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À Villeurbanne, polémique autour de propos anti-police et de la subvention coupée au CCO

Depuis ce lundi 6 septembre, les réactions s’enchaînent autour de la légitimité ou non du « Lyon Antifa fest ». Un événement musical qui se tient de tradition dans la salle de concert du CCO, à Villeurbanne, en décembre. Des propos anti-police tenus par un groupe de rap et repris par l’équipe organisatrice, lors d’une vidéo de présentation, ont entrainé l’annonce d’une suppression de la subvention régionale octroyée à la salle par Laurent Wauquiez (LR), via le journal Le Progrès.

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Capture d'écran Vidéo rap

Pas certain que ce soit le type de bras de fer qui réconcilie Laurent Wauquiez (LR) avec le monde de la culture. Ce lundi 6 septembre, le président de la Région Auvergne Rhône-Alpes est monté au créneau dans les colonnes du Progrès. L’élu Les Républicains a annoncé la suppression d’une subvention de 45 000 euros qui étaient versée jusqu’alors au CCO, une association dont les locaux – qui comprennent une salle de concert – sont installés à Villeurbanne depuis 1963.

En cause ? Des propos anti-police tenus par un groupe de musique dans une vidéo de présentation de l’Antifa fest, un évènement généralement accueilli par le CCO, en décembre. 

Dans ce clip de deux minutes, relayé par plusieurs groupes activistes et antifas lyonnais comme la Gale, le « groupe antifasciste Lyon et environs » (qui l’a retiré depuis), on entend une insulte adressée aux forces de l’ordre. C’est elle que pointe Laurent Wauquiez. Il s’agit de l’extrait d’une vidéo de 2015, dans laquelle le groupe Lax & Orginal Tonio fait chanter au public, sur un air de supporter de foot, le refrain « Tous les flics c’est des bâtards [sic]. »

« Ce concert était toléré jusque-là par respect pour la diversité d’opinions, mais ils ont clairement franchi la ligne rouge en insultant ouvertement les forces de l’ordre dans un contexte très lourd, indique Laurent Wauquiez dans les colonnes du quotidien régional. C’est inacceptable de dénoncer les violences dans un sens alors que nos policiers se font agresser tous les jours. »

Dans la vidéo de présentation du festival, la phrase « tous les flics sont des bâtards » a créé la polémique. Capture d’écran.

À Villeurbanne, le CCO se « désolidarise » mais rappelle que le festival n’était pas encore programmé

À sa suite, ces propos ont été condamnés de manière très générale, par des élus de tous bords. La sanction, en revanche, a été parfois jugée abusive. Par communiqué, le maire PS de Villeurbanne, Cédric Van Styvendael, a ainsi exprimé :

« Ces insultes sont inacceptables et dangereuses. Je condamne fermement ces propos. Pour autant, il est utile de rappeler qu’en démocratie, la liberté d’expression est un droit fondamental et l’expression artistique doit être protégée […] Je serai toujours vigilant à ce que toutes les expressions artistiques, dès lors qu’elles respectent la loi, puissent avoir droit de cité.  » 

Les gérants de la salle de concert restent dubitatifs. Après s’être désolidarisé de ces insultes anti-police, le CCO de Villeurbanne a annoncé que le festival n’était, pour l’heure, pas annoncé et qu’aucune convention n’avait été signée. De même, elle dénonce la confusion entretenue par le titre du Progrès (« Des rappeurs insultent la police, Wauquiez coupe la subvention du festival antifa »). Et rappelle la destination de cette subvention :

« Les subventions octroyées par la région n’impactent pas l’association Culture de classe [organisatrice du festival]. Cette dotation n’est en aucun cas utilisée par le CCO pour ce type d’évènement dont nous ne sommes pas l’organisateur », indique l’équipe de la salle. 

Le CCO et le festival attaqués par le passé par l’extrême droite

Autrement dit, la punition paraît disproportionnée pour cette salle qui accueille chaque année plus de 50 000 personnes. Un point que n’a pas manqué de souligner le vice-président du groupe socialiste, écologiste et démocrate à la Région, Johann Cesa. 

« Une polémique sur les propos tenus par un groupe de rap, fussent-ils intolérables, ne peut servir de prétexte pour affaiblir une structure culturelle reconnue de longue date et dont les actions n’ont jamais éveillé le moindre soupçon », s’agace-t-il dans un communiqué. 

Créé en 2013, le « Lyon Antifa fest » devait tenir sa huitième édition cette année. Jusqu’à présent, il avait fait parler de lui notamment pour avoir été menacé par des groupuscules d’extrême droite. En 2019 notamment, les locaux du CCO avait été vandalisés deux jours avant l’événement.

Organisatrice de l’événement, l’association Culture de classe s’est donnée quelques jours avant de communiquer sur la question. Contactée, elle précise simplement être indépendante et ne pas être affiliée à des groupes d’actions politique comme la Gale ou comme la Jeune garde. 

La mairie de Villeurbanne a, elle, déclaré qu’une réflexion était en cours sur la tenue, ou non, du festival. La prochaine édition était initialement prévue les 10 et 11 décembre 2021.


#Antifascistes

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