Jusque là, les invectives et javelots lancés dans sa direction ont tendance à se perdre dans la nature. Pourquoi si peu d’écho ? Sans doute parce que cette collectivité comme la fonction de son président restent terriblement méconnues et que, de son côté, Bruno Bernard n’en fait guère la promotion.
Dire « Lyon » n’a que peu de sens lorsqu’on veut évoquer cette entité territoriale avec sa logique de services et son réseau de structures. Dans cette acception, c’est alors plutôt de la Métropole de Lyon dont il faut parler, qui forme bien plus qu’une communauté de communes classique.
Depuis 2015 et une refonte institutionnelle alors imaginée par Gérard Collomb et Michel Mercier, elle est en effet dotée de super-pouvoirs réunissant les compétences d’une agglo et celles d’un département. On l’a souvent expliqué sur Rue89Lyon, cette collectivité est unique en France et, en 2020, son président a été élu pour la première fois au suffrage direct. Comme pour la mairie de Lyon, c’est un écologiste qui a gagné ces élections locales.
La question du débat démocratique dans cette organisation institutionnelle est fondamentale et n’est pas réglée, au moins du point de vue des élus d’opposition. Si elles sont légitimes, leurs inquiétudes et interrogations ont toutefois du mal à être entendues. C’est ce qui explique sans doute la violence des termes qu’ils choisissent d’employer (Bruno Bernard est désormais systématiquement qualifié de « dictateur »), comme seul moyen d’attirer un peu de lumière médiatique sur la Métropole.
Il faut noter que Gérard Collomb en son temps avait lui aussi été critiqué pour le non-partage d’information et encore moins de pouvoir décisionnel par les maires des communes composant la Métropole de Lyon qu’il présidait. Ce sont entre autres ses partisans désormais élus d’opposition qui, aujourd’hui, subissent le fonctionnement établi de la collectivité et le reprochent au nouveau président.
Entre le foie gras et le Sytral, quels choix médiatiques ?
Alors que Bruno Bernard pilote un budget de 3,6 milliards d’euros, des compétences quasi générales (sociales, économiques, urbanistiques, culturelles, etc.), mais aussi des organes périphériques on ne peut plus stratégiques tels que le Sytral (autorité organisatrice des transports en commun lyonnais), c’est sur Grégory Doucet que la presse (nationale, particulièrement) focalise avec régularité. C’est lui l’écologiste de Lyon, l’élu à qui les questions sont posées à tout propos.
Pour des sujets explosifs et aisément traitables, au premier rang desquels « le foie gras que ne mange pas Grégory Doucet », « le Tour de France vu par Grégory Doucet », « le quartier de la Guillotière sillonné par Grégory Doucet », « le menu sans viande dans les cantines gérées par Grégory Doucet », etc.
Bruno Bernard, qualifié d’ »inconnu le plus puissant de France »
Il y a donc légitimement de quoi rager chez les élus d’opposition du conseil métropolitain. Lors de la dernière séance du conseil de métropole, ce début de semaine, c’est autour du Sytral que le débat s’est enflammé. Rappelons que ce syndicat mixte en charge des transports en commun de Lyon va devenir en 2022 un « état dans l’état », transformé en établissement public très puissant (lire notre analyse).
Les élus d’opposition se sont étranglés devant la délibération défendue par Bruno Bernard, pour désigner les prochains représentants de la Métropole dans ce Sytral qui sera devenu « autorité organisatrice des mobilités et des territoires lyonnais » (AOMTL). Ils pourraient ne plus y siéger qu’à 4 au lieu de 7 actuellement -ce qui correspond selon leurs termes à une manière d’être « bâillonnés ».
Louis Pelaez, élu d’opposition LREM et proche de Gérard Collomb (ancien maire de Lyon qui avait réglé l’éventuel problème de notoriété de l’agglomération en étant aussi son président), lui a ainsi adressé une formule assez juste, le qualifiant d’ »inconnu le plus puissant de France« .
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