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Hubert Julien-Laferrière, député versatile de la Nupes à Lyon, contesté par un antifa et des dissidents

Il a la position avantageuse du député sortant, dans cette 2e circonscription du Rhône (nord de Lyon), où il a été élu en 2017 avec l’étiquette LREM. Hubert Julien-Laferrière s’y représente, cette fois sous la bannière de la Nupes. Des oscillations politiques qui ont agacé jusque dans son camp et fini par provoquer des dissidences ainsi que la candidature surprenante d’un activiste antifa.

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Hubert Julien Laferrière législatives Rhône

>> Tous les résultats du 1er tour des élections législatives dans le Rhône sont ici

Son CV politique est fourni, depuis 2003 qu’il officie à Lyon. Hubert Julien-Laferrière a fait partie de la nichée de « bébés-Collomb », c’est-à-dire de lieutenants fidèles à l’ancien maire de la ville durant quasi 20 ans.

En 2017, il a donc obéi au virage pris par Gérard Collomb quand celui-ci a quitté le PS pour rejoindre LREM, le mouvement d’Emmanuel Macron.

Mais lors des élections municipales de 2020, alors que la berezina pour Gérard Collomb et ses poulains commence à être chroniquée, Hubert Julien-Laferrière quitte LREM au mois de mars.

Le député préfère soutenir les candidats écologistes à la mairie et à la métropole de Lyon, qui remportent les élections en juin. Le député avait choisi en mai de rejoindre le mouvement de Delphine Batho, Génération écologie, émanation d’EELV.

Investi par la Nupes à Lyon, Hubert Julien-Laferrière a-t-il l’assurance de la victoire ?

Nombre de militants s’étouffent alors d’indignation ; on ne lui aurait jamais connu de fibre écolo particulière.

Il a donc fallu convaincre chez les écologistes lyonnais et dans les majorités municipales aussi formées de LFI (La France insoumise) et de socialistes (chez qui Hubert Julien-Laferrière s’est créé bien des inimitiés).

Le rassemblement sous la bannière Nupes n’a pas fait déraisonner les partenaires. Un député sortant présenterait plus de chances de remporter la mise, surtout quand les voix de la gauche rassemblées pourraient, dans une projection du second tour de ces législatives de juin 2022, parvenir à plus de 25% des voix contre environ 17% pour le candidat LREM (Loïc Terrenes).

Interrogé par Rue89Lyon, Hubert Julien-Laferrière tente d’expliquer ses positions :

« Il faut voir le nombre de responsables politiques de gauche qui ont cru aux promesses de Macron en 2017. On a essayé de lutter de l’intérieur mais on n’en pouvait plus des renoncements. On a créé un nouveau groupe, on se prend pas mal de coups quand on fait ça. J’en connais qui, par opportunisme, veulent juste être réélus et restent [LREM] même s’il ont du mal à accepter les renoncements. »

La 2e circonscription recouvre les 1er et 4e arrondissements, très acquis à Jean-Luc Mélenchon, ainsi qu’une partie des 2e et 9e arrondissements.

Mais c’est sans compter quelques embûches et une candidature-surprise.

Un activiste antifa vient taquiner le député versatile…

Si la Nupes s’est donnée pour objectif de représenter la gauche la plus large, ses choix d’investitures sont loin de satisfaire. Ce lundi 16 mai, c’est Raphaël Arnault, un activiste antifa, bien connu des médias à Lyon et ailleurs, qui a déclaré sa candidature ce lundi. Il se présente en duo avec Mathilde Millat.

Sur son compte Twitter pour l’occasion, la suppléante se présente comme militante au NPA (Nouveau parti anticapitaliste, dont le candidat à l’élection présidentielle de 2022 Philippe Poutou a réalisé 0,66% au premier tour sur la 2e circonscription du Rhône).

Raphaël Arnault, activiste antifa et candidat aux législatives sur la 2e circonscription du Rhône (nord de Lyon). DR

Raphaël Arnault milite à Lyon de longue date ; il est le porte-parole d’un collectif dont il aussi à l’origine, celui de la Jeune Garde Antifasciste. Créé en 2018, ce mouvement tente à Lyon de faire barrage aux groupuscules d’extrême droite très implantés.

Raphaël Arnault a souvent expliqué que c’est la mort de Clément Méric, tué par des skinheads en 2013 lors d’une bagarre à Paris, qui lui a fait réaliser qu’aujourd’hui encore, « tu peux mourir sous les coups de l’extrême droite ».

Dans son communiqué annonçant sa candidature officielle, le trentenaire estime réparer une erreur produite par la gauche en désignant Hubert Julien-Laferrière :

« La démarche unitaire de la Nupes est une très bonne chose pour notre pays, mais comme tous les accords nationaux, il peut exister des anomalies au niveau local et nous en faisons les frais aujourd’hui avec un candidat libéral, élu en 2017, sous la bannière d’Emmanuel Macron. »

Il promet que, s’il est élu, il rejoindra l’Union Populaire dans les rangs d’une éventuelle majorité à l’Assemblée nationale.

Face à cette candidature-surprise, d’un soutien affiché de Jean-Luc Mélenchon, Hubert Julien-Laferrière tente d’envoyer un message clair :

« Pour gagner on a besoin de rassembler de LFI jusqu’à des personnes de gauche comme moi, déçues par Macron. Je suis candidat investi par la Nupes et Jean-Luc Mélenchon l’a dit, ceux qui se présentent face à cette union font le jeu de Emmanuel Macron. »

… ainsi que deux candidats dissidents à gauche

Ce sont les mêmes critiques et la même opposition à Hubert-Laferrière qui poussent deux autres candidats à se présenter en revendiquant des convictions de gauche.

Le rassemblement de la Nupes ne s’est en effet pas fait sans mal, particulièrement dans le Rhône et la métropole de Lyon. S’y trouve notamment l’une des cheffe de file du groupe de socialistes en colère contre cette alliance jugée contre-nature avec LFI, la maire de Vaulx-en-Velin Hélène Geoffroy. En accord avec elle, Philippe Prieto, issu quant à lui du PRG (parti radical de gauche), a donc décidé de présenter sa candidature sur cette intéressante 2e circonscription, déclarant dans la presse locale :

« C’est une démarche de la gauche réformiste, afin de lui permettre d’être présente. On a jamais vu la gauche radicale amener une union au pouvoir. Et c’est un positionnement de désaccord sur le fond avec ce qui est porté par LFI et la Nupes sur la Russie, l’OTAN, ou les retraites  ».

Enfin, le conseiller municipal appartenant à la majorité de gauche (Lyon en commun), Adrien Drioli, n’est pas plus tendre à l’encontre de Hubert Julien-Laferrière. Il le qualifie de « député macroniste sortant » et estime pouvoir mieux défendre « la justice sociale, la transition écologique, souveraineté populaire », etc. Adrien Drioli n’est plus encarté au PS mais présente une nuée de micro-mouvements rattachés visuellement à ce parti (avec une rose par exemple) sur son affiche.

Dans cette circonscription très disputée, le mouvement d’Emmanuel Macron a investi Loïc Terrenes (engagé LREM, qui a été conseiller auprès d’Olivier Véran puis auprès de David Kimelfeld alors président de la Métropole de Lyon).

Le parti Les Républicains sera représenté par Myriam Fogel-Jedidi, le Rassemblement national par Sylviane Sintes et le parti d’Eric Zemmour, Reconquête !, par Pierre Simon.

La liste de tous les candidats ci-après.


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Photo : AG/Rue89Lyon

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