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Métropole de Lyon : l’usage de la voiture recule mais pas partout

Dans la métropole de Lyon, les chiffres de l’Insee indiquent un recul global de l’usage de la voiture pour les déplacements professionnels entre 2008 et 2018. Il est surtout marqué dans Lyon intra-muros. À l’heure où se discute l’exclusion des véhicules des particuliers polluants au sein de la ZFE, on peut noter que l’usage de la voiture a toutefois progressé dans certaines communes de l’agglomération notamment à l’est.

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[Série 2/3]

+21 points. C’est l’évolution maximale de l’usage de la voiture entre 2008 et 2018 dans une commune de la métropole de Lyon. C’est à Saint-Romain-au-Mont-d’Or que ça se passe. Durant cette période, l’usage de la voiture pour la mobilité professionnelle (déplacements entre le domicile et le travail) a diminué dans environ deux tiers des communes de la métropole. Saint-Romain-au-Mont-d’Or fait donc presque figure d’exception.

À l’inverse, à Lyon 3e la proportion d’actifs utilisant la voiture pour se rendre au travail a chuté de 15 points environ sur la même période. Comme dans l’ensemble des arrondissements de Lyon et une grande partie des communes de la métropole. Dans les plus forts reculs de l’usage de la voiture on retrouve d’ailleurs d’autres arrondissements de Lyon :

  • 7e arrondissement : – 11,6 points
  • 8e arrondissement : -11,4 points
  • 6e arrondissement : -10,7 points

La voiture recule aussi à l’ouest de Lyon

Certaines des plus fortes hausses de l’usage de la voiture s’observent dans l’ouest lyonnais. Saint-Romain et Couzon-au-Mont-d’Or (+4,3 points) ou encore La-Tour-de Salvagny (+4,6 points). Mais, globalement, dans ce secteur cossu et dépourvu de lignes fortes de transports en commun (métro ou tram), l’usage de la voiture recule pourtant. Notamment dans les communes les plus proches de Lyon :

  • -11 points à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or
  • -5 points à Champagne-au-Mont-d’Or
  • -4,8 points à Écully
  • -4 points à Dardilly

La voiture reste toutefois le mode privilégié dans ce secteur de la métropole de Lyon. Avec en moyenne 65 à 75% des actifs se rendant principalement au travail en 2018 avec ce mode de transport. Frédérique Bienvenüe, co-présidente de l’association « La Ville à vélo » nous indiquait que, logiquement, en règle générale, « la présence de transports en commun fait baisser la part de la voiture et du vélo ».

En l’absence de lignes fortes des TCL dans le secteur, comment expliquer ce recul de la voiture dans certaines communes de l’ouest lyonnais entre 2008 et 2018 ? Peut-être peut-on y voir un effet de la mise en place sur la période du tram-train de l’ouest lyonnais. D’ailleurs, dans ces communes, les chiffres de l’Insee montrent une augmentation de la part d’actifs se rendant au travail en transports en commun.

Un recul de la voiture dans Lyon

Les bas-ports du Rhône au niveau du quai Général Sarrail en 2002. © Photo CC, "Bas-ports de la rive gauche du Rhône", Marcos Quinones, 1er octobre 2002, collections BML
Les bas-ports du Rhône au niveau du quai Général Sarrail en 2002.Photo : Photo CC, « Bas-ports de la rive gauche du Rhône », Marcos Quinones, 1er octobre 2002, collections BML

Dans les arrondissements de Lyon, le recul est encore plus marqué. La présence d’un réseau de transports en commun dense et plutôt efficace explique en partie ce recul. Les actifs résidant travaillent par ailleurs en grande majorité dans Lyon même ou une commune très proche.

Cette baisse de l’usage de la voiture dans les déplacements domicile/travail se traduit, ou s’explique, par la baisse du taux de ménages possédant une voiture. Au fil des ans, dans les arrondissements de Lyon cette proportion diminue. Notamment au fil des créations ou des renforcements de lignes structurantes. Ainsi, par exemple, la rénovation de la ligne de bus C3 n’est peut-être pas étrangère au recul important de l’usage de la voiture dans le 3e arrondissement de Lyon (-15 points entre 2008 et 2018).

Une évolution qu’on peut mesurer sur cette carte sur une partie de la période étudiée ici. Le taux de ménage possédant au moins une voiture recule dans les arrondissements de Lyon entre 2006 et 2012.

L’usage de la voiture progresse surtout dans le sud-est de la métropole de Lyon

Mais l’usage de la voiture ne recule pas partout. De manière évidente, plus on s’éloigne de Lyon et plus on a de chance de voir sa part modale augmenter. Les lignes de transports en commun fortes sont plus rares. Les déplacements domicile/travail ne se font pas forcément vers la ville-centre mais vers d’autres villes de la périphérie voire hors département. Des trajets pour lesquels la voiture reste bien souvent indispensable.

Entre 2008 et 2018, l’Insee constate ainsi une progression de la part modale de la voiture à Solaize (+4,4 points), à Vénissieux (+1 point), Saint-Fons (+3 points), Vaulx-en-Velin (+1,4 points) ou Jonage (+3 points). À l’inverse, l’arrivée du tramway T3 est peut-être à l’origine en part de la baisse constatée Décines (-2 points) ou Meyzieu (-3,8 points).

À l’heure où se met en place la Zone à faibles émissions (ZFE), le constant interpelle. Cette ZFE prévoit l’exclusion progressive des véhicules des particuliers polluants d’ici 2026, pour l’heure essentiellement dans Lyon et Villeurbanne. Elle est encore peu contraignante mais vise l’interdiction des véhicules Crit’Air 2 à cette échéance.

Si elle devait être élargit, certains habitants de ces communes où l’usage de la voiture a progressé durant la décennie 2008-2018 seront sûrement plus directement impactés. Or, beaucoup de ces communes (Vénissieux, Vaulx-en-Velin, Saint-Fons) font partie des moins aisées de l’agglomération. En 2018, la voiture était encore utilisée par environ 65% des actifs de ces communes pour se rendre au travail. Des indicateurs qui interrogent l’accompagnement social par la Métropole de Lyon de cette mesure nationale visant à améliorer la qualité de l’air.

À Lyon, un usage du vélo difficile à évaluer

Un vélo à Meyzieu.Photo : LS/Rue89Lyon

Concernant l’usage du vélo, l’évolution reste difficile à mesurer. L’Insee isole ce mode de déplacement depuis 2018 dans ses statistiques. Il était jusque-là mêlé aux autres deux-roues notamment motorisés. Impossible alors avec ces chiffres d’en présenter une évolution claire.

Toutefois, l’usage des deux-roues motorisés dans les déplacements domicile/travail est assez faible dans la métropole de Lyon. En 2018, il ne dépasse pas les 3% des actifs se rendant au travail en moto ou scooter (chiffre maximal observé dans le 1er arrondissement de Lyon).

C’est aussi cet arrondissement qui présentait le plus fort taux d’utilisation du vélo : environ 10% des actifs. Entre 2008 et 2018 l’usage des deux-roues (vélo et motorisés) a augmenté de +8,5 points dans le 1er arrondissement. Encore une fois impossible de mesurer la part d’augmentation engendré par le vélo. On peut imaginer que sa progression est en partie à l’origine de cette augmentation de l’usage des deux-roues.

On retrouve également aux premiers rangs des augmentations de la part modale des deux-roues d’autres arrondissements de Lyon où le vélo est le plus utilisé :

  • 3e arrondissement : 8,5% de part modale du vélo en 2018 et +4,55 points des deux roues entre 2008 et 2018
  • 7e arrondissement : 7,43% et +4,54 points
  • 4e arrondissement : 7,04% et +5,27 points
  • 6e arrondissement : 6,41% et +3,05 points
  • 8e arrondissement : 5,53% et +3,45 points
  • 2e arrondissement : 4,93% et +4,19 points

Au jeu des corrélations, la comparaison n’est pas raison statistique. L’ensemble des infrastructures et améliorations apportées au cours des derniers mandats en direction du vélo peuvent légitimement laisser penser que son usage explique en partie ces progressions de part modale.


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