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Législatives 2022 : dans le Rhône la gauche unie partout sauf à Vénissieux

L’union de la gauche aux législatives prend peu à peu forme dans le Rhône. Sauf à Vénissieux où la dissidence communiste se poursuit.

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Candidats gauche législatives Rhône

Le « V » de la victoire s’est affiché partout sur les réseaux sociaux de nombreux militants de gauche. Même le maire écologiste de Lyon, Grégory Doucet s’est prêté au jeu. Symbole de la Nouvelle union populaire écologique et sociale (NUPES), ce « V » est la lettre grecque Nu comme « Nouvelle Union ».

Samedi 7 mai, socialistes, communistes, écologistes et insoumis étaient invités à venir célébrer l’union de la gauche près de Paris . Et investir leurs candidats pour les législatives par la même occasion.

Dans le Rhône, l’union de la gauche s’est faite sans heurts dans la grande majorité des circonscriptions. Même à Villeurbanne l’union a fini par se faire, même si la pilule a été difficile à avaler pour les socialistes, qui ont perdu leur fief historique.

Tous les regards sont plutôt rivés au sud-est de Lyon. Dans la 14ème circonscription, à Vénissieux, communistes et insoumis n’ont toujours pas réussi à s’entendre. Sans compter les rebondissements côté insoumis, dans plusieurs circonscriptions, qui n’ont pas manqué d’apporter leur lot de surprises à l’union.

Les écologistes raflent la majorité des circonscriptions de Lyon pour les législatives 2022

Premiers à signer l’accord avec LFI, dans la nuit du 1er au 2 mai, les écologistes s’en sortent mieux que les communistes ou les socialistes dans le Rhône. Ils récupèrent trois des quatre circonscriptions de Lyon, et la 12ème, qui comprend Sainte-Foy-lès-Lyon et Tassin-la-Demi-Lune.

À la faveur des changements de casaque, les Verts se retrouvaient même en position de « sortants » dans la 2e circonscription. Y sera de nouveau candidat Hubert Julien-Laferrière, ancien socialiste élu député sous l’étiquette LREM en 2017 avant de rejoindre Génération Écologie, partenaire d’EELV. Cette candidature a fait grincer du côté de la gauche, notamment dans le camp des proches de Nathalie Perrin-Gilbert. L’ancienne maire du 1er arrondissement et actuel adjointe à la culture avait perdu de peu au second tour des législatives 2017 face à l’ancien proche de Gérard Collomb. Selon les informations du Progrès, le leader du mouvement antifasciste « La Jeune Garde, Raphaël Arnault pourrait présenter une candidature dissidente de gauche.

Hubert Julien-Laferrière à l’Anticafé le mardi 16 mai 2017 lors de la présentation des candidats de La République En Marche ! aux élections législatives 2017.Photo : HH/Rue89Lyon

Habileté de négociation de leurs dirigeants nationaux ou reconnaissance de leur bons scores aux municipales, les écolos héritent aussi de la 3ème et de la 4ème circonscription. Cette dernière étant toutefois peu favorable à la gauche. Les couleurs de l’union seront respectivement défendues par Marie-Charlotte Garin et Benjamin Badouard. Dans la 12ème, c’est Jean-François Baudin qui mènera la NUPES.

Malgré les espoirs fondés par les écolos pour la 1ère circonscription, c’est bien une insoumise, Aurélie Gries, également adjointe à la mairie du 7ème, qui y sera candidate. Les accords conclus écartent donc l’insoumise Eleni Ferlet, qui s’était présentée dans la 2ème circonscription en 2017 et qui devait repartir pour un tour, et Anaïs Belouassa, secrétaire générale de campagne pour Jean-Luc Mélenchon lors de la présidentielle, qui aurait dû être investie dans la 3ème circo.

Un parachutage dé-parachuté dans la 7ème circonscription du Rhône

Autre déçu, le magistrat lyonnais Albert Lévy, proche de Jean-Luc Mélenchon. Il était fortement pressenti pour être le candidat de LFI, et donc de l’union, dans la 7ème circonscription, comme l’avait révélé Rue89Lyon. Il n’a finalement pas été retenu. La circonscription est historiquement à gauche. En 2017, la vague LREM y a malgré tout triomphé mais représente un espoir de victoire pour la gauche. Jean-Luc Mélenchon a réuni presque 55% des voix au premier tour de l’élection présidentielle à Vaulx-en-Velin et est arrivé en tête à Rillieux-la-Pape et Bron.

L’annonce de ce parachutage n’avait pas plu au local, où plusieurs militants s’étaient positionnés contre. Thibault Logereau, militant insoumis, avait même rendu son mécontentement public, annonçant se retirer de la campagne sur cette circo.

Depuis le 7 mai, le jeune insoumis a de nouveau rejoint la campagne à Bron (une des communes de la circo, avec Rillieux et Sathonay) car c’est finalement un militant des quartiers populaires de Vaulx-en-Velin, Abdelkader Lahmar, qui a été choisi par LFI. Professeur en lycée professionnel, il est aussi un des co-fondateurs du collectif « On s’en mêle », proche des insoumis, qui veut faire peser la voix des quartiers populaires dans le débat public.

Car en coulisse du parachutage d’Albert Lévy, Abdelkhader Lahmar et son collectif négociaient dur avec Manuel Bompard et le reste de l’équipe insoumise. Les militants, qui avaient soutenu Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle, demandaient trois investitures en France, dont la 7ème du Rhône.

Les négociations ont duré un certain temps puisqu’une première rencontre aurait eu lieu le 22 avril. Entre temps, Albert Lévy avait débuté la campagne sur le terrain, à Vaulx-en-Velin et sur d’autres territoires de la circonscription (sans pour autant s’y présenter comme le candidat). Finalement, le 6 mai au soir, moins de 24 heures avant la convention d’investiture, Abdelkader Lahmar confirme sa candidature auprès de la presse. En binôme avec une suppléante écologique, Françoise Mermoud, il a depuis débuté la campagne.

À Villeurbanne, la candidate socialiste écartée

Les insoumis se sont aussi réservés une autre circonscription historique de la gauche : la 6e. Dans cette circo qui épouse les contours de Villeurbanne, ils y parachutent Gabriel Amard, conseiller régional de l’Isère, et gendre de Jean-Mélenchon. Avec presque 38% des voix au premier tour de l’élection présidentielle, les insoumis y sont très bien placés dans ce fief socialiste.

Cristina Martineau, la candidate socialiste, avait pourtant tout fait pour retenir l’attention médiatique et jouer la carte d’une candidature féminine face à un parachutage masculin. Mais la candidate socialiste n’a rien pu faire face à une France insoumise largement en position de force dans les négociations. Quand bien même Villeurbanne serait un fief historique du PS.

Le 4 mai, les négociateurs socialistes et insoumis scellent leur union au petit matin, Cristina Martineau réagit le soir même. « Népotisme, machisme, parachutage », la candidate ne mâche pas ses mots, même si elle se « félicite » de l’union. Le doute plane alors sur une possible dissidence car la candidate dit se laisser le temps de la réflexion.

C’est finalement plus d’une semaine plus tard qu’elle annonce sa décision finale.

« Je fais le choix de la raison et je retire ma candidature », annonce-t-elle lors d’une conférence de presse, visiblement émue.

Il aurait été difficile d’en être autrement, car quelques jours plus tôt, le maire de Villeurbanne Cédric Van Styvendael avait annoncé son soutien à l’union, et la section locale du PS avait annoncé se ranger derrière Gabriel Amard.

Déconvenue pour la candidate qui retourne à son mandat d’adjointe à la petite enfance de Villeurbanne. Déconvenue aussi pour les socialistes qui n’obtiennent que deux circonscriptions pas vraiment acquises à la gauche : la 5e, pour Fabrice Matteuci, et la 10e pour Michèle Edery.

Rebondissements insoumis à Vénissieux

Il ne reste alors pas grand chose pour les communistes qui obtiennent le même nombre de circonscriptions que les socialistes. On retrouvera Cécile Blun, candidate sur la 8ème circo, et Abdel Yousfi dans la 11ème. Deux territoires qui seront difficiles à charmer pour l’union de la gauche.

Deux investitures mais trois candidats. Michèle Picard, maire de Vénissieux n’a pas digéré que sa circo ne soit pas retenue dans l’accord en faveur des communistes. La maire a annoncé maintenir sa candidature coûte que coûte. Surtout face au parachutage par LFI d’un jeune journaliste et militant, Taha Bouhafs, connu pour sa forte présence médiatique et la révélation de plusieurs affaires de violences policières.

La possible investiture du journaliste, avait même réveillé les deux partis d’extrême-droite le Rassemblement national et Reconquête!. Chacun avait placé un policier face au désormais ex-candidat.

Car depuis le 11 mai, tout a changé dans la 14ème circonscription. Investi le 7 mai, Taha Bouhafs a finalement retiré sa candidature par un communiqué publié au milieu de la nuit sur son compte Twitter. S’il dénonce une « tempête d’attaques sans précédent » – le journaliste a en effet subi un cyberharcèlement raciste autour de sa candidature – on apprend le lendemain qu’une enquête interne a été ouverte contre lui par LFI suite à un signalement l’accusant de violences sexuelles. Ce qui serait la véritable raison de son retrait.

La dissidence communiste pour les législatives se poursuit

Suite au communiqué de Taha Bouhafs (avant que ne soit connue l’enquête pour violences sexuelles), le PCF local et Michèle Picard se réjouissent. « La raison l’a emporté », écrivent-ils, avant d’appeler à un rassemblement de la NUPES autour de Michèle Picard.

Sourde à cette appel, LFI choisit d’investir un autre candidat de son cru, puisque la circonscription lui est réservée par l’accord.

La maire de Vénissieux Michelle Picard à la sortie de la réunion « Sécurité et tranquillité publique ». Préfecture du Rhône, le 24 juillet 2020.

Idir Boumertit, patron de la France insoumise à Vénissieux, et 4e adjoint à la maire Michèle Picard pour les « grands projets » devient le nouveau candidat de la NUPES. Il écrit sur son compte Facebook le 10 mai :

« Pour de multiples raisons je vous ai fait part de ma décision de ne pas briguer la candidature. (…) Mais ce matin, la donne a changé et les instances de la France insoumise et de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale m’ont demandé de prendre mes responsabilités. Je suis un homme de conviction et de devoir. Je vous annonce donc que j’ai accepté la désignation pour la législative sur la 14ème circonscription.»

Suite à cette nouvelle investiture, Michèle Picard est restée discrète, du moins médiatiquement. Elle n’a pas pour autant retiré sa candidature, et continue de faire campagne puisqu’une réunion publique est prévue ce jeudi 12 mai au soir. « Madame Picard ne fera pas de déclaration dans l’immédiat », nous indique-t-on.


#Législatives 2022

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