Début 2023, la direction départementale de la protection des populations (DDPP) a réalisé une étude portant sur les œufs des poulaillers domestiques de quatre communes : Pierre-Bénite, Oullins, Saint-Genis-Laval et Irigny. Le but était d’évaluer la contamination en PFAS, ces composés chimiques qualifiés de « polluants éternels » rejetés par l’usine chimique Arkema. Sur les 32 échantillons prélevés dans les poulaillers domestiques, 28 dépassaient la norme européenne sur les denrées commercialisables.
PFAS : 34 échantillons sur 40 non-conformes prélevés autour de Lyon
Pour cette seconde étude, dont les résultats ont été publiés lundi 10 juillet, la DDPP a étendu l’analyse à 12 communes de l’agglomération lyonnaise : Lyon 7e et 8e, Brignais, Chaponost, Charly, Feyzin, Francheville, La Mulatière, Saint Fons, Sainte-Foy-lès-Lyon, Solaize, Vernaison et Vourles. Résultat : sur les 40 échantillons prélevés dans les poulaillers domestiques, 34 sont non-conformes à la dose de PFAS réglementée par la norme européenne, soit 85% d’entre eux.
Les valeurs les plus élevées atteignent jusqu’à six fois la norme. Toutes les communes présentent au moins un échantillon non-conforme. Les échantillons d’œufs ayant les taux les plus élevés ont été relevés à proximité de la plateforme industrielle de Pierre-Bénite. Quand les échantillons en sont éloignés, la proximité de l’usine n’est plus aussi déterminante dans l’analyse. Ainsi, des œufs issus de poulaillers proches les uns des autres peuvent présenter des taux de PFAS très différents. Les œufs des élevages professionnels, quant à eux, ne dépassent pas les taux réglementaires.
La préfecture recommande toujours aux habitant·e·s des 16 communes concernées, où ont eu lieu les deux premières analyses, de ne pas consommer les œufs de poulaillers domestiques. La consigne a été étendue au 2e arrondissement de Lyon, par prévention.
PFAS : une troisième analyse prévue en septembre
La préfecture prévoit une troisième campagne d’analyses des œufs de poulaillers domestiques, en septembre. Les prélèvements seront effectués sur les axes Nord-Sud et Est-Ouest de part et d’autre du site d’Arkema. L’objectif ? Comparer les résultats des territoires urbains, péri-urbains et ruraux. Depuis le début de l’année 2023, la préfecture et l’État ont fini par prendre au sérieux la pollution aux perfluorés rejetés par l’usine chimique. En mai 2022, après les révélations du journaliste de Vert de Rage, Martin Boudot, les services de l’État et les collectivités ont tenté de rassurer la population. Au cours de plusieurs réunions publiques, il a été de bon ton de relativiser les informations issues de ce documentaire. Un discours qui a bien changé depuis les résultats des premières analyses d’œufs.
Fin octobre 2022, l’Agence régionale de santé (ARS) a préconisé de ne plus manger de poissons issus de la pêche en aval de Pierre-Bénite. Les services de l’État ont également demandé à l’usine de cesser l’utilisation de toutes les substances de PFAS d’ici le 31 décembre 2024 au plus tard. Une première mesure jugée bien timide, même si l’usine doit rapidement baisser sa pollution en la matière. En juin dernier, des associations comme Notre affaire à tous et des syndicats ont déposé un référé devant le procureur pour que l’usine Arkema réalise des analyses sur le sang et le lait maternel des habitant·e·s. Ils demandent à ce que soit appliqué le principe du pollueur-payeur.
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