Ce 5 mars, plus de 1500 personnes ont manifesté dans le quartier de Vaise (Lyon 9e) contre le géant de l’industrie pharmaceutique et agrochimique Bayer-Monsanto. Des étudiants en journalisme de l’université Lyon 2 sont allés à leur rencontre. Nous publions leurs portraits.
A 52 ans, cette assistante comptable stéphanoise a rejoint les Faucheurs·euses volontaires il y a « une petite dizaine d’années ». Ce samedi 5 mars, Karine porte un tee-shirt floqué à l’effigie de son mouvement. Elle se tient au milieu des drapeaux et autour d’une table où l’on vend du jus de pomme pour soutenir le collectif.
Au fait des luttes pour l’environnement et ayant « toujours été sensible à l’écologie », Karine découvre le collectif des Faucheurs·euses volontaires par hasard :
« Il y a quelques années ils ont fait l’assemblée générale à côté de chez moi, dans un village du Pilat. J’ai hébergé des Faucheurs, et depuis j’ai décidé d’adhérer au collectif. »
Elle avait déjà entendu parler de leurs actions, mais n’avait jamais osé franchir le pas. Pour elle, s’engager est une façon de s’investir concrètement sur des sujets qui lui tiennent à cœur tout en ayant cette idée d’appartenance à un collectif qui se bat pour les mêmes idées. Elle vient s’ajouter à la trentaine de personne qui compose le groupe des Faucheurs volontaires du Rhône et de la Loire.
« Les fauchages c’est impressionnant »
Depuis 2003, les Faucheurs·euses mènent des actions de désobéissance civile contre les OGM et, plus généralement, contre l’agro-industrie. Lorsqu’un champ est identifié par le collectif comme produisant de la culture OGM, des fauchages sont organisés. Karine se souvient d’une action en particulier. Une nuit de juillet 2017, le collectif détruit un champ de tournesol de type OGM près de la commune d’Usclas dans l’Hérault :
« Les fauchages c’est impressionnant. On est arrivés dans un champ où les tournesols étaient beaucoup plus haut que ce qu’ils devaient être, les tiges on aurait dit des troncs, il n’y avait pas d’herbes entre les plants. Ça fait 5 ans et on attend toujours le procès. »
Si les plantes que décrit Karine s’apparentent à des monstroplantes, signe extrême d’une mutation génétique, la plupart des cultures OGM ne se distinguent pas à l’œil nu.
Les procès, cela fait aussi partie de la stratégie des les Faucheurs volontaires. Pour eux, être attaqué en justice est une façon de faire connaître leur collectif et de légitimer leurs luttes :
« on a eu plusieurs procès où on a été relaxés. On est des lanceurs d’alerte, on dénonce. » Mais les procès restent rares. Pour Karine, si les entreprises ne vont pas jusqu’au procès, c’est parce-que « ce n’est pas dans leur avantage de divulguer au grand jour qu’ils sont hors la loi. »
En France, la culture d’OGM est interdite par la réglementation européenne. Cependant, une centaine d’OGM, notamment de maïs, colza, soja et betterave sucrièresont autorisées à l’importation et peuvent être commercialisés à des fins de transformation.
Un Soulèvement de la Terre contre les pesticides
Karine et les Faucheurs·euses volontaires participent pour la première fois à des Soulèvements de la Terre. Ce 5 mars à Lyon, c’est la lutte contre les pesticides qui était sur le devant de la scène avec une arrivée de la manifestation initialement prévue devant le siège de Bayer-Monsanto.
Pour les Faucheurs·euses, la présence de plusieurs associations écologistes est le signe d’une véritable « convergence des luttes », comme le dit Karine :
« Ce sont des gens qui sont sensibles à ces sujets donc on adhère. Après, ce ne sont pas les mêmes modes opératoires. Le mouvement des Faucheurs·euses est non-violent, mais on respecte tous les types d’actions ».
Faucheurs volontaires : dénoncer le « manque d’information pour le consommateur »
Bayer-Monsanto, dont le siège était l’objectif initiale de la manifestation, est connu pour avoir produit du glyphosate, aujourd’hui interdit par loi. Il développe également de nouveaux OGM. Leurs activités ne sont pas illégales, mais pour les Faucheurs·euses volontaires, produire des OGM, c’est déjà trop. Pour Karine, le but premier du collectif est de dénoncer « le manque de transparence et le manque d’information pour le consommateur ».
Le 4 mars, la vielle du Soulèvement de la Terre, des Faucheurs·euses sont entrés dans les locaux de BASF (production et commercialisation de pesticides, herbicides et fongicides) à Genay, au nord de Lyon.
Il s’agissait de ce que le collectif appelle une « inspection citoyenne », c’est à dire s’introduire illégalement dans les locaux de l’entreprise pour aller y vérifier les produits. Ils affirment dans un communiqué avoir trouvé du Fipronil, un insecticide nocif pour les abeilles et interdit depuis de nombreuses années. Pour Karine, ces actions, bien qu’illégales, ne sont pas vaines :
« On ne récupère pas les produits pour les récupérer. Ce serait du vol. Mais on prend des photos pour donner l’alerte, pour montrer ce qu’on a trouvé. »
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