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Pour la Ville de Lyon, c’est à « Ligne 37 » d’apaiser la Guillotière

Lors du conseil municipal du 11 mai, une délibération portant sur le réaménagement urbain de la Guillotière, dans le centre-ville de Lyon, a suscité de vives critiques de la part de l’opposition. En retour, la Ville de Lyon a sorti son joker : Ligne 37.

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jeunes migrants en errance Guillotière place Gabriel Péri Lyon

Comme souvent, la Guillotière, quartier populaire du 7e arrondissement de Lyon, a cristallisé les tensions lors de ce conseil municipal du 11 mai. Les élus de l’opposition n’ont pas été tendres avec les nouveaux aménagements proposés par la Ville de Lyon, taxés de « mesures superficielles ».

La municipalité, elle, semble miser beaucoup sur le volet social de son projet, notamment le nouveau dispositif Ligne 37 (prononcer 3-7), lancé en octobre 2022.

À la Guillotière, les actions de la Ville de Lyon se font attendre

La délibération dont il était question lors de ce conseil municipal portait en particulier sur l’attribution de 1,5 millions d’euros pour le réaménagement urbain de la place Gabriel-Péri, et le lancement de nouvelles études sur le sujet.

Simplification des traversées piétonnes en élargissant les trottoirs notamment, végétalisation, création d’un petit square devant la Poste, édification d’une nouvelle piste cyclable (la voie lyonnaise numéro 12) : les projets de la Ville sont nombreux mais peinent à satisfaire l’opposition, qui considère que la priorité du quartier ne se trouve pas là. Ils et elles attaquent encore l’exécutif écologiste sur le plan de la sécurité.

David Kimelfeld, du groupe Progressistes et Républicains, est vite monté au créneau, reprochant à l’exécutif écologiste ses « tergiversations » sur le dossier Guillotière. « Ce qui dicte votre action tient plus de l’urgence à construire les voies lyonnaises qu’à apaiser le quartier », a grincé l’ex-président de la Métropole de Lyon.

Fin janvier, la Métropole et la Ville de Lyon annonçaient un investissement de plus de 10 millions d’euros pour le quartier de la Guillotière d’ici 2026.

« On se demande à quoi serviront les trois prochaines années, a cinglé à son tour Charles-Franck Lévy, du groupe Pour Lyon. On n’agit pas tout de suite, mais on communique beaucoup ! »

Et de rappeler que le quartier de la Guillotière ne se résume pas à la place Gabriel-Péri, mais englobe également la place Mazagran, qui fait actuellement l’objet d’un réaménagement de l’aire de jeux et de ses abords.

Des mesures jugées insuffisantes par Béatrice De Montille, du groupe Droite, centre et indépendants, qui ne jure que par la présence policière. « Si la situation s’est améliorée place Péri, c’est bien parce que l’État a mis plus de bleus dans le quartier ! » a-t-elle affirmé.

Ligne 37, le joker de la Ville de Lyon pour la Guillotière

Une réponse aux antipodes de celle choisie par la Ville de Lyon pour « apaiser » la Guillotière. Du côté de la municipalité, si on salue la présence des forces de l’ordre, on mise sur la « prévention situationnelle » et surtout sur l’accompagnement social. Sur le sujet, l’exécutif a sorti sa meilleure carte – et la seule – à savoir « Ligne 37 », ce nouveau dispositif social lancé en octobre 2022.

« Ligne 37 est à pied d’œuvre de 8h à 21h, et va bientôt disposer d’un local, a ainsi assuré Fanny Dubot, du groupe écologiste et également maire du 7e arrondissement de Lyon. Pour la place Mazagran , nous avons la même approche que pour Péri : une présence policière renforcée et deux caméras de surveillance, et Ligne 37 est présente aussi. »

Charge donc à Ligne 37 d’apaiser la Guillotière. Ce dispositif inédit est porté par l’association lyonnaise Le Mas, et financé conjointement par l’ARS, l’État, la Métropole et la Ville de Lyon. L’équipe est composée de deux travailleurs sociaux des associations Alynéa et Capso, d’éducateurs dont un de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), d’une infirmière, d’un psychologue, d’un médecin et d’un médiateur santé pair. Son rôle délicat est de prendre en charge les jeunes migrants qui errent à la Guillotière.

La place Gabriel-Péri est souvent ciblée pour les problèmes de sécurité.Photo : PL/Rue89Lyon.

Des jeunes à la rue et addicts aux médicaments qui errent à la Guillotière

Nombre de ces jeunes sont des adolescents non reconnus mineurs par la Métropole de Lyon ou des jeunes adultes en provenance de pays du Maghreb. Sans solution d’hébergement ni de travail, ils échouent souvent à la Guillotière et cumulent des problématiques de précarité, d’addiction, de santé mentale et diverses pathologies physiques.

Beaucoup sont addicts aux médicaments, notamment les benzodiazépines et la prégabaline. Ils poursuivent ou commencent la pratique dite du « Karkoubi », bien connue au Maghreb depuis le début des années 2000, qui consiste à ingérer un mélange de médicaments anti-épileptiques et anxiolytiques. Un cocktail dangereux, aux graves effets secondaires et à la très forte dépendance. À haute dose, les jeunes peuvent notamment avoir des hallucinations, devenir paranoïaques et se mettre en danger.

C’est un chantier d’ampleur dans lequel s’est engagée la petite équipe de Ligne 37, sans local pour le moment. Lancé en octobre 2022, le dispositif doit s’étendre jusqu’en octobre 2023. Plus que six mois, donc, pour convaincre l’opposition.


#La Guillotière

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