Qui pour prendre la suite des Perrut ? Après une vingtaine d’années de Perrut père (UDF), près de 25 ans de Perrut fils, la 9e circonscription du nord du Rhône laisse une place vacante pour les législatives. Comme dans la 8e circonscription, un baron s’efface. Avec une différence cependant : l’ancien maire de Villefranche-sur-Saône est toujours sur l’affiche. À 65 ans, Bernard Perrut se positionne comme suppléant de son poulain, Alexandre Portier.
Celui qui est élu à Villefranche depuis plus de 30 ans ne sera (vraiment) pas loin.
« Nous serons dans le même bureau. Bernard Perrut n’est pas seulement mon suppléant pour le nom. Nous allons réinventer cette fonction pour servir à deux le Beaujolais, avec l’avantage que Bernard sera conseiller régional », indique Alexandre Portier au Progrès.
La seule chose que Bernard Perrut ne pourra pas faire ? Siéger à l’Assemblée nationale. De quoi relativiser un peu son retrait.
Après 50 ans de droite, la circonscription du Beaujolais à deux doigts de basculer aux législatives
Cela sera-t-il suffisant pour garder la circonscription ? Même s’il assure avoir fait son choix en « janvier », on peut se demander si Bernard Perrut, député depuis 1997, n’a pas pris peur en voyant le faible score de Valérie Précresse (LR) aux élections présidentielles.
D’autant que sa victoire, il y a cinq ans, n’avait pas été simple. Sa benjamine, Marion Croizeau, avait fait trembler le ténor des lieux en arrivant très largement en tête au premier tour. Ce dernier avait remporté le deuxième tour in-extremis avec 745 voix d’avance (51 %).
Au centre, un parachutage qui embête les macronistes locaux
La circonscription semble donc « prenable » pour la majorité présidentielle. Du moins, c’est ce que laisse supposer le nombre de candidats intéressés. Deux locaux de la circonscription, Antoine Laurent et Caroline d’Autryve, ont débattu pour remporter l’investiture LREM (ou « Renaissance »). Résultats des courses : celle-ci est revenue à… Ambroise Méjean.
Le jeune Ardéchois, président national des Jeunes avec Macron et membre du bureau exécutif de LREM, est ainsi remercié pour son engagement lors de la campagne présidentielle. Reste que cette nomination passe mal pour les ex-candidats locaux.
« La rumeur Ambroise Méjean n’est vraiment pas agréable. Je ne me suis pas engagée pour subir ce genre de magouilles politiques, avait fulminé Caroline d’Autryve dans Le Progrès, avant l’officialisation de cette décision. Ce choix serait très préjudiciable pour notre parti, car nous savons à quel point l’ancrage local est important dans le Beaujolais. »
Dans un département rural où les « barons » ont la peau dure et restent en poste, au moins, une quinzaine d’années, pas sûr en effet que ce choix soit gagnant. Tout dépendra, en réalité, de la tête du deuxième tour.
Législatives dans le Beaujolais, la menace de l’extrême droite
Car, si Les Républicains (LR) et LREM s’étaient affrontés seuls en 2017, il est possible que ce ne soit pas le cas cette fois-ci. Au nord du Rhône, Marine Le Pen a totalisé ses meilleurs scores du département au premier (24 %) comme au deuxième tour (58 %).
Des résultats au-dessus de ses scores nationaux qui donnent des ailes à Rémi Berthoux, candidat du RN. A 25 ans, le professeur en REP (réseau d’éducation prioritaire) est membre du conseil national du parti. Comme dans le reste du pays, il n’est pas parvenu à faire alliance avec Reconquête et Claire De Guernon. Suivant la logique des présidentielles, cela ne devrait pas l’empêcher d’accéder au second tour. Celui-ci sera-t-il une triangulaire ? Un duel ? Le tout dépendra également de la participation.
À l’extrême droite, les pro-Zemmour et les frontistes devront aussi se partager les voix avec une des rares représentantes de Debout la France sur le département. Maguy Girerd, secrétaire départementale du Rhône, tentera sa chance après l’avoir déjà fait pour les élections régionales. Pas sûr que sa candidature entraîne une importante dispersion des voix à droite.
A gauche, un espoir nommé Villefranche-sur-Saône aux législatives du nord du Rhône
Et à gauche ? Si l’espoir fait vivre, la victoire tiendrait tout de même du miracle, là où la droite est si bien enracinée. Le dernier représentant de la gauche avait été élu de 1978 à 1981. André Poutissou (PS) reste d’ailleurs le seul à avoir été élu sur cette circonscription sous la Ve République. À sa suite, Francisque Perrut, père de l’actuel député, avait tenu les rênes jusqu’en 1997. Son fils avait alors pris la suite jusqu’à aujourd’hui. Autant dire que c’est mal parti.
Forts de ce constat, les partis de la gauche locale avaient prévu de s’allier avant même l’accord trouvé à l’échelle nationale via la création de la Nupes. L’insoumise Mylène Dune a été choisie pour mener cette bataille. Ancienne « Gilet jaune », son franc-parler, à double tranchant, a fait polémique dernièrement. Un commentaire ambigu sur une photo de guillotine a été relevé par Lyon Mag fin mai. De quoi donner du grain à moudre à son concurrent LREM, prompt à viser cette outsider.
Pour motiver les troupes, Mylène Dune peut s’appuyer sur le très bon score de Jean-Luc Mélenchon à Villefranche-sur-Saône. Le candidat LFI est arrivé en tête au premier tour de la présidentielle avec 27,20 % des suffrages exprimés. Une première et un coup de tonnerre pour le Beaujolais. Avant la loi sur le cumul des mandats, la théorique nouvelle capitale du Rhône a été dirigée dix ans par Benoit Perrut. Bref, mal engagée, la gauche peut tout de même espérer une surprise.
Législatives dans le Beaujolais : des petits candidats pour jouer les pique-assiettes
Comme dans le reste des circonscriptions, Lutte ouvrière présentera sa candidate, Chantal Helly (LO). Alexandre Chavanne représentera lui Jean Lassalle et Elodie Perrichon candidate elle pour l’Ecologie au centre. Ce mouvement veut se positionner au dessus des clivages gauche-droite.
Rassemblant peu d’électeurs, ces petites candidatures pourraient avoir un impact important sur le résultat final. Dans un scrutin où chaque point compte pour atteindre les 12,5 % des suffrages dans la population inscrite, cette dispersion pourrait faire sortir du jeu un ténor, à la limite du podium.
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