(Villeurbanne).
Alors que la réforme des retraites est passée en force à l’Assemblée nationale, la colère ne semble pas retomber face à cette loi plus qu’impopulaire.
La tension monte à Lyon, à la veille de la vérification de la conformité de la loi avec la Constitution par le Conseil constitutionnel, une des dernières étapes de l’adoption définitive du projet de loi. L’intersyndicale continue d’appeler le président de la République, Emmanuel Macron, à retirer cette réforme, ou au moins, la mettre en pause.
Des blocages surprises contre la réforme des retraites autour de Lyon
Alors qu’aucun blocage n’était annoncé, la raffinerie de Feyzin était bloquée un peu moins d’une heure aux alentours de 7 heures, avant que les forces de l’ordre ne viennent déloger les grévistes.
La Confédération paysanne était sur l’A89 ce matin, près de Tarare. Ils ont bloqué momentanément l’autoroute aux environs de 8 heures du matin. D’autres blocages ont été observés à Villefranche-sur-Saône.
À noter que les établissements scolaires de la région (écoles, collèges, lycées et universités) n’ont pas pu se mettre en grève ou être bloqués car la zone A (académie de Lyon) est en vacances.
Un nouveau parcours pour la manifestation contre la réforme des retraites à Lyon
Pour la manifestation du jeudi 13 avril, le tracé était à nouveau différent des précédentes manifestations, puisque le cortège est parti de la place Maréchal Lyautey (6e) à Charpennes, en passant par les quais de Serbie et le Boulevard des Belges. Pas question de s’approcher de la Presqu’île donc.
Jeudi 6 avril déjà, l’intersyndicale avait opté pour un parcours différent des manifestations précédentes qui empruntaient le traditionnel trajet de la Manufacture des Tabac (Lyon 8è) à Bellecour. Le point de départ avait été donné à la place Jean-Macé (Lyon 7è) et l’arrivée sur la place Lyautey (Lyon 6è). D’après les syndiqués interrogés, l’objectif était d’éviter les tensions à l’entrée de la rue de la Barre, à la sortie du pont de la Guillotière.
Cependant, le nouveau tracé du 6 avril n’a pas permis au reste du cortège d’échapper aux charges et gazages. La CGT a même dénoncé des violences policières sur le service d’ordre de l’intersyndicale.
La préfecture exile la manifestation contre la réforme des retraites de Lyon
Le tracé du 6 avril aurait été, cette fois-ci, poussé par la préfecture. Ivan Bouchier, préfet délégué pour la défense et la sécurité s’est exprimé dans les colonnes de France 3, et a justifié ce changement par des « impossibilités en raison des dégradations qui sont susceptibles d’être faites sur des magasins de l’avenue de Saxe ou Garibaldi ».
Lors de la précédente journée de mobilisation contre la réforme des retraites, le 6 avril, 32 000 personnes ont battu le pavé à Lyon, selon l’intersyndicale, et 13 000 selon la police. Celle du 13 avril a totalisé 22 000 manifestants selon les syndicats, 9 900 selon la préfecture. Une baisse que l’ont peut imputer à la période des vacances scolaires.
>> L’équipe de Rue89Lyon se mobilise pour suivre la manifestation en direct.
Bonjour à tous et toutes, et bienvenue dans ce direct !
Un journaliste de Rue89Lyon sera sur le terrain cette après-midi pour suivre la 12e manifestation intersyndicale lyonnaise contre la réforme des retraites.
Il est 13h30 passées, heure de rendez-vous donné aux manifestants à la place Lyautey (Lyon 6è). La place se remplit doucement et le cortège doit s’élancer d’ici peu.
Les forces de l’ordre fouillent les personnes arrivant à la manifestation par métro, à l’arrêt Foch. Les retardataires continuent d’affluer tandis que le cortège s’élance en direction de Charpennes. D’après notre journaliste, plusieurs manifestants ont déclaré ignorer où s’achevait la manifestation.
Sarah a 35 ans. Aide-soignante au bloc opératoire, elle se mobilise contre la réforme des retraites depuis le 19 janvier, jour de la première manifestation. En dépit de la perte d’argent représentée par toutes ces journées de grève, elle tient bon :
« Le moral est toujours bon quand on voit du monde. Même si ça use, on se demande quand ils [le gouvernement ndlr] vont enfin nous entendre. »
Pour Sarah, c’est en faisant « souffrir le patronat » que la lutte est gagnable. Elle déclare aussi soutenir les manifestations sauvages mais ne s’y rend pas personnellement.
Magali est hypnothérapeute. Jusqu’à l’usage du 49-3 par le gouvernement, elle ne s’était pas mobilisée :
« C’est compliqué de se mobiliser car je suis en libéral. Mais quand ils sont passés en force, comme ça, je ne pouvais pas ne rien faire. On ne peut pas passer en force sur quelque chose d’aussi important. »
Le frère de Magali s’est fait gazer à Paris, son récit l’a inquiétée mais cela ne l’empêche pas de revenir en manifestation :
« Emmanuel Macron peut toujours réprimer les manifestations, il ne réprimera pas la pensée. Le karma n’oublie rien et tout se paie. »
Nelly a 24 ans, elle s’est rendue à presque toutes les manifestations. Étudiante à l’ENM de Villeurbanne (École nationale de musique), elle insiste sur la nécessité de se battre « pour notre démocratie ». Comme tous et toutes les manifestant·es rencontré·es, Nelly est un peu perdue quant au tracé emprunté pour cette manifestation. Elle interroge notre journaliste : « C’est quoi le parcours ? »
Alors que la queue de la manifestation quitte la place Lyautey, à l’avant, le service d’ordre du syndicat est proche du cortège de tête. Pour l’instant, pas de banderole et pas de black bloc constitué.
Plusieurs panneaux JC Decaux y étaient déjà passés, c’est au tour des arrêts de bus du C1, à proximité du boulevard des Belges. Le cortège est à l’arrêt tandis que le speaker de la CGT s’égosille : « avançons, avançons ! »
« On va continuer à marcher, à protester, jusqu’au moment où on sera entendus ! », tempête Pascal, éducateur spécialisé de 64 ans. Il condamne l’absence totale de possibilité de dialogue avec le gouvernement « et les violences policières aussi ! ».
En bon fan de Bernard Friot, il essaie de prendre du recul sur ce qu’il observe autour de lui :
« J’ai des amis qui virent FN [ancien nom du Rassemblement national ndlr] à cause de toute cette frustration. Évidemment, ce n’est pas la solution. »
Il se fend même d’un brin d’ironie :
« Je suis généreux, je dis qu’il peut la prendre maintenant sa retraite Emmanuel Macron, à 45 ans. »
Des premiers gaz lacrymogènes ont été lancés sur le Boulevard des Belges. Des entrées d’immeubles ont été cassées, du mobilier extérieur de propriétés privées aussi. Les forces de l’ordre ont lancé une charge importante qui a dissout le cortège de tête.
Un journaliste d’Actu Lyon a été blessé lors d’une intervention policière, il a notamment pris un coup de matraque à la tête et est tombé au sol. Il est resté conscient et a été confié aux pompiers.
Alors que le service d’ordre des syndicats s’est resserré et que le cortège de tête s’est reformé, des badauds et quelques touristes observent la manifestation depuis le parc de la Tête d’Or, derrière ses grilles résolument fermées.
Un canon à eau été placé dans la continuité du boulevard des Belges. Il n’a pas été utilisé, en revanche, de nombreux gaz lacrymo ont été lancés sur les manifestants à l’intersection du cour Vitton alors que le bloc lançait des tirs de mortier.
Des manifestants ont attaqué la vitrine de l’Implid, une boîte de conseil pour les entreprises. La police a envoyé des gaz lacrymogènes qui ont à nouveau stoppé l’avancée du cortège.
Aux fenêtres et aux balcons, certains habitants lancent des seaux d’eau sur les manifestants. Le cortège arrive à Charpennes, les forces de l’ordre sont à dix mètres des premiers manifestants.
Le cortège arrive à Charpennes tandis que la CGT entonne l’Internationale. La place se remplit mais des tirs de gaz lacrymogènes coupent la continuité du cortège.
L’arrivée de la manifestation ne se passe décidément pas dans la quiétude. Les forces de l’ordre ont envoyé de nombreux gaz lacrymogènes sur les manifestants, alors qu’un groupe s’est approché du Mc Donald’s.
La CGT annonce 22 000 manifestants au micro, et enchaîne sur « on est chez nous à Villeurbanne » pour motiver ceux qui ont déserté la place à revenir.
La place est ratissée par les gaz lacrymogènes qui sont portés par le vent. Au milieu de la cohue, Frédéric Leschiera, syndiqué à Solidaires n’est pas très joyeux.
Il déclare se sentir moins contraint et violenté par le tracé de cette manifestation que par les stratégies du maintien de l’ordre :
« On a affaire à des membres de la BAC [Brigade anticriminalité, ndlr], on est traités comme des criminels. Tout ce nouvel armement, avec par exemple des lanceurs de balles défigurantes, m’accable. »
Alors que les forces de l’ordre ont repositionné leur canon à eau sur la place Charles Hernu, les tirs de gaz lacrymogènes se sont espacés. Le cortège n’en finit pas d’arriver, et le camion de la CFDT -qui ferme traditionnellement la marche- n’est toujours pas visible de la place.
La préfecture annonce quant à elle 9900 participants. Elle dénombre aussi 3 interpellations, 3 blessés pris en charge par les sapeurs pompiers côté manifestant, 1 journaliste blessé et 12 blessés côté forces de l’ordre.
La CFDT vient d’arriver sur la place, dans une atmosphère plutôt calme. C’est la fin de ce live, merci à tous et toutes de l’avoir suivi !
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