C’est un véritable scandale politique qui secoue la ville de Saint-Etienne, depuis la fin de l’été. En cause : un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire, Gilles Artigues. Ce père de famille, très investi dans la communauté catholique, a été filmé à son insu dans une chambre d’hôtel en compagnie d’un escort boy. Cette vidéo a ensuite été utilisée pour faire pression sur lui.
Ce complot aurait été savamment orchestré par le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau en personne, aidé de certains de ses collaborateurs.
A l’heure où nous écrivons ces lignes, le 13 octobre 2022, l’édile stéphanois est toujours en poste. Retour sur l’affaire Perdriau.
Mediapart révèle un chantage à la sextape visant le premier adjoint au maire de Saint-Etienne
Hiver 2014
Gilles Artigues, le premier adjoint au maire de Saint-Etienne, est filmé à son insu en compagnie d’un escort boy. Ce dernier a été recruté spécialement à cet effet par des collègues de Gilles Artigues, pour le faire chanter à l’aide de la vidéo de cette soirée.
26 août 2022
Mediapart révèle les faits dans une enquête intitulée « Sexe, chantage et vidéo : l’odieux complot », publiée le 26 août. D’après le journal, c’est un élu municipal de la majorité, Samy Kéfi-Jérôme, devenu par la suite conseiller régional délégué et vice-président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a installé la caméra dans la chambre d’hôtel.
Ouverture d’une enquête et premières garde-à-vues à Lyon
29 août
Gilles Artigues porte plainte contre Gaël Perdriau pour « chantage aggravé ».
30 août
Dépaysement judiciaire oblige, c’est le parquet de Lyon qui ouvre une enquête préliminaire qui est confiée à la police judiciaire (PJ).
12 septembre
Depuis les révélations de Mediapart, le maire de Saint-Etienne, Gaël Perdriau, répète en boucle qu’il n’était pas au courant de cet odieux complot visant son premier adjoint. Des enregistrements récupérés et publiés par Mediapart prouvent le contraire. Pire, les extraits audio diffusés le 12 septembre témoignent d’un véritable « chantage mafieux » orchestré directement par Gaël Perdriau en personne, épaulé par son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri.
13 septembre
Gaël Perdriau ainsi que d’autres protagonistes de cette affaire sont placés en garde à vue pendant quelques heures. Il en ressort en fin d’après-midi, sans mise en examen et sans être soumis à un contrôle judicaire.
Alors qu’il est en garde à vue, Les Républicains explique dans un communiqué que « la fédération LR de la Loire a demandé ce jour l’exclusion Gaël Perdriau ».
Gaël Perdriau débranche deux de ses collaborateurs impliqués dans le chantage
20 septembre
Le 20 septembre, dans la foulée de ces nouvelles révélations, le maire de Saint-Etienne démet Pierre Gauttieri de ses fonctions de directeur de cabinet. Le 23 septembre, c’est l’adjoint Samy Kéfi-Jérôme qui démissionne.
22 septembre
Après avoir fait sauter ces deux fusibles, Gaël Perdriau continue de se donner un peu d’air. Dans la soirée, le service presse commun Ville et Métropole fait parvenir deux communiqués.
Dans le premier, le « bureau exécutif de Saint-Etienne Métropole » annonce une réorganisation temporaire « le temps de l’instruction judiciaire » :
Les vice-présidents assurent les représentations extérieures de Saint-Étienne Métropole.
Les dossiers partenariaux [sont] délégués aux vice-présidents dans le cadre de leur délégation.
La prochaine séance du Conseil métropolitain du 29 septembre [sera] présidée par Hervé Reynaud, 1er vice-président.
Dans le second, il est annoncé que « Gaël Perdriau, maire de Saint-Etienne, président de Saint-Etienne Métropole a proposé […] que les représentations municipales extérieures soient assurées par les adjoints en fonction de leurs délégations ».
Une petite phrase a été ajoutée pour tenter de montrer que la majorité soutient le maire (et surtout, ne veut pas déterrer la hache de guerre entre les différents groupes en cas de démission de Perdriau) :
« L’ensemble des élus souhaite exprimer aux Stéphanois leur volonté de poursuivre le travail engagé depuis 2014. »
Nouvelles révélations quelques heures avant un conseil municipal houleux
26 septembre, 6h16
De nouvelles révélations viennent accabler Gaël Perdriau, de la part de France Info cette fois-ci. Le maire de Saint-Etienne est soupçonné de favoritisme : il n’aurait pas respecté la procédure d’appel d’offres pour choisir une entreprise chargée d’organiser des spectacles, dirigée par un couple d’amis dont il est proche.
26 septembre, 14h30
Le 26 septembre se tient le premier conseil municipal stéphanois depuis les révélations de Mediapart. Le conseil se déroule dans une ambiance particulièrement houleuse. Des élus de tous bords demandent avec insistance des explications à Gaël Perdriau tandis que celui-ci se cramponnent désespérément à l’ordre du jour. Campés devant l’hôtel de ville, plusieurs centaines de manifestants réclament sa démission.
Le maire de Saint-Etienne évincé des Républicains
11 et 13 octobre
Gaël Perdriau est toujours à son poste de maire de Saint-Etienne et de président de la Métropole. il continue à affirmer qu’il n’a rien à voir avec cette affaire de chantage. Le 11 octobre au soir, les Républicains ont voté à l’unanimité son exclusion définitive du parti, au terme de la procédure lancé le 13 septembre.
Deux jours plus tard, le maire de Saint-Etienne a annoncé sur les réseaux sociaux avoir porté plainte contre Éric Ciotti pour injures publiques et contre son désormais ancien parti pour diffamation.
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