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Pour l’ancienne usine Fagor-Brandt de Gerland, c’est l’industrie qu’on oppose à la culture

Sans les événements culturels d’ampleur qui s’y sont déployés depuis 2017, il n’aurait pas été possible de découvrir cet espace de 3000m2, niché au fin fond du quartier Debourg (Lyon 7e). Mais c’en sera désormais fini de la bamboche et de la flânerie dans les anciennes usines Fagor-Brandt

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"Warm in your memory" sur la façade des usines FagorBrandt où se déroule la 15e Biennale d'art contemporain de Lyon. ©DR

à Gerland ; les élus écologistes de la Métropole de Lyon destinent le site à l’entrepôt de bus TCL.

On y a mis les pieds en 2017 avec Nuits Sonores. En 2021, retour du public sur les lieux, à l’occasion des concerts du même festival. On y a aussi vu les œuvres de la Biennale d’art contemporain en 2019, dont la plupart ont rendu un hommage plastique très pertinent à l’histoire de l’usine et à ses épisodes de lutte sociale. La réaffectation de cet ancien site industriel à un usage artistique ouvert au public était temporaire. Mais beaucoup avaient l’espoir que cela durerait.

C’est dans l’hebdo culturel le Petit Bulletin que les premières voix se sont élevées. A la manœuvre, David Kimelfeld, ancien président LREM de la Métropole de Lyon. Aujourd’hui élu dans l’opposition, « DK » s’est offusqué de ce que les succès publics qui se sont succédé à Fagor-Brandt ne convainquent pas les équipes de Bruno Bernard de conserver cet usage culturel, alors même que Lyon manque de lieux dédiés à l’expression artistique (création ou diffusion) et aux événements.

« Warm in your memory » sur la façade des usines FagorBrandt où se déroule la 15e Biennale d’art contemporain de Lyon.Photo : DR

L’emploi généré par les TCL plutôt que l’ouverture au public

L’actuel président écologiste de la Métropole de Lyon, et président du Sytral (autorité organisatrice des transports en commun lyonnais), a été catégorique. Dans un communiqué, Bruno Bernard fait dire :

« Durant ce mandat 3 nouvelles lignes de tramway seront créées pour améliorer la desserte des métropolitains. Pour réaliser ces extensions, il était nécessaire de trouver un site adapté pour le remisage et la maintenance de 46 rames de tramway, de 43 mètres de longueur.

Le Sytral et la Métropole de Lyon ont étudié plusieurs sites d’implantation à proximité des lignes existantes ou futures. Celui de l’ancienne usine Fagor-Brandt est aujourd’hui le seul qui permette de disposer à la fois de l’espace nécessaire et des conditions techniques requises en cœur d’agglomération, et sur un site déjà artificialisé. »

A l’argument écologiste qui consiste à favoriser les transports en commun pour circuler en ville, s’ajoute donc celui du travail et de « l’emploi » sur un ancien site industriel dont le passé serait ainsi particulièrement respecté. C’est, sans surprise, à des élus communistes qu’a été confié cet aspect du plaidoyer.

Boris Miachon Debard, adjoint en charge de l’urbanisme à la mairie du 7e, nous transmet : 

« Alors que ces vingt dernières années 40% de la production résidentielle lyonnaise s’est faite au détriment des sites économiques et industriels de la ville, nous nous battons parcelle par parcelle pour que les anciens sites industriels de Gerland retrouvent une activité productrice de biens et de services locaux, mais aussi et surtout d’emplois.

C’est en ce sens que nous avions conditionné notre soutien au projet Sytral à l’implantation d’un centre de maintenance et à la création d’emplois locaux. Opposés à un simple parking de trams qui aurait participé à l’isolement du quartier […] nous nous félicitons de l’annonce de l’installation du centre de maintenance et de la création de 50 nouveaux emplois industriels à Gerland. »

La « mémoire industrielle » de Gerland, qui pour la faire vivre ?

Par la voix de l’élu communiste, c’est le « renouveau industriel » du quartier de Gerland que Bruno Bernard prétend défendre. Il l’oppose ainsi à une occupation artistique et culturelle du site, jugée entre les lignes plus superficielle.

Pour le groupe d’élus métropolitains autour de David Kimelfeld, on estime que la « concentration d‘équipements d’agglomération, déjà très nombreux dans le secteur », ne permet pas de transformer la zone en « quartier à vivre ». L’entrepôt accueillera en effet l’activité des techniciens et des chauffeurs TCL, mais fermera donc définitivement ses portes au public.

A la question de savoir qui des artistes plasticiens, des musiciens sur scène ou des bus TCL font mieux vivre la mémoire industrielle de Gerland, les écologistes ont répondu. Fin des festivités en novembre 2023, avec la mise en place de l’entrepôt, et après une dernière édition sur les lieux de la Biennale d’art contemporain, de septembre à décembre 2022.


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