Ils sont une petite poignée, ce jeudi soir, devant le rond-point du chemin des Fonts de Sainte-Foy-lès-Lyon. Dans ce décor un brin champêtre, à quelques mètres d’un bois de la commune, des habitants du vallon se sont rassemblés devant le lieu où sera organisé leur prochain événement, samedi 11 septembre, à partir de 11h.
A côté d’eux, une banderole affiche les couleurs : « ZAD du vallon » [ZAD pour Zone à défendre, ndlr]. Sur cette parcelle de terrain, une station pourrait être construite selon le tracé nord (tracé 1), faisant partie des trois fuseaux potentiels étudiés au cours de la concertation. Un projet auquel s’opposent fermement ce collectif d’habitants.
De « Zad », les lieux n’ont pour l’instant que le nom. De même, le profil des zadistes tranche avec celui de militants écologistes habitués à ce type d’actions.
« On a un travail, c’est difficile d’occuper les lieux en permanence », reconnaît l’un d’eux.
De même, si certains ont des gilets jaunes sur le rond-point ce samedi, la référence au mouvement du 17 novembre 2018 est loin d’être explicite. Il s’agit avant tout d’être visible pour des raisons de sécurité.
La Zad de Sainte-Foy-lès-Lyon : « une référence à Notre-Dame-des-Landes »
Pour autant, ils se présentent comme aussi déterminés.
« La Zad, c’est une référence claire à un combat gagné, celui de Notre-Dame-des-Landes », assume Florence Gourat, l’une des habitantes.
Très rapidement, les prises de paroles fusent autour du projet de téléphérique. « Inutile », « farfelu », « onéreux », « destructeur d’environnement »… Pour ces habitants travaillant dans des communes difficiles d’accès en transport en commun, l’intérêt du transport par câble vers Lyon est quasi nul. Ils circulent tous en voiture ou à vélo électrique. Et le téléphérique ne changera pas leur vie.
« On ne se cache pas, nous défendons aussi nos intérêts individuels, le prix de nos maisons et notre cadre de vie, commence Florence Gourat. Mais, si c’était un projet d’intérêt général, nous ne nous positionnerons pas dessus. Le problème, c’est que ce n’est pas le cas. »
Pour eux, le projet ne répond pas aux enjeux du transport de masse. Tous défendent le projet de métro E, mis en pause par l’actuel exécutif. Plus grand, permettant de transporter plus de monde, ce dernier leur paraît plus adapté à une vision de long-terme.
De leur point de vue, le téléphérique ne serait que de « l’affichage » pour l’actuel exécutif écologiste à la Métropole de Lyon. Une manière de monter un projet rapidement sur le mandat, sans se soucier de l’environnement fidésien.
Le cadre de vie : l’argument phare des opposants au téléphérique
Car le métro a un avantage majeur pour eux : il est sous-terrain.
« Le téléphérique va totalement saccager la commune », s’inquiète Sandrine Fernandez, une habitante du collectif.
Sur la carte, les habitants pointent le passage des pylônes par le parc du Brûlet. Si ce tracé est choisi, il pourrait toucher plusieurs points de ce « poumon vert » de l’ouest lyonnais. Une position jugée paradoxale pour un exécutif écologiste.
« Ce cadre de vie, vert, on l’a payé, s’énerve Frédéric Gourat. Si on nous le casse, on partira. »
À ceci s’ajoute des problématiques de bruit, de pollution visuelle, et même d’intimité. Pensant aux propriétaires de piscine comme aux habitants de logements sociaux de la Gravière, tous craignent d’être vus du haut des câbles.
Contacté sur ce sujet, Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président de la Métropole de Lyon en charge des déplacements, intermodalités et logistique urbaine, était revenu sur cette question de la visbilité. Selon lui, il était impossible de « regarder en dessous » de la cabine. Il existe même la possibilité d’opacifier complètement cette dernière afin d’empêcher une visibilité dérangeante.
Côté environnement, l’élu avait marqué, qu’à terme, le projet devrait retirer 6000 voitures par jours des routes. Un argument qui ne semble pas convaincre les riverains.
« Regardez les bus, ils sont vides ! s’agace Frédéric Gourat en pointant un véhicule du doigt. Qui va prendre le téléphérique selon vous ? »
De son côté, il voit difficilement quel fidésien pourrait être intéressé par le projet. A la limite, il imagine que cela pourrait plaire aux touristes. « Et qui sont les touristes qui vont venir à Sainte-Foy ? »
Téléphérique de Sainte-Foy-lès-Lyon : un projet qui n’en est qu’à son début
Lors de notre entretien, Jean-Charles Kohlhaas avait rappelé que le projet n’en était qu’à ses débuts. Beaucoup de choses restent à déterminer (le tracé, le matériel choisi, etc.). Difficile donc d’apporter de nouveaux éléments d’éclairage sur le sujet.
De ce fait, les habitants cherchent à anticiper. Comme beaucoup, ils se basent sur l’exemple du téléphérique de Toulouse, devant être lancé fin 2021, traversant toutefois des zones bien moins résidentielles. Objectif : se faire entendre dans la concertation à venir. Ces derniers craignent que celle-ci se fasse sans réel échange.
Dans ce cas, le terme de Zad, plutôt symbolique pour l’instant, pourrait prendre tout son sens.
« Si on devient plus nombreux, cela sera sûrement plus facile », commente Frédéric Gourrat.
« Je suis prête à m’accrocher à un arbre en guise de protestation »
Né d’une assemblée générale de co-propriétaires, le collectif ne rassemble qu’une vingtaine de personnes pour l’instant. Mais, proche de Touche pas à mon ciel, le mouvement pourrait prendre de l’ampleur, selon eux.
« Il suffit de tourner un peu dans Sainte-Foy pour voir le nombre d’opposants au projet », abonde un habitant.
Quitte à faire des actions plus fortes ?
« Je suis prête à m’accrocher à un arbre en guise de protestation », pose Florence Gourrat.
Avant cela, ils auront fait entendre leur voix ce samedi 11 septembre et à l’occasion du passage du Trail de l’Aqueduc, le 17 octobre. Ils avaient déjà fait une action le 14 juillet. Une manière de peser sur les débats alors qu’un collectif « pro » téléphérique vient de naître à Sainte-Foy-lès-Lyon. Ce dernier compte bien mettre en avant « les avantages » du projet « toujours oubliés », selon lui. De quoi préparer les débats avant même le début de la concertation, prévue mi-novembre. Celle-ci promet en tout cas d’être animée.
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