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Prostitution à Lyon : les oppositions demandent le retour des arrêtés anti-camionnettes

Le conseil municipal de Lyon a voté une subvention de 35 000 euros à Cabiria, qui agit pour les personnes en situation de prostitution.

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Des camionnettes de prostituées à Gerland

Depuis début novembre 2022, une pétition contre la présence de prostituées à côté de la plaine des jeux à Gerland (Lyon 7e) tourne sur les réseaux. L’attention médiatique s’est de nouveau focalisé sur les prostituées exerçant en camionnette à Lyon. La précédente majorité, dirigée par Gérard Collomb, réglait ce genre de conflits d’usage à coup d’arrêtés anti-stationnement, qui repoussaient les prostituées et leurs camionnettes hors de la ville.

La majorité écologiste, en place depuis 2020, tente une autre approche, celle de l’accompagnement plutôt que la répression. Une subvention de 35 000 euros a été votée en conseil municipal ce jeudi 15 décembre, pour l’association Cabiria. Cette association de santé communautaire, travaille avec et pour les prostitué·es.

Les camionnettes de prostituées se situent à côté du port Edouard-Herriot de Lyon, à Gerland. Crédit : PL/Rue89Lyon.

Prostitution à Lyon : une nouvelle subvention

Cette subvention est accordée pour financer deux actions. La première, le renforcement des maraudes dans le secteur de la plaine des jeux de Gerland, et la mise en place de médiation entre les prostituées, les riverains et les usagers. Le deuxième volet « vise à accompagner les personnes prostituées qui changent ou diversifient leur mode d’exercice, passant de la rue à internet », par la mise en place de maraudes numériques et d’une permanence téléphonique.

Fin septembre, une association pour l’abolition de la prostitution, l’Amicale du Nid, avait déjà reçu des fonds de la mairie de Lyon. 35 000 euros ont été alloués à l’accueil de jour ainsi qu’à l’ouverture de logements pour aider certaines femmes à sortir de la prostitution.

En juillet, le conseil municipal a aussi acté la construction d’une enceinte plus robuste rue Jean-Bouin, pour un montant de 850 000 euros. « Elle vise à occulter les camionnettes à hauteur d’enfant », précise Sandrine Runel, adjointe au maire aux Solidarités.

Tous les groupes du conseil municipal ont voté en faveur de la subvention accordée à Cabiria. Aucun vote contre n’a été enregistré. Malgré tout, la subvention a fait l’objet de débats sur la meilleure façon de résoudre la situation à Gerland. Ces échanges sont révélateurs de la manière dont chaque groupe politique perçoit les personnes prostituées, leurs conditions de travail et les réponses politiques à donner.

Sur la prostitution, les oppositions demandent le retour des arrêtés anti-camionnettes à Lyon

Le groupe Pour Lyon (centre), par la voix de Delphine Borbon, a demandé « un état des lieux de la prostitution à Lyon » et la mise en place d’arrêtés anti-stationnement. Pour parler des personnes prostituées, elle utilise le terme « travailleuses du sexe », souvent utilisé par les associations et militantes qui les considèrent comme des travailleuses avant d’être des victimes. Mais l’élue précise : « Les travailleuses et travailleurs du sexe sont souvent exploité·es, ne l’oublions pas ! »

Du côté des Progressistes et Républicains, Béatrice Gailliout demande aussi le déménagement des camionnettes vers un lieu « où les victimes de la prostitution pourront être en sécurité, sans faire courir de risque à nos enfants. »

Au sein même de la majorité écologiste et de gauche, la question n’est pas vraiment tranchée. Écologistes et socialistes, au national comme au local, n’ont pas tout à fait le même vocabulaire ni la même ligne politique sur le sujet. David Souvestre (Lyon en commun), chargé de s’exprimer pour les socialistes, les écologistes et Lyon en commun, tente de concilier :

« La prostitution a de nombreux visages avec des femmes et des hommes aux parcours de vie différents : des migrants, des minorités sexuelles, des trans ou encore des travailleuses et travailleurs du sexe qui ont fait le choix d’exercer une activité sexuelle tarifée. »

Il fustige par la même occasion les demandes des groupes d’opposition, de faire appliquer des arrêtés anti-camionnettes.

« J’estime malhonnête intellectuellement de dire, dans une même intervention, que les prostitué.e.s sont des victimes qu’il faut protéger et de prôner la vertu d’un outil juridique qui les pénalise et les rend encore plus vulnérables. »


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