Chalet du Parc de la Tête de d’Or, Musée Guimet, galerie des Terreaux, tour du CIRC, site Neyret (l’ex École Nationale des Beaux-Arts)… Ces lieux laissés en friche depuis des années, et bien connus des Lyonnais et Lyonnaises, devraient retrouver une seconde vie.
Devant Grégory Doucet, maire de Lyon, et Sylvain Godinot, adjoint au patrimoine, un parterre de journalistes – venus en nombre – attendait de grandes annonces. Le programme prévu était ambitieux : la Ville devait annoncer le « lancement de plusieurs projets sur des bâtiments emblématiques » de son patrimoine vacant.
Pour l’occasion, ont été rouvertes les portes du « Chalet », l’une de ses propriétés non-utilisée, en plein cœur du parc de la tête d’Or. Ce bâtiment des années 1960 est doté d’une vue imprenable sur le lac.
Jusqu’en 2013, il a accueilli un restaurant touristique, « Le Pavillon », avant d’être laissé à l’abandon. Des vestiges d’un panneau d’accueil restent affichés à côté de la porte d’entrée, décolorés par le soleil et les intempéries. Dans les salles, des dalles manquent au plafond, et des tags recouvrent une partie des immenses baies vitrées.
La seconde vie du patrimoine vacant à Lyon devra attendre un peu
L’assemblée était déjà refroidie par la fraîcheur des lieux, et les annonces du maire et de son adjoint n’auront pas réussi à la réchauffer. On aurait pu attendre des projets définis, ou a minima des contours précis, ainsi qu’une certaine part donnée à la culture. Pour le Chalet du Parc, la promesse était même attrayante : « un lieu ressource amené à devenir une vigie de contemplation et d’admiration des merveilles de la nature dans un parc emblématique ».
En réalité, les annonces ont été quelque peu décevantes. Le maire et son adjoint ont daté le démarrage de ces projets dès 2022, mais c’est plutôt une mise en route qui devrait se faire cette année. Au mois d’avril, la municipalité va lancer deux appels à manifestation d’intérêt, pour le Chalet du Parc et la tour du CIRC.
Quant aux autres sites, on retrouve des annonces réchauffées : fin 2022, la Biennale d’art contemporain qui se retrouvera en partie dans le Musée Guimet -qui bénéficiera de 500 000 euros de rénovation, et le projet d’une cité des artisans réparateurs dans la Galerie des Terreaux, sans date arrêtée.
Au Chalet et à la tour du CIRC, la Ville ne finance pas les rénovations
Pour la tour du CIRC, dans le 8e arrondissement, habitants et journalistes n’ont qu’à ronger leur frein. Les véritables contours du projet, et l’appel à manifestation d’intérêt, seront connus à la fin du mois d’avril. Seule information donnée par les élus : la réhabilitation se fera dans le cadre d’une consultation internationale du réseau C40 (constitué de grandes villes mobilisées contre le changement climatique). Difficile pour l’heure d’imaginer le futur des 8500 m² de cet immeuble, qu’il faudra rénover à hauteur de plusieurs dizaines de millions d’euros.
La rénovation, c’est aussi le gros chantier qu’il faudra mener au Chalet du Parc pour le prochain repreneur. La Ville a chiffré à 4,3 millions les fonds nécessaires pour remettre à neuf cette grande bâtisse, véritable passoire thermique. Une estimation plutôt à la baisse, de l’aveu même de Sylvain Godinot, surtout au vu du prix actuel des matières premières.
Les repreneurs seront-ils prêt à mettre autant d’argent sur la table ? Les écologistes se lancent dans ce pari, misant tout sur le côté « emblématique » de ces deux lieux. Sans certitudes sur le résultat.
Pour le Chalet du Parc, une réhabilitation encore floue
Pour les volontaires à déposer une manifestation d’intérêt la capacité de pouvoir rénover le lieu, et proposer un modèle économique viable font partie des des premiers critères. Ils bénéficieront d’un bail d’environ 25 ans au Chalet, et devront s’adapter aux horaires du parc, avoir une offre « tournée vers la transition écologique », mais une programmation hybride, ouverte au plus grand nombre, et préserver la quiétude du parc… Le dossier est à monter en un mois et demi, puisque l’appel se termine le 18 mai.
La Ville de Lyon cherche la ou les perles rares, mais ne sait en réalité pas exactement quelle figure prendra le projet. « Un restaurant, ça nous semble assez évident, mais on est fermés sur rien », explique Sylvain Godinot.
Grégory Doucet élabore, tout en restant allusif :
« On n’a pas fixé d’orientation sur une activité touristique. On met le focus sur un lieu d’accueil autour de la biodiversité et la transition écologique. L’objectif n’est pas touristique en tant que tel même la structure pourra profiter à d’autres que les Lyonnais et les Lyonnaises. Le parc a 6 millions de visiteurs par an. »
La culture, très marginale dans les réhabilitations
Au cours de la conférence presse, seule une courte évocation du sort du Musée Guimet a permis d’accorder un instant à la culture. D’abord, les 16 000 m² entreront dans une période transitoire avec l’installation de la Biennale d’art contemporain.
La Ville se dit ensuite prête à étudier « la poursuite de l’ouverture événementielle de lieu », et annonce « mener une réflexion pour un projet de reconversion à long terme ». Un avenir plutôt flou.
On aurait peut-être aussi pu attendre un avenir artistique pour l’ancienne école des Beaux-Arts (site Neyret), qui deviendra un lieu hybride, entre le service archéologique de la Ville, et la naissance d’un « tiers-lieu de la transition écologique ».
L’absence de la conférence de presse de Nathalie Perrin-Gilbert, adjointe à la culture au maire de Lyon, a d’une certaine façon aussi traduit la faiblesse de l’offre culturelle envisagée pour ces bâtis.
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