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Affaire Perdriau : la nouvelle victime s’appelle Laurent Wauquiez

Le 30 novembre, après douze jours de censure, Mediapart a pu publier ses dernières révélations au sujet des manigances du maire de Saint-Etienne. Après le chantage à la sextape visant son premier adjoint, Gaël Perdriau s’en est pris en 2017 au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.

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Laurent Wauquiez lors de la conférence de presse avant l'assemblée plénière du 9 février 2017 à l'Hotel de Région de Lyon. ©Léo Germain/Rue89Lyon

au sujet des manigances du maire de Saint-Etienne. Après le chantage à la sextape visant son premier adjoint, Gaël Perdriau s’en est pris en 2017 au président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez.

C’est un véritable scandale politique qui secoue la ville de Saint-Etienne depuis la fin de l’été 2022. En cause : un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire, Gilles Artigues. Ce père de famille, très investi dans la communauté catholique, a été filmé à son insu dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un escort boy. Cette vidéo a ensuite été utilisée pour faire pression sur lui. Un complot qui aurait été savamment orchestré par l’équipe du maire de Saint-Étienne.

Le 13 octobre 2022, nous avions fait une première chronologie de cette affaire. Ce 30 novembre, alors que Gaël Perdriau (ex-LR) est toujours en poste, nous vous proposons une mise à jour.

Pour cause : Mediapart a été autorisé par le tribunal judicaire de Paris à publier ses dernières révélations, censurées préalablement à la demande du maire de Saint-Etienne. Cette fois-ci, la victime de calomnies s’appelle Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Retour en détail sur cette affaire.

Le président de la Métropole de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, le 17 mai 2021.Photo : OM/Rue89Lyon

Mediapart révèle un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire de Saint-Étienne

À l’hiver 2014, Gilles Artigues, le premier adjoint au maire de Saint-Étienne, est filmé à son insu en compagnie d’un escort boy. Ce dernier a été recruté spécialement à cet effet par des collègues de Gilles Artigues, pour le faire chanter à l’aide de la vidéo de cette soirée.

Le 26 août 2022, Mediapart révèle les faits dans une enquête intitulée « Sexe, chantage et vidéo : l’odieux complot », publiée le 26 août. D’après le journal, c’est un élu municipal de la majorité, Samy Kéfi-Jérôme, devenu par la suite conseiller régional délégué et vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a installé la caméra dans la chambre d’hôtel.

Ouverture d’une enquête sur Gaël Perdriau et premières garde-à-vues à Lyon

29 août

Gilles Artigues porte plainte contre Gaël Perdriau pour « chantage aggravé ».

30 août

Dépaysement judiciaire oblige, c’est le parquet de Lyon qui ouvre une enquête préliminaire qui est confiée à la police judiciaire (PJ).

12 septembre

Depuis les révélations de Mediapart, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, répète en boucle qu’il n’était pas au courant de cet odieux complot visant son premier adjoint. Des enregistrements récupérés et publiés par Mediapart prouvent le contraire. Pire, les extraits audio diffusés le 12 septembre témoignent d’un véritable « chantage mafieux » orchestré directement par Gaël Perdriau en personne, épaulé par son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.

13 septembre

Gaël Perdriau ainsi que d’autres protagonistes de cette affaire sont placés en garde à vue pendant quelques heures. Il en ressort en fin d’après-midi, sans mise en examen et sans être soumis à un contrôle judicaire.

Alors qu’il est en garde à vue, Les Républicains explique dans un communiqué que « la fédération LR de la Loire a demandé ce jour l’exclusion Gaël Perdriau ».

Gaël Perdriau débranche deux de ses collaborateurs impliqués dans le chantage à Saint-Étienne

20 septembre

Le 20 septembre, dans la foulée de ces nouvelles révélations, le maire de Saint-Etienne démet Pierre Gauttieri de ses fonctions de directeur de cabinet. Le 23 septembre, c’est l’adjoint Samy Kéfi-Jérôme qui démissionne.

22 septembre

Après avoir fait sauter ces deux fusibles, Gaël Perdriau continue de se donner un peu d’air. Dans la soirée, le service presse commun Ville et Métropole fait parvenir deux communiqués.

Dans le premier, le « bureau exécutif de Saint-Etienne Métropole » annonce une réorganisation temporaire « le temps de l’instruction judiciaire » :

Les vice-présidents assurent les représentations extérieures de Saint-Étienne Métropole.

Les dossiers partenariaux [sont] délégués aux vice-présidents dans le cadre de leur délégation.

La prochaine séance du Conseil métropolitain du 29 septembre [sera] présidée par Hervé Reynaud, 1er vice-président.

Dans le second, il est annoncé que « Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole a proposé […] que les représentations municipales extérieures soient assurées par les adjoints en fonction de leurs délégations ».

Une petite phrase a été ajoutée pour tenter de montrer que la majorité soutient le maire (et surtout, ne veut pas déterrer la hache de guerre entre les différents groupes en cas de démission de Perdriau) :

« L’ensemble des élus souhaite exprimer aux Stéphanois leur volonté de poursuivre le travail engagé depuis 2014. »

Nouvelles révélations quelques heures avant un conseil municipal houleux à Saint-Étienne

26 septembre, 6h16

De nouvelles révélations viennent accabler Gaël Perdriau, de la part de France Info cette fois-ci. Le maire de Saint-Etienne est soupçonné de favoritisme : il n’aurait pas respecté la procédure d’appel d’offres pour choisir une entreprise chargée d’organiser des spectacles, dirigée par un couple d’amis dont il est proche.

26 septembre, 14h30

Le 26 septembre se tient le premier conseil municipal stéphanois depuis les révélations de Mediapart. Le conseil se déroule dans une ambiance particulièrement houleuse. Des élus de tous bords demandent avec insistance des explications à Gaël Perdriau tandis que celui-ci se cramponnent désespérément à l’ordre du jour. Campés devant l’hôtel de ville, plusieurs centaines de manifestants réclament sa démission.

Le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau, évincé des Républicains

11 et 13 octobre

Gaël Perdriau est toujours à son poste de maire de Saint-Etienne et de président de la Métropole. il continue à affirmer qu’il n’a rien à voir avec cette affaire de chantage. Le 11 octobre au soir, les Républicains ont voté à l’unanimité son exclusion définitive du parti, au terme de la procédure lancé le 13 septembre.

Deux jours plus tard, le maire de Saint-Etienne a annoncé sur les réseaux sociaux avoir porté plainte contre Éric Ciotti pour injures publiques et contre son désormais ancien parti pour diffamation.

Des nouvelles révélations censurées sur demande de Gaël Perdriau

21 novembre

Alors que l’affaire Perdriau semblait avoir perdue de son souffle médiatique, Mediapart s’apprêtait à divulguer de nouvelles informations sur le maire de Saint-Étienne. Ces révélations concerneraient « le recours à la rumeur comme instrument politique », à l’encontre de Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes

Mais le journal n’a pas pu publier son article car il a reçu un acte judiciaire, de la part du tribunal judiciaire de Paris, lui ordonnant de ne pas rendre publique son enquête. En résumé : il s’agit d’une censure préalable, demandée par le maire de Saint-Étienne par le biais de son avocat. Une décision judiciaire prise dans l’urgence, en quelques jours après que Mediapart ait contacté Gaël Perdriau pour une réaction.

« Mediapart n’était pas informé de cette procédure et l’ordonnance a été prise par un juge sans que notre journal n’ait pu défendre son travail et ses droits », affirme le pure-player, qui souhaite entamer des démarches pour faire annuler la censure.

30 novembre

Le tribunal judiciaire de Paris a mis fin à la censure visant Mediapart, qui a pu publier ses nouvelles révélations concernant Gaël Perdriau. Cette fois-ci, la victime s’appelle Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

D’après les informations de Mediapart, les enquêteurs de la police judiciaire de Lyon en charge de l’affaire ont déniché un enregistrement accablant d’une réunion de travail en date du 27 novembre 2017. On y entend le maire de Saint-Etienne menacer Gilles Artigues de diffuser des extraits de la sextape avec laquelle il le fait chanter depuis trois ans déjà, et lui reprocher de comploter dans son dos avec Laurent Wauquiez.

Gaël Perdriau affirme soudainement que Laurent Wauquiez « suce sur le parking des supermarchés des petits garçons ». Interrogé par Mediapart le 18 novembre, le maire de Saint-Etienne a reconnu des propos « grossiers et sans fondement ». Trois heures plus tard, il demandait la censure de l’article.

De son côté Laurent Wauquiez a annoncé son intention de porter plainte pour diffamation contre Gaël Perdriau.

Laurent Wauquiez lors de la conférence de presse avant l’assemblée plénière du 9 février 2017 à l’Hotel de Région de Lyon.Photo : Léo Germain/Rue89Lyon

Cet article est une mise à jour d’un article paru le 13 octobre 2022.


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Photo : EB/Rue89Lyon

Photo : DR

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