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Climat à Courzieu : quand les forêts de l’ouest de Lyon voient rouge

Ces 50 dernières années, plusieurs communes à l’ouest de Lyon (Courzieu et Yzeron notamment) ont connu une modification du climat avec une hausse des températures parmi les plus importantes du Rhône. Les conséquences se voient dans les plantations mais aussi, et surtout, dans les forêts.

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Les arbres dépérissent dans les forêts

C’est une forêt dense et diversifiée, prisée des randonneurs. A 25 km de Lyon, les cols de la Luère (715 m d’altitude) et de Malval (732 m d’altitude), entre Courzieu et Vaugneray, offrent un îlot de fraicheur aux habitants de Lyon et des environs. Bondés le dimanche, les lieux accueillent des marcheurs, des cyclistes de route, ou des VTTistes, tous prêts à se perdre dans la verdure.

Sauf que, depuis plusieurs années, cette « verdure » est teintée de taches rouges. Au sommet des Monts du Lyonnais, des résineux (sapins et Douglas) perdent leurs épines, sans rapport avec la saison automnale. En manque d’eau, ils sont de plus en plus nombreux à mourir, du fait de la hausse des températures.

« Quand l’on me demande de montrer les conséquences du réchauffement climatique, je peux le faire sans problème », note Guillaume Pallandre, technicien forestier pour le Centre national de la propriété forestière (CNPF).

Conséquence du réchauffement climatique : certaines essences dépérissent dans les forêts de Courzieu.Photo : PL/Rue89Lyon.

Dans les forêts au sommet de Courzieu : « Il y a deux ans, c’était encore tout vert »

Fin observateur des lieux, le jeune homme accompagne les propriétaires privés (majoritaires dans le Rhône) dans la gestion de leurs bois. Depuis 2019, il couvre l’ensemble du département. Une courte période qui lui a déjà permis de voir les conséquences de la hausse des températures. « Quand je suis arrivé ici il y a deux ans, c’était encore tout vert », se souvient-il.

Selon les données récoltées par Rue89Lyon, Courzieu et Yzeron font partie des communes ayant connu les plus fortes hausses de température ces 50 dernières années. 2,12° pour la première et 2,37° pour la seconde, commune « record » dans cette catégorie. Des chiffres supérieurs à ceux enregistrés dans les communes plus proches de Lyon.

Dans les Monts du Lyonnais, cela se traduit par un décalage des récoltes de fruits et légumes (lire par ailleurs), notamment, mais aussi, et surtout, par une évolution des forêts environnantes.

Les conifères victimes du changement de climat à Courzieu

Sur le col, les Douglas, plantés pour la plupart au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pâtissent de cette situation. Originaire des Etats-Unis, le conifère a souvent été pointé du doigt comme une espèce mal adaptée. On lui reproche souvent d’avoir été planté de manière trop systématique dans les forêts françaises. Cependant, son dépérissement, relativement nouveau, montre bien un changement de climat.

« Aujourd’hui, en dessous de 900 mètres d’altitude, cette essence montagneuse n’est plus adaptée alors qu’avant, on pouvait descendre jusqu’à 300 mètres, constate Guillaume Pallandre. Évidemment, tout est relatif. Cela dépend aussi des terres et de leur humidité. »

Parmi les essences autochtones, le sapin « pectiné » est un de ceux qui souffrent le plus du manque d’eau. Ce dernier a particulièrement subi les fortes chaleurs des étés 2018, 2019 et 2020.

Les scolytes, des insectes qui attaquent les sapins des Monts du Lyonnais

Reconnaissable à ses écorces paraissant blanchâtres de loin, le sapin blanc est également victime des scolytes, ces insectes qui ont ravagé une partie des forêts d’épicéas de l’Est de la France. 

Dans les bois, le marcheur peut voir cet insecte en tirant les écorces, souvent fragilisées, des arbres victimes de ses attaques. Appréciant particulièrement les périodes de chaleur, les différentes espèces de scolyte attaquent des arbres déjà rendus vulnérables par un manque d’eau important. Ils coupent alors les tissus conducteurs des végétaux.

Incapables de s’hydrater correctement, les sapins « blancs » rougissent. Après cela, un retour à la normale n’est plus envisageable. Un peu de neige, et les branches des sapins craquent sous le poids de l’hiver. 

« On mesure généralement l’étendue des dégâts au printemps, commente le forestier. Après cela, aucun sapin ne va reverdir. » 

Sur ce sapin, la marque d’une espèce de scolyte est visible. En attaquant l’arbre, cet espèce a fait tomber une partie de son écorce.Photo : PL/Rue89Lyon.

Réchauffement du climat : de Courzieu à Chevinay, de nouvelles coupes rases

En quittant le col de la Luère, Guillaume Pallandre nous emmène devant une « coupe rase », un secteur où tous les arbres ont été coupés. Lors de notre passage, le propriétaire est en train de découper les arbres qu’il a fait tomber. Une pratique fortement déconseillée par le CNPF ou par l’ONF. Pour autant, celle-ci devient obligatoire quand la plupart des arbres meurent sur pied, comme dans le cas présent. Résultat des courses : une nouvelle carrière est visible le long de la route du col, remplie de bûches. 

A peine 500 mètres plus bas, en descendant sur la commune de Chevinay, une autre carrière est visible. Là, les arbres sont carrément tombés, morts sur place. Des coupes ont été effectuées en guise de nettoyage. La vue sur Lyon est dégagée lorsque le soleil perce. Mais, en ce jour de pluie, les lieux sont plutôt désolants. 

Entre Courzieu et Chevinay, des coupes rases ont été effectuées à la suite de la mort d’arbres, victimes du réchauffement climatique.Photo : PL/Rue89Lyon.

Réchauffement du climat : à quoi ressembleront les forêts dans 50 ans ?

Pour les forestiers, la question est aujourd’hui de savoir quelles essences replanter. Petit à petit, les espèces des plaines comme les feuillus migrent en altitude quand les résineux, comme les sapins, reculent. Alors, les propriétaires font des essais. Il peut être conseillé de planter du robinier faux-acacia ou des érables, qu’on pense plus adapté. Mais personne ne connaît la recette miracle. 

« Le problème, c’est que les retombées, on ne les aura que dans 50 ans, commente Guillaume Pallandre. Simple exemple : si on se dit que le climat sera alors celui de Marseille, on pourrait planter des essences du secteur méditerranéen. Sauf que nous avons toujours des gelées précoces et tardives. Or, elles ont des conséquences terribles sur les pousses. » 

Si l’on suit les différents rapports du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), le climat de l’ouest lyonnais devrait être équivalent à celui de Montélimar d’ici 30 ans. Problème cependant : les prévisions ont tendance à changer et à être de moins en moins favorables. Alors, comment prévoir en fonction ?

Guillaume Pallandre se veut positif. Selon lui, les arbres ont une certaine capacité d’adaptation. 

« On espère que les sapins vont s’adapter. Sauf que, vu la vitesse du réchauffement climatique, cela va être difficile de suivre… Ils ne peuvent pas lutter. » 

2021, une exception sur les trois dernières années de fortes chaleurs

Côté agriculteur, on a conscience qu’il faudra un jour repenser les lieux. Même si on considère que, pour l’instant, le département s’en tire bien.

« Si le climat change les essences, cela va également faire changer le climat », constate l’agriculteur Vincent Pestre, basé entre Chevinay et Courzieu.

Avec une nouvelle garrigue, difficile d’imaginer que la hausse des températures n’accélèrera pas. Autre problème : l’arrivée de maladies en provenance du sud n’est pas à exclure. Il y a deux ans, l’entrée de la punaise diabolique dans le Rhône avait fait des dégâts importants chez les producteurs locaux. 

Année à contre courant, 2021 a connu un été particulièrement pluvieux. Un élément perturbateur pour les producteurs locaux, mais un bon point pour les essences forestières. Cela sera-t-il suffisant ? Sur les Monts du Lyonnais, on commence en tout cas à s’adapter. 


#Agriculture

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Photo : om/Rue89Lyon

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