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Avec ses espaces verts, Lyon est-elle une ville dangereuse pour les chiens ?

[Série 3/5] Lyon est-elle une ville dangereuse pour les chiens ? De nombreux chiens ont été gravement blessés par des végétaux d’apparence inoffensive cet été : les épillets.

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Isko s'est retrouvé avec plusieurs épillets dans le ventre après une ballade à Lyon.

Pendant le confinement, les espaces verts de la Ville de Lyon ont été laissés plus ou moins en jachère. Il en a été de même durant l’été 2021. Or, si les fleurs et les brins d’herbe sont parfaitement inoffensifs, même desséchés, il en va différemment d’un végétal qui ressemble fortement à du blé, il s’agit de l’épillet.

S’ils ne sont pas tondus avant l’été, les épillets représentent un danger pour les animaux domestiques ou les enfants qui les croiseraient. Une fois secs et durs, les épillets peuvent pénétrer dans les muqueuses ou à travers la peau et traverser le corps jusqu’à ce qu’on les en retire, causant au passage des abcès qui peuvent entraîner de graves complications.

Il n’est pas rare qu’un épillet qui s’est logé dans le corps d’un chien migre jusqu’à toucher une zone vitale comme les poumons ou les intestins.

Une touffe d’épillets. Creative Commons

Lyon, une ville dangereuse pour les chiens ? Des chiens gravement blessés par des épillets chaque été

Ce cabinet vétérinaire du 7e arrondissement de Lyon, non loin du parc Blandan, a vu défiler cet été plusieurs chiens par jour – et certains chiens plusieurs fois par jour – avec des épillets à l’intérieur des oreilles, des yeux, du nez ou enfoncés à l’intérieur d’une patte ou du ventre.

C’est ce qui est arrivé à Phargo, un jeune chien de berger de 2 ans.

« Cet été, j’ai remarqué que mon chien se léchait beaucoup. Je l’ai emmené chez le vétérinaire qui a retrouvé trois épillets plantés dans son arrière-train, raconte Margot, sa maîtresse. Le lendemain, il avait un abcès. Je suis allée aux urgences vétérinaires de Mermoz, cette fois, où l’abcès a été nettoyé. Une semaine plus tard, rebelote, l’abcès est revenu. Au final, il a fallu anesthésier mon chien et l’ouvrir sur plusieurs centimètres. Ils restait un énorme épillet à l’intérieur, qui était invisible depuis l’extérieur. Heureusement, l’épillet n’avait pas migré et n’avait touché aucune zone vitale… »

Ou encore à Isko, un berger australien de 9 ans qui a récolté des épillets dans le ventre lors d’une ballade dans le 7e arrondissement de Lyon.

« J’ai remarqué qu’il se léchait le ventre, mais je ne voyais rien, raconte sa propriétaire, Tiphaine. Quelques jours plus tard, il y avait une boule à cet endroit, donc je l’ai emmené chez le véto. La boule s’était infectée, mon chien a dû prendre des antibiotiques et le véto a dû poser un drain. L’épillet s’était baladé dans son ventre. »

Une pétition des habitants de Lyon pour en finir avec les épillets

En juin, plusieurs propriétaires de chiens du quartier de Confluence ont décidé d’envoyer une pétition à la mairie de Lyon pour demander à ce que la tonte des épillets reprenne. En décembre 2021, 560 personnes l’avaient signée, habitant dans tous les arrondissements de Lyon. Elles témoignent au passage des dégâts occasionnés par les épillets sur leurs chiens mais aussi parfois sur leurs enfants.

Isko s’est retrouvé avec plusieurs épillets dans le ventre après une ballade à Lyon.Photo : OM/Rue89Lyon

Adjoint au maire de Lyon, délégué à la biodiversité, la nature en ville et la protection animale, Nicolas Husson confirme que la Ville a bien reçu cette pétition au sujet des épillets. D’après lui, la question de l’abondance de ces végétaux a été signalée aux services de la Ville dès le début de l’été.

Les nombreux problèmes qu’ils ont pu causer aux chiens, mais aussi aux chats, à Lyon, en particulier cet été, s’expliquent aussi selon l’élu par une présence plus importante de végétaux due en partie aux confinements et au réchauffement climatique.

« La période Covid, avec une succession de confinements, a pu accentuer la montée de ces graminées : moins piétinées, moins fauchées, elles ont pu se développer et se ressemer plus fortement, détaille-t-il. Le facteur météorologique est à prendre également en considération. En effet, la pluviométrie plus importante et des périodes chaudes et sèches au printemps auront favorisé la pousse des graminées. »

Une gestion « plus douce » des espaces verts à Lyon pour « favoriser la biodiversité »

Un autre facteur est la gestion des espaces verts voulus par la nouvelle majorité écologiste à la Ville de Lyon, dans la continuité de ce qui se pratiquait précédemment. Nicolas Husson :

« La gestion différenciée de nos espaces, mise en place depuis des années maintenant, favorise la montée en graine et en fleurs de nombreuses herbacées, annuelles ou autres graminées. Cette gestion plus douce ne signifie pas qu’il n’y a pas de « gestion » : elle nécessite un suivi plus précis et une approche écosystémique des espaces verts. Ce type de gestion, au-delà d’offrir un paysage plus naturel à notre ville, favorise la biodiversité, les pollinisateurs. Fauches tardives et prairies fleuries offrent le gîte et le couvert aux abeilles, aux papillons, aux insectes et aussi aux oiseaux. La faune sauvage est présente en ville. Face à l’érosion de la biodiversité, c’est primordial que nos villes puissent accueillir et favoriser cette faune. »

L’adjoint précise que la Ville de Lyon est engagée dans cette démarche depuis 20 ans, avec notamment la suppression des produits phytosanitaires depuis plus de 10 ans. Soit bien avant l’arrivée des écologistes à la tête de la municipalité.

Pour lui, le moyen le plus simple d’éviter les épillets reste de tenir son chien en laisse. Ce qui ne permet pas à l’animal d’avoir une dépense physique suffisante, comme nous l’expliquons dans un autre volet de cette série sur les chiens à Lyon.

« Notre rôle est également de rappeler aux propriétaires de chiens que l’accès aux parcs et jardins est réglementé (accès interdit ou chiens tenu en laisse). Lors des promenades, les vétérinaires recommandent dans les champs par exemple, de tenir l’animal en laisse. Une inspection minutieuse de son animal de compagnie en retour de promenade constitue l’un des moyens de prévention pour intervenir à temps. »

S’il est impossible de mettre un panneau devant chaque touffe d’épillets, Nicolas Husson promet « une communication plus globale » sur la question, dès le début de l’été 2022.


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