Ce 5 mars, plus de 1500 personnes ont manifesté dans le quartier de Vaise (Lyon 9e) contre le géant de l’industrie pharmaceutique et agrochimique Bayer-Monsanto. Des étudiants en journalisme de l’université Lyon 2 sont allés à leur rencontre. Nous publions leurs portraits.
Dans la foule rassemblée samedi 5 mars place Valmy, à Lyon, le drapeau vert paré d’un sablier noir d’Extinction Rebellion (XR) se repère facilement. A son pied, Sam, 19 ans, étudiant à Sciences Po Dijon et militant du mouvement depuis sa création en 2018.
Issu d’un milieu « écolo, anarchiste ou apparenté », il se considère comme une « anomalie » dans son école qu’il juge « de droite ». Ils sont cependant une poignée à être venus de la capitale bourguignonne, encouragés par Sam, manifester à Lyon contre Bayer-Monsanto.
Avant de rejoindre Extinction Rebellion, il crée son groupe d’action écologiste dans son lycée
L’étudiant originaire de l’Allier à « toujours eu une activité politique ». Il a fait partie d’un syndicat lycéen et fondé son groupe d’action écologiste dans son lycée. En 2018, au moment de la création du mouvement Extinction Rebellion, il crée un groupe local dans l’Allier.
Pour lui, la force de ce mouvement né au Royaume-Uni est qu’il est « bien structuré et international ».
« On a donc une vraie capacité d’action ».
A 19 ans, Sam est inquiet pour l’avenir de la planète et le fait savoir. Les données alarmantes publiées dans le dernier rapport du GIEC et sa faible couverture dans les médias traditionnels interpellent le jeune homme. Pour lui, la place accordée à l’écologie dans le débat public est dérisoire et les actions menées par Extinction Rebellion sont une manière de mettre ce sujet à l’agenda :
« Faire des actions à haute portée symbolique, qui vont frapper un peu, qui vont passer dans la presse, c’est le seul choix qui reste avant la révolution violente. Si on peut éviter de passer par là, c’est cool. »
En 2021, Sam a ainsi pu prendre part à une action de désobéissance civile de grande envergure avec ses « camarades » d’XR contre la Banque de France à Paris. Une action coup de poing, visant à dénoncer le financement des énergies fossiles par les banques françaises, qui a particulièrement marqué le jeune homme.
Les militants avaient ainsi accroché, à l’occasion d’une performance musicale et théâtrale, une banderole sur la façade du bâtiment qu’ils avaient ensuite recouvert d’une peinture noire représentant le pétrole.
« Plus il y a de mouvements de désobéissance civile, plus la société civile s’éveille »
Dès qu’il en a l’occasion, Sam participe à des rassemblements militants. Les Soulèvements de la Terre de ce samedi 5 mars à Lyon est la plus grande convergence à laquelle il a pu prendre part.
« Plus on est nombreux, mieux c’est. S’enfermer dans le partisanisme d’une ou l’autre association ou groupe ça ne sert à rien. Pour nous, plus il y a de monde, d’associations, de mouvements de désobéissance civile, plus la société civile s’éveille ».
Dans le cortège de ce samedi 5 mars, Sam note un « front commun » qui se justifie par des objectifs partagés :
« On est des millions à pouvoir être d’accord sur la fin de l’hyper industrialisation et des pesticides dans les champs et ça ».
Sur les pancartes brandies par les manifestants, on peut lire, pêle-mêle, « Bayer-Monsanto, exterminateur du vivant », « Bayer tue » … Une position que partage largement l’étudiant pour qui l’entreprise agro-chimique est « un des plus grands meurtriers qui existe en Europe aujourd’hui ».
Il évoque une étude publiée en 2017 par la revue PLoS One qui pointe la responsabilité des produits phytosanitaires dans la disparition de près de 80% des populations d’insectes en 30 ans sur le continent.
Pour Sam, rien ne bougera vraiment tant que la France n’opèrera pas un changement politique profond. Ce changement doit passer, selon lui, également par une modification de la constitution pour permettre plus de prise de décision à l’échelle locale. Ce qu’il résume par une analogie simple :
« Quand on est pompier à Paris, on ne peut pas éteindre un incendie dans le Gard ».
Il cite l’exemple de la Bolivie et de l’Equateur qui ont inscrit le droit de la nature dans leurs constitutions respectives. Une décision forte qui n’est pas près d’être prise dans l’Hexagone selon le jeune homme, qui fait preuve d’un certain pessimisme.
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