment clef pour l’avancée du chantier : ce lundi des travaux de percement d’un tunnel de 200 mètres de long, sous la roche, devaient commencer. Ils ont finalement été mis à l’arrêt.

Dans la foulée des événements, la société TELT s’est empressée de réagir, sans attendre les résultats de l’enquête, sur X (anciennement Twitter) :

« TELT condamne fermement les dégradations commises cette nuit sur le chantier du tunnel ferroviaire du #LyonTurin. Cet acte de malveillance non revendiqué visait les outils de travail des hommes et des femmes qui opèrent sur ce chantier. TELT et les entreprises œuvrant sur ce chantier apporteront tout leur concours à l’enquête de Gendarmerie et engageront les actions judiciaires nécessaires. »

Pour l’heure, les investigations n’ont pas abouti à un quelconque résultat. À noter que ces actes de dégradations sont rares côté français. Depuis le lancement du projet, en 1991, des actions plus radicales ont lieu côté italien. Un écrivain italien, Erri De Luca, avait même comparu devant la justice pour avoir clairement évoqué des actes de sabotage contre ce projet. Cependant, avant la mobilisation des Soulèvements de la terre, le tunnel semblait attirer moins l’attention des opposants côté français.


#Lyon-Turin

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