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La pollution aux particules fines dans le métro de Lyon va-t-elle baisser ?

[Série 2/3] En métro, à vélo ou en voiture, quelle pollution de l’air aux particules fines subit-on ? Trois journalistes de Rue89Lyon ont mené l’expérience à l’aide de capteurs. Sans surprise, la réponse est dans le métro mais les chosent pourraient s’améliorer.

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métro à Lyon

Où est-on le plus exposé à la pollution aux particules fines lors de nos déplacements à Lyon ? Selon le trajet, il y a de grandes chances que ce soit dans le métro. Souvent associée au trafic et grands axes routiers, la concentration en particules fines est plus importante en sous-sol, dans le réseau du métro.

Rappelons que la pollution atmosphérique (aux particules fines et autres sources) est responsable de décès prématurés. Entre 2015 et 2017, une étude a été menée à Lyon par l’Inserm, le CNRS, l’Inra, l’université Grenoble-Alpes et Atmo Auvergne Rhône-Alpes. Elle a conclu à la mort prématurée de près de 500 personnes due aux particules fines. Par ailleurs, en raison des dépassements de seuils répétés et des niveaux de pollution de l’air de plusieurs de ses métropoles, la France a été condamnée en 2019 par la Cour de Justice de l’Union Européenne (CUEJ).

Nous avons mené une modeste expérience à l’aide de capteurs de particules fines. Nous avons effectué différents trajets au même moment avec trois modes de transport : en vélo, en voiture et en métro. Sans surprise, c’est dans le métro que les concentrations en particules fines ont été les plus importantes.

Deux fois plus de particules fines dans le métro de Lyon qu’en surface

C’est une situation connue. En sous-sol, dans le réseau du métro à Lyon (comme ailleurs) la concentration en particules fines est donc très importante. Une situation qui est assez logique. En effet, dans ce milieu confiné, la dispersion de ces particules est moins possible qu’en surface. Or, les rames de métro et notamment leurs systèmes de freinage génèrent des particules fines, notamment métalliques.

Sur le trajet Perrache-Tête d’Or, la concentration moyenne de particules fines est presque deux fois plus importante dans le métro. Celles des trajets à vélo et à voiture sont quasiment équivalentes :

PolluantMétroVéloVoiture
PM 1015.5 μg/m³8,5 μg/m³8,3 μg/m³
PM 2,510.3 μg/m³6 μg/m³5,9 μg/m³
PM 15.5 μg/m³3,4 μg/m³3,1 μg/m³

Les mesures lors du trajet à vélo (en haut à gauche), en métro (en bas à gauche) et en voiture (en bas à droite). (Pour voir les mesures complètes et détaillées sur la Captothèque : trajet vélo, trajet métro et trajet voiture – nécessitent d’avoir un compte).

Mesures de concentration de pollution aux particules fines dans l’air sur le trajet entre Perrache et Tête d’or en vélo (en haut àgauche), métro (en bas à gauche) et voiture (en bas à droite). Graphiques Captothèque – Atmo Rhône-Alpes

Sur le trajet Parilly-Bellecour, même chose. La concentration moyenne en particules fines est supérieure au cours du trajet en métro. La différence entre vélo et voiture est ici plus marquée :

PolluantMétroVéloVoiture
PM 1023,1 μg/m³15,7 μg/m³9,8 μg/m³
PM 2,514,4 μg/m³11,3 μg/m³7,5 μg/m³
PM 18 μg/m³8 μg/m³4,4 μg/m³

Voici les mesures lors du trajet à vélo (en haut à gauche), en métro (en bas à gauche) et en voiture (en bas à droite). (Pour voir les mesures complètes et détaillées sur la Captothèque : trajet vélo, trajet métro et trajet voiture – cela nécessite d’avoir ou d’ouvrir un compte).

Mesures de concentration de pollution aux particules fines dans l’air sur le trajet entre Parrily et Bellecour à Lyon en vélo (en haut à gauche), métro (en bas à gauche) et voiture (en bas à droite). Graphiques Captothèque – Atmo Rhône-Alpes

Plus de particules fines sur les quais que dans les rames du métro

Nos mesures dans le métro ont par ailleurs permis de faire un constat : la concentration en particules fines est plus importante sur les quais du métro. Elle a tendance à baisser une fois dans les rames et le métro en circulation.

Au cours des deux trajets effectués en métro, les phases de mesure en station ont correspondu aux niveaux maximum relevés. Nous avons annoté nos mesures au fil du trajet afin de noter les moments d’entrée et d’attente sur les quais, de montée dans les rames et de sortie.

Lors du trajet entre Parilly et Bellecour, nos mesures montrent clairement que la concentration maximum en particules fines se situe lors de l’attente du métro sur les quais de la station Parilly.

Mesures de concentration de pollution aux particules fines dans l’air sur le trajet entre Parrily et Bellecour à Lyon en vélo, métro et voiture. Graphiques Captothèque – Atmo Rhône-Alpes

Regardons de plus près. Jusqu’à 8h51, nous sommes en surface. Les niveaux sont « dans le vert ». À 8h51, nous entrons dans la station de métro Parilly. Nous montons dans la rame à 8h55. On note qu’ensuite les courbes (pour les trois tailles de particules mesurées) baissent pour la suite du trajet une fois dans la rame. Jusqu’à la sortie du métro et le retour en surface à 9h09.

Mesure de la concentration en particules fines dans le métro de Lyon entre les stations Parilly et Bellecour sur la ligne D. Mesures Rue89Lyon via Captothèque-Atmo Auvergne Rhône Alpes

Même chose lors du trajet entre Perrache et Massena sur la ligne A. De 8h30 à 8h40, nous sommes à l’extérieur de la station de métro. Nous sommes pourtant à l’entrée des différentes trémies sous la gare de Perrache, aux abords de la brasserie Georges. À 8h40, nous entrons dans la gare de Perrache au niveau du métro et de tramway.

Non enterrée, la station Perrache de la ligne A du métro de Lyon, permet de mieux disperser les particules fines. Les niveaux sont relativement peu élevés sur le quai (entre 8h40 et 8h44). Ils augmentent par la suite lors du trajet dans la rame.

À 8h52 nous arrivons à la station Massena où nous descendons pour rejoindre le parc de la Tête d’Or. Nous restons quelques instants sur le quai de la station. Là, les niveaux augmentent fortement.

On relève ainsi un niveau de près de 50 μg/m³ pour les PM10, soit 10 fois plus qu’au début du trajet.

Mesure de la concentration en particules fines dans le métro de Lyon entre les stations Perrache et Massena jusqu’au Parc de la tête d’Or sur la ligne A. Mesures Rue89Lyon via Captothèque-Atmo Auvergne Rhône Alpes

La concentration redescend quelque peu. Nous attendons quelques minutes l’arrivée d’une nouvelle rame. Elle arrive à 8h56. On constate alors une augmentation des niveaux de concentration, certainement due en partie à la remise en suspension de particules fines générée par l’arrivée en station de la rame.

Une fois revenu en surface, on constate que les niveaux de concentration de particules fines diminuent fortement (voir sur le graphique de de 8h56 jusqu’à 9h09, heure d’arrivée à l’entrée du parc de la Tête d’Or).

Des niveaux de particules fines « pas alarmants » dans le métro

Nous avons analysé nos mesures avec Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Avec toutes les limites de notre expérience, les niveaux mesurés dans le métro « ne sont pas alarmants » selon les techniciens.

La pollution aux particules fines dans le métro est désormais mesurée. Le Sytral Mobilités (nouveau nom du Sytral, autorité organisatrice des TCL) et Atmo Auvergne-Rhône-Alpes ont présenté en 2021 les premières mesures effectuées dans les stations du métro de Lyon.

Le rapport présente notamment la concentration de particules fines PM10 (parmi les plus grosses) sur les quais des stations de métro. Les mesures ont été effectuées durant 8 jours au mois de septembre 2020, durant les heures de pointe du matin et du soir et hors week-end. Elles permettent d’établir ce que le l’organisme appelle une hiérarchisation des stations par rapport à leur niveau de concentration de PM 10.

(Vous pouvez voir le classement toutes lignes confondues ou filtrer par ligne de métro)

Comment savoir si la pollution aux particules fines est importante ou non dans le métro ?

C’est un peu le problème. Des seuils règlementaires existent concernant la concentration en particules fines dans l’air extérieur. Pour le métro et les enceintes ferroviaires souterraines (EFS), il n’y avait jusqu’à très récemment que de simples recommandations. Notamment des valeurs de référence pour la concentration de PM10 définies par le CSHPF (Conseil Supérieur d’Hygiène Public de France) lors de plusieurs avis sur le sujet entre 2000 et 2001. :

  • pour un temps de trajet de 1 heure : 395 μg/m3
  • pour un temps de trajet de 30 minutes : 755 μg/m3.

Pourquoi aucune règlementation concernant la pollution de l’air dans les enceintes ferroviaires souterraines n’est actuellement en vigueur ? Le gouvernement français ne les avait simplement pas mis en place, jusqu’à très récemment.

L’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a établi des valeurs limites en la matière. Elle les a transmises au gouvernement en 2019. Sans action de sa part. Il avait même été sanctionné par le conseil d’état en 2020.

Depuis, les choses ont quelque peu bougé. En décembre 2021, un décret a fixé un cadre à la concentration de particules fines dans les EFS (enceintes ferroviaires souterraines) pour les salariés exposés. Il est applicable depuis le 1er janvier 2022.

Par ailleurs, l’ANSES a publié en mai 2022 un nouvel avis sur la pollution atmosphérique des EFS. Elles proposent de nouvelles recommandations, basées sur les valeurs guides de l’Organisation mondiale de la Santé. Elles sont bien plus strictes que les valeurs guide de CSHPF. Pour une 1h d’exposition, la concentration maximale de PM10 recommandée est ainsi quasiment divisée par 3 (140 μg/m3 contre 395 μg/m3) :

Recommandations des seuils de niveaux de particules fines dans les établissements ferroviaires souterrains basés sur ceux de l’OMS. Capture rapport ANSES

Une pollution aux particules fines en baisse dans le métro B de Lyon ?

Au regard de ces toutes dernières recommandations, les niveaux de concentration de particules fines dans le métro de Lyon semblent plutôt convenables. Pour les usagers du moins.

Au regard de ces valeurs de référence, l’air dans les stations de métro de Lyon serait donc plutôt bon. La station où l’air était le plus mauvais en 2020, Vieux Lyon, affichait un niveau de (162 μg/m3 de PM10 en moyenne. Le Sytral Mobilités indiquait ainsi en avril dernier que « les données mesurées à la station Saxe-Gambetta relèvent une valeur de 124 μg/m3. »

Un niveau moyen qui, selon les dernières recommandations de l’ANSES, deviendrait problématique en cas d’exposition supérieure à 1 heure par jour.

« Ce qui est important, c’est le temps d’exposition. Pas forcément les pics. C’est la durée d’exposition chronique qui aura le plus d’impact sur la santé »

Atmo Auvergne-Rhône-Alpes

Les niveaux de concentration de particules fines vont-ils baisser à l’avenir dans le métro de Lyon ? C’est ce qu’on peut espérer. Le Sytral Mobilités a annoncé lancer une expérimentation concernant de nouveaux ventilateurs permettant de retenir, grâce à des filtres, les particules fines.

Par ailleurs, les nouvelles rames automatisées mises en service au 25 juin sur la ligne B du métro de Lyon pourraient participer à la baisse de la pollution aux particules fines. Grâce à de nouveaux systèmes de freinage notamment, elles ont été « vendues » par le Sytral Mobilités comme moins génératrices de particules fines. Grâce à la station de mesure installée à la station Saxe Gambetta on peut visualiser l’évolution de la concentration en PM10 et PM2,5.

Depuis le 25 juin et l’arrivée des nouvelles rames, la concentration en particules fines a effectivement nettement diminué dans la station.


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