Fini le tarif unique à 20 euros par mois pour stationner dans la rue à Lyon. La Ville, menée par une majorité écologiste, changera ses tarifs de stationnement début 2024. Un tarif progressif sera mis en place et s’appuiera sur deux points : un aspect solidaire, pour les ménages les plus modestes, et un aspect pénalisant pour les véhicules les plus lourds et polluants. Une mesure annoncée par communiqué, précédemment présentée mercredi 17 mai dans une interview au Progrès.
Cette décision s’inscrit dans la continuité de la politique menée jusqu’alors par les écologistes à la tête de la Métropole et de la Ville, qui vise à réduire l’emprise de la voiture dans le cœur de l’agglomération lyonnaise. Leur objectif est de réduire la pollution de l’air liée à ces véhicules.
À la Métropole, la majorité écologiste a mis en œuvre une Zone à faible émissions (ZFE) plus contraignante que les obligations nationales. Le conseil municipal de Lyon a lui aussi voté la fin de l’attribution d’une deuxième vignette « résident » dans un même foyer, mesure applicable aussi en 2023.
À Lyon, un tarif de stationnement majoré à 45 euros pour les véhicules les plus gros
La nouvelle tarification pour les résident·es sera répartie en trois tanches : 15 euros, 30 euros et 45 euros. Un tarif progressif similaire sera appliqué pour les visiteurs. Les critères pour chaque tranche de tarification seront les suivants :
- Les familles nombreuses (avec plus de trois enfants), les foyers modestes, les véhicules électriques et les véhicules thermiques de moins de 1000 kg bénéficieront du tarif de 15 euros. Selon la Ville de Lyon, cela représente 60% des foyers lyonnais, mais les plafonds de revenus n’ont pas été spécifiés.
- Les véhicules thermiques de 1000 à 1725 kg, ainsi que les hybrides rechargeables allant jusqu’à 1900 kg s’acquitteront de 30 euros par mois, tarif dit « standard».
- Enfin, les propriétaires de véhicules thermiques de plus de 1725 kg, d’hybrides rechargeables de plus de 1900 kg et de véhicules « crit’air verte » de plus de 2200 kg verront leur tarif majoré à 45 euros.
En somme, les deux dernières tranches concernent les fameux SUV (de l’anglais sport utility vehicle), ces véhicules imposants caractérisés entre autres par leur lourdeur.
« Face aux enjeux d’encombrement de l’espace public et d’urgence climatique, le constat est celui d’un alourdissement et d’un agrandissement des véhicules motorisés, justifie Valentin Lugenstrass, adjoint au maire délégué aux Mobilités et à l’Espace public. Prendre en compte le poids des véhicules, en plus de la motorisation, pour la politique du stationnement permettra de créer une tarification plus juste pour notre espace public lyonnais. »
En parallèle, la Ville annonce aussi la mise en place de nouvelles tarifications pour les professionnel·les, dont les tarifs ne sont pas encore connus. Trois types de métier pourront bénéficier d’un tarif annuel, et même d’un tarif préférentiel si leur véhicule est électrique : les « dépannages urgents », les « Pro chantier » et les « Pro artisan-commerçants ». Le tarif applicable aux professionnel·les de santé sera aussi élargi à plus de professions.
Tarifs pénalisants pour les voitures polluantes : des réactions polarisées à Lyon
Comme nombre de décisions politiques des écologistes, lorsqu’elles touchent à la voiture et aux mobilités, ce changement de politique de stationnement a fait réagir dans les deux champs du spectre politique.
Pierre Oliver, maire LR du 2e arrondissement de Lyon, à la tête de l’opposition de droite au conseil municipal, s’est vertement opposé à cette mesure. « On retrouve là le discours anti capitaliste des écologistes », a-t-il pesté auprès du Progrès, dénonçant une « mesure injuste ». Il rapproche cette mesure de la suppression de la deuxième vignette « résident » pour les foyers.
« Cette nouvelle mesure vise à faire fuir les familles de Lyon et elle va continuer à accentuer la fermeture des classes », a-t-il prédit.
Dans un communiqué envoyé dans la foulée, l’élu de l’opposition a fustigé « des annonces aux contours encore bien flous », notamment concernant les critères pour entrer dans une des trois tranches et la liste des professionnel·les concerné·es.
Au contraire, du côté de « La Rue est à nous 69 », on se réjouit. Cette coalition rassemble des associations qui souhaitent une meilleure qualité de l’air dans la métropole de Lyon, aux valeurs proches de la majorité écologiste actuellement à la tête de la Ville.
« Victoire pour la qualité de l’air et la justice sociale, s’est fendue la coalition sur Twitter. Depuis 2 ans, nous demandons l’application du principe pollueur payeur sur le stationnement. La mise en place d’un tarif « SUV » – qui polluent davantage et colonisent l’espace – est une très bonne mesure dans ce sens »
Avec cette décision, Lyon devient la première métropole française à pénaliser les voitures les plus lourdes et polluantes dans ses critères de stationnement. Mais l’idée germe aussi ailleurs, à Paris ou à Bordeaux. Le maire de Grenoble, Éric Piolle, ne cachait pas son envie de mettre en place cette mesure, mais en pointait les difficultés techniques. Reste à savoir comment elle sera concrètement mise en application à Lyon.
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