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Faire du vélo à Lyon : comment je me suis débarrassée de mon appréhension

Notre journaliste veut faire du vélo à Lyon mais appréhende la circulation. Récit d’un stage pour apprendre à se déplacer à vélo en ville.

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Maison vélo lyon stage

Au détour d’une période de canicule, étouffant sous mon masque dans le métro en pleine reprise de l’épidémie de covid, une (pas si) folle idée m’a traversé l’esprit. Pourquoi ne pas me mettre au vélo ? J’enviais les cyclistes qui profitaient du plein air, bien plus libres de leurs déplacements que moi.

Très vite, une première appréhension m’a saisie : comment rouler à vélo en pleine circulation ? Où me placer ? Comment me repérer ? Aucune carrosserie ne serait là pour me protéger au moindre choc. D’abord tentée d’écarter l’idée du vélo de mon esprit, j’ai finalement pris mon courage à deux mains.

Je me suis dit que je n’étais sûrement pas la seule à me sentir un peu bête avec ces appréhensions, un frein à la pratique du vélo dont on ne parle pas vraiment. J’avais entendu parler d’un stage gratuit pour apprendre la circulation en ville à vélo, dispensé par la Maison du Vélo.

Après un peu de procrastination, et une seconde vague de canicule, j’ai fini par prendre rendez-vous pour un cours d’une heure trente, un jeudi à 18 heures, en plein pendant les heures de pointe. Parfait.

Un vélo-école pour apprendre à circuler en vélo à Lyon

À la Maison du Vélo, Isabelle m’accueille. Celle qui sera ma monitrice, floquée d’un gilet fluo « vélo école », prépare les vélos pour notre cours.

Avec moi, trois autres néophytes attendent de se mettre en selle. Marie veut apprendre à circuler pour accompagner son fils lors de balades en ville. Christelle aimerait se mettre au vélo, mais ne sait trop comment rouler en ville. Pareil pour Gauthier, grand pratiquant du vélo à la campagne dans son enfance mais perdu dans l’intense circulation lyonnaise.

Isabelle commence par nous indiquer quelques vérifications de sécurité sur le vélo : les freins, la pression des pneus, la fixation des roues, les réflecteurs… Je me vois confier un Vélo’v pour le temps de notre trajet, ainsi qu’un casque et un gilet jaune fluo, plus vraiment tendance depuis 2018 mais qui doit assurer ma sécurité.

Casque, vélos et gilets jaunes sont fournis par la maison du vélo de Lyon.Photo : MA/Rue89Lyon

J’ai la désagréable sensation de me retrouver à mes 16 ans dans la voiture de l’auto-école

Les débuts sont faciles, une piste cyclable en double sens borde la Maison du Vélo. Je découvre les feux réservés au vélo, la cohabitation avec les piétons et les panneaux M12 qui nous autorisent à nous élancer dans un carrefour malgré un feu rouge pour les automobiles.

Au départ un peu perdue, j’ai la désagréable sensation de me retrouver à mes 16 ans, dans la voiture de l’auto-école, stressée, en train de découvrir une nouvelle manière d’appréhender la route.

Même si je sais faire du vélo, tendre le bras pour indiquer ma direction me cause quelques déséquilibres, et je zigzague parfois en redémarrant, me créant une ou deux frayeurs. Finalement, je réussi très vite à prendre en assurance et à me sentir plus à l’aise.

Pas bien différent de mon expérience d’automobiliste

Isabelle fait des arrêts réguliers pour nous expliquer le comportement à adopter suivant les situations. Elle nous questionne sur les panneaux que l’on croise sur notre route. On dépoussière notre code de la route. J’apprends la différence entre piste cyclable obligatoire et recommandée ou encore que le pictogramme vélo nous indique où nous placer sur la voie (au centre ou à droite).

Une route en travaux m’aurait posé quelques difficulté si Isabelle n’avait pas été là. Un côté de la piste cyclable obligatoire est barrée. Il faut se déporter sur la voie d’en face, puis faire un détour dans le carrefour pour reprendre la voie initiale. Tout ça au milieu de la circulation des voitures.

Peu à peu, je me rends compte que ce n’est pas bien différent de mon expérience d’automobiliste. Il suffit de suivre les indications, et de bien vérifier à droite, à gauche et ses angles morts. Le plus dur étant de ne pas se déséquilibrer.

Circuler à vélo sur les berges à Lyon : un passage agréable

Au bout d’une vingtaine de minutes, nous voilà arrivés sur les quais du Rhône, le moment le plus agréable du trajet, celui que j’attendais. C’est en partie pour le plaisir de filer au bord du fleuve que j’avais envie de me mettre au vélo. Le soleil de plomb de fin de journée est bien plus agréable avec la brise créée par la vitesse.

Là, sur la voie partagée, il faut faire particulièrement attention aux piétons. Mais c’est aussi l’occasion de s’entraîner à lâcher un côté du guidon, et apprendre à conduire avec une seule main, pour pouvoir tendre l’autre rapidement et efficacement.

L’appréhension de la cohabitation entre voitures et vélo

La petite escapade sur les bords du Rhône sera d’assez courte durée. Très vite, on remonte pour entrer dans le vif du sujet. Finies les pistes cyclables obligatoires ou recommandées, séparées de la chaussée, nous allons à présent nous insérer dans la circulation. La partie que j’appréhende le plus.

Une de mes principales craintes, qui m’a jusque là empêchée d’enfourcher un vélo, est de me faire doubler par un bus ou une voiture. Surtout si le véhicule passe trop proche de moi. Isabelle nous conseille :

« S’il n’y a pas assez de place pour qu’une voiture ou un bus vous double de manière sécurisée, mettez vous au milieu de la chaussée et le conducteur patientera. En plus la majorité des rues de Lyon sont limitées à 30 km/h maintenant »

Contrairement à mon premier réflexe (me faire toute petite à droite de la route), je suis rassurée de savoir que je peux prendre pleinement ma place dans la circulation. Difficile de se départir de l’idée que la voiture est forcément prioritaire. Mea culpa, j’ai déjà été moi-même passablement agacée derrière un·e cycliste.

À la fin du stage pour apprendre à faire du vélo en ville, on finit par prendre la confiance.Photo : MA/Rue89Lyon

Dernière difficulté du trajet : se déporter à gauche dans une rue où la piste cyclable est à droite. Là encore, Isabelle nous guide et nous indique la marche à suivre. Nul besoin de se précipiter, il est possible d’attendre que le flot de voiture soit passé pour se déporter. Et si le carrefour nous semble vraiment mission impossible, il suffit de descendre du vélo et d’emprunter le passage piéton.

De retour à la Maison du vélo, ce qui me semblait hors de portée m’apparaît bien plus faisable. Je pose quelques dernières questions à Isabelle avant de m’en aller. Cette fois j’emprunte à nouveau le métro. Mon prochain défi est de faire, seule, le trajet en vélo.


#Lyon

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Photo : Photo CC, "Bas-ports de la rive gauche du Rhône", Marcos Quinones, 1er octobre 2002, collections BML

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