C’est la fin de deux semaines de hautes tensions entre communistes et insoumis, autour de cette candidature dissidente aux législatives à Vénissieux.
Dans la nuit du 2 au 3 mai, les communistes avaient rejoint l’accord national signé par les insoumis et les Verts. Le PCF obtenait 54 circonscriptions au nom de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes) dont deux circonscriptions dans le Rhône, la 8e et la 11e, mais pas la circonscription de la plus importante ville communiste en dehors de la région parisienne, Vénissieux.
Immédiatement, dénonçant cet accord, la maire Michèle Picard maintenait sa candidature et entrait ainsi en dissidence.
Mettant en avant le parachutage du candidat officiel des insoumis, Taha Bouhafs, les communistes de Vénissieux et du Rhône tiraient à boulets rouges sur le journaliste. Une polémique nationale naissait jusqu’au retrait, une semaine plus tard, de Taha Bouhafs pour des raisons d’accusations de violences sexuelles à son encontre.
Une « bataille » menée à Vénissieux et ailleurs, jusqu’à la veille du dépôt des candidatures aux législatives 2022
Les militants communistes étaient au rendez-vous de ce bras de fer contre les insoumis : des membres de la section PCF de Vénissieux jusqu’au premier secrétaire Fabien Roussel. L’objectif était limpide : le poste de député de cet ex-bastion communiste doit revenir à Michèle Picard, l’héritière d’André Gerin, ancien maire de Vénissieux et député PCF de 1993 à 2012.
Mais les communistes avaient également prévenu que le PCF ne franchirait pas le Rubicon, comme le soulignait au début de cette dissidence le patron de la fédération du Rhône, Raphaël Debû :
« On va mener la bataille jusqu’au dépôt des candidatures, entre les 16 et le 20 mai ».
Après le renoncement de Taha Bouhafs, c’est un autre insoumis Idir Boumertit, quatrième adjoint à la maire de Vénissieux, en charge de la politique de la ville, qui a été désigné par LFI comme le candidat Nupes officiel.
En clair, LFI ne lâche rien et n’entend pas revenir sur l’accord avec le PCF. Pour la direction de LFI, la 14e circonscription doit toujours revenir aux insoumis.
Autrement dit, en deux semaines de mobilisation, les communistes n’ont pas réussi à faire bouger les lignes.
Après une dernière consultation des militants communistes le week-end des 14 et 15 mai, Michèle Picard a donc annoncé retirer sa candidature ce lundi 16 mai, par voie de communiqué de presse.
Retrait de Michèle Picard : des Législatives au goût local à Vénissieux
Dans un autre communiqué de presse publié ce lundi, la section PCF de Vénissieux apporte deux éléments supplémentaires pour expliquer le retrait de la candidature Michèle Picard.
Pour gagner la circonscription face au député sortant LREM Yves Blein, « il n’y a pas de place pour un affrontement entre les forces de gauche sur la circonscription, sans favoriser la droite et l’extrême droite. La gauche à ce jour est trop faible pour se le permettre. »
Entre les lignes, il faut comprendre que les communistes estiment qu’il y a une forte probabilité que Michèle Picard ne se qualifie pas pour le second tour, comme en 2017, alors que son adjoint le serait.
Car les enjeux de cette élection nationale sont surtout municipaux.
Michèle Picard et les communistes ne veulent également pas d’affrontements au sein même de la majorité municipale.
« Nous prenons en compte aussi l’essentiel, notre ville et la capacité de la majorité municipale à travailler ensemble pour répondre au besoins des Vénissians, tout comme dans la métropole ».
Traduction : Idir Boumertit, quatrième adjoint en charge de la politique de la ville, ne devrait pas se voir retirer sa délégation par Michèle Picard. Pour le moment.
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