Comme quoi, il est toujours possible de mettre (presque) tout le monde d’accord quand un projet ne relève pas de sa compétence. Ce lundi 27 septembre, le conseil de la Métropole de Lyon a débattu de l’intérêt, ou non, d’un élargissement de l’A46 Sud en 2 x 3 voies. Après un conflictuel début de conseil, marqué par 1h45 de débat sur la gouvernance de la Métropole, le sujet a semblé faire consensus dans l’hémicycle.
A l’heure où la concertation lancée par l’Etat et Vinci touche à sa fin, les écologistes proposaient, sans surprise, le vote d’un avis contre le projet. Une position partagée par tout le conseil, à l’exception d’un groupe politique. Un vote avec, pourtant, une forte abstention du fait de désaccords sur les alternatives possibles à ce projet routier.
« Injustifié », « fausse solution », projet « à courte vue »… Un à un, les différents groupes ont pris la parole pour attaquer la construction de cette nouvelle voirie devant désengorger l’Est lyonnais. Accueillant 65 000 véhicules par jour (100 000 en jour « de pointe »), l’A46 Sud connaît régulièrement des bouchons importants. Le projet proposé par l’Etat et Vinci, doit permettre de fluidifier la circulation. Mais, selon les élus de tout bord, ce passage en 2 x 3 voies sur 20 km (entre Ternay et Manissieux) ne changera rien.
A46 au sud de Lyon : une majorité d’élus de la Métropole contre le projet
« L’un de problèmes du projet est qu’il n’inclut pas le traitement du nœud de Givors-Ternay », regrettait notamment Eric Vergiat, membre du groupe Synergies Métropole.
« La concertation ne pose pas la question du trafic de poids lourds, marquait de son côté l’élue communiste Marie-Christine Burricand (Communiste et républicain). La troisième voie ne risque-t-elle pas d’en amener encore plus ? »
Seul soutien du projet, Thomas Rudigoz, membre du groupe Progressistes et républicains. Le député LREM a préféré mettre en avant le seul chantier, selon lui, actuellement réalisable :
« Dans le meilleur des mondes, il faudrait un grand prolongement de l’A432 », a reconnu l’élu.
Sauf que, celui-ci n’est pas à l’ordre du jour. Pour le député-conseiller métropolitain, l’élargissement serait donc la seule solution acceptable pour alléger la circulation. Une position que ne partagent pas les élus LR et assimilés.
Les élus s’opposent sur la prolongation de l’A432
Les élus LR, représentés par le maire de Saint-Priest, Gilles Gascon, ont ainsi proposé un amendement à la délibération proposée par la majorité. Objectif : ajouter à l’avis contre le passage en 2 x 3 voies de l’A46 la possibilité d’un prolongement de l’A432, autrement appelé Grand contournement Est de Lyon. Pour les élus, l’idée serait de prolonger cette voirie, passant à proximité de l’aéroport Saint-Exupéry, jusqu’au sud de Vienne.
« L’agglomération lyonnaise est la seule métropole européenne à ne pas avoir de vrai contournement routier, s’est inquiété le maire de Saint-Priest. Or, d’après des chiffres réalisés par les services de ma commune, on ne compterait pas entre 70 000 et 100 000 véhicules par jour sur l’A46 mais bien plus. Ce chiffre pourrait monter à plus de 170 000 véhicules par jour, dans les deux sens de circulation ! »
Comme plusieurs élus, ce dernier a conditionné son vote à l’approbation de cet amendement porté par son camp. Une demande à laquelle n’a pas donné suite la majorité.
« Ce projet n’est pas du tout dans les cartons de l’Etat », lui a répondu le vice-président en charge des mobilités, Jean-Charles Kohlhaas (EELV). Pas nécessairement opposé à « une étude » sur le sujet, l’élu a simplement rappelé que rien n’était prévu. L’élu a préféré mettre l’accent sur l’importance de développer le ferroviaire.
Malgré les accords, un consensus introuvable
« L’objectif de cette délibération est d’avoir une position forte de la Métropole, au-delà des divergences politiques, a encore indiqué l’élu écologiste. Je trouverais regrettable que cela n’avance pas du fait d’éléments à la marge. »
Une prise de parole quasi-symétrique à celle de Christophe Geourjon (UDI). Quelques minutes plus tôt, l’élu du groupe « Inventer la Métropole de demain » avait, lui, appelé la majorité à intégrer cet amendement de manière à mettre tous les élus d’accord. Finalement, le rapprochement n’a été fait par aucune des deux parties.
Résultat des courses : 84 élus ont voté pour cette délibération et un s’est exprimé contre. Ils sont 47 à ne pas avoir pris part au vote, bien que l’opposition au projet soit largement majoritaire.
Dans les débats : le retour d’un vieux serpent de mer, le CFAL
Un motif de satisfaction pour la majorité ? Chaque groupe a réaffirmé l’importance de développer les transports en commun et le fret ferroviaire pour réduire la circulation de poids lourds et de voitures sur ces routes. Le RER à la Lyonnaise mais aussi le Contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL) ont été mentionnés comme des solutions pour décongestionner l’agglomération. Ce serpent de mer, lancé en 2001, a été mentionné dans toutes les prises de parole.
Incompétente sur le dossier, la Métropole de Lyon devra, là encore, attendre des nouvelles de l’Etat. Selon Jean-Charles Kohlhaas, le projet de CFAL, bloqué en gare depuis presque 10 ans, devrait être remis au goût du jour d’ici la fin de l’année 2021. Pour l’instant, aucune information ne semble aller en ce sens. Le projet de concertation sur l’élargissement de l’A46 Sud doit lui prendre fin ce mardi 28 septembre.
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