Depuis début juillet, plusieurs dizaines de jeunes dorment sous des tentes, dans un square près de Hénon, dans le 4e arrondissement de Lyon. Pour la grande majorité originaires d’Afrique Sub-Saharienne, ils sont en recours devant le juge des enfants pour faire reconnaître leur minorité, car la Métropole de Lyon ne les a pas estimé mineurs.
À l’heure de l’arrivée de la pluie et de nouveaux jeunes, la Ville de Lyon a décidé d’ouvrir le gymnase Dargent (Lyon 8e) pour les prendre en charge. Ils seront accompagnés par l’association LAHSo, qui agit « pour l’inclusion sociale », au moins deux mois assure la Ville.
Jeunes migrants : la Ville de Lyon sort de ses compétences
La collectivité aura donc à sa charge 70 jeunes, mis à l’abri dans le gymnase. Une décision d’urgence, qui dépasse ses compétences, mais qui s’inscrit dans sa volonté politique affichée de « Zéro enfant à la rue ». Déjà en 2021, elle avait mis à disposition une trentaine de places dans un bâtiment, rue Paul Bert (3e), et dans des appartements inoccupés pour des jeunes dans la même situation.
Par ces différentes décision, la Ville de Lyon, dirigée par la majorité écologiste, veut se montrer comme une « ville refuge engagée pour les droits humains ». Elle outrepasse aussi les compétences de la Métropole de Lyon et de la préfecture. Ceci alors même que la Métropole affiche aussi une volonté de se montrer « hospitalière et accueillante ».
Le collectif soutiens/migrants Croix-Rousse, qui accompagne inlassablement ces jeunes depuis 2018 peut souffler un peu. Ses membres, militants et habitants de la Croix-Rousse, restent cependant mobilisés.
« Ça répond à l’urgence, précise l’un d’eux. Mais pour l’instant il y a seulement 70 lits dans une grande salle. Pour nous ce n’est pas convenable de rester plusieurs mois comme ça sans espace d’intimité. On va essayer d’aménager les choses pour que ça aille mieux. (…) Puis on va pousser du côté de la Métropole car on demande qu’ils soient pris en charge comme des mineurs.»
Métropole de Lyon et préfecture en butte avec les soutiens des jeunes migrants
« Métropole, Ville, préfecture, on a besoin de toit ». Ce slogan était inscrit sur une pancarte, brandie lors d’une manifestation organisée le 21 septembre en soutien aux jeunes qui vivent dans le square. Si la Ville de Lyon est finalement venue à la rescousse, les soutiens appellent d’ordinaire plus régulièrement la Métropole et la préfecture à prendre leurs responsabilités.
La Métropole de Lyon est chargée de la prise en charge de jeunes mineurs étrangers et non-accompagnés, lorsqu’ils sont reconnus mineurs après une évaluation faite par Forum Réfugiés. Mais les jeunes refusés par « Forum » et qui font un recours devant le juge des enfants sont dans une situation floue. « Mijeurs », ils ne sont pas vraiment majeurs, ni vraiment mineurs, aux yeux de l’administration.
Au final, dans la Métropole de Lyon, à l’issue de ce recours, 80% sont finalement reconnus mineurs. Les collectifs d’aide aux MNA poussent donc pour une présomption de minorité, et donc une prise en charge par la Métropole de Lyon.
La préfecture, elle, est chargée de l’hébergement d’urgence et doit y accueillir toute personne, peu importe son statut, qui a besoin d’un toit. Le logement de ces jeunes qui dorment dans des tentes lui incombe. Mais, la saturation et le manque d’investissement dans le dispositif d’hébergement d’urgence rend la mise à l’abri difficile.
Des dispositifs insuffisants pour l’accueil des jeunes migrants en recours de minorité à Lyon
Si elles n’ont pas pris de mesures pour les jeunes du square Ferrié, ces deux institutions ont cependant déjà mis en place, en 2021 et 2022, des dispositifs de prise en charge de ces « mijeurs ». La Métropole de Lyon a ouvert 92 places entre 2021 et 2022, dans des lieux appelés « Stations » pour les accueillir. Sur les 40 places ouvertes en 2022, la préfecture a aussi participé au financement du projet.
Si le collectif soutien/migrants Croix-Rousse s’est félicité de l’ouverture de ces places, les membres poussent toujours pour l’ouverture de lieux d’hébergements supplémentaires. Ils estiment qu’il faudrait entre 150 et 200 places sur la métropole pour pouvoir tous les mettre à l’abri.
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