Avec ses cheveux bruns coupés courts, ses yeux clairs au regard fixe et son sourire assuré, Alexandre Lloveras fait plus que ses 21 ans. Originaire de Béziers, le jeune homme est aujourd’hui étudiant kiné à l’université de Lyon.
Son été 2021 risque d’être bien différent de celui de ses camarades de promotion : Alexandre le passera sur son vélo, pour représenter la France aux Jeux paralympiques de Tokyo qui se tiendront du 24 août au 5 septembre. Et le jeune athlète compte bien ramener une médaille à Lyon, et pulvériser au passage le record du monde de vitesse, pourquoi pas.
« Le but ultime, c’est de faire résonner La Marseillaise à Tokyo ! » annonce le jeune homme sur un ton assuré.
Ski, équitation, athlétisme et maintenant cyclisme pour les Jeux paralympiques de Tokyo
Une trajectoire logique pour Alexandre. A Béziers, il fait preuve d’un goût certain pour la compétition dès le plus jeune âge, en dépit de son handicap visuel. Atteint de rétinite pigmentaire, il peut voir en face de lui mais pas sur les côtés. Son handicap n’a jamais empêché le jeune homme d’expérimenter les sensations grisantes de la vitesse, dans un premier temps en ski alpin.
« J’y vois comme dans un trou de serrure, résume-t-il avec un sourire. J’ai un champ visuel central mais pas de champ visuel périphérique. J’ai un dixième à chaque œil. J’ai eu la chance d’avoir pour monitrice de ski la guide d’une skieuse paralympique, et un casque bluetooth sur les oreilles. »
Après le ski, le jeune homme s’essaie à l’équitation et participe aux championnats de France de saut d’obstacle. Il se met ensuite à l’athlétisme qui lui permet de faire son entrée dans le monde du handisport. A 15 ans, il entre au Centre fédéral handisport de Lyon, qui déménage ensuite vers Bordeaux.
En athlétisme, Alexandre enchaîne les kilomètres mais aussi les blessures au pied et les séances de rééducation chez le kiné. Il raconte ses mésaventures avec humour, puisque c’est pendant sa rééducation qu’il se prend de passion pour le vélo, à l’occasion d’un stage de cyclisme.
« J’ai direct accroché ! se souvient-il avec un large sourire. On part dans la nature, on ne reste pas autour d’un stade. C’est quand même plus sympa de partir découvrir le monde. »
Alexandre et Corentin, un tandem déterminé aux Jeux paralympiques de Tokyo
Depuis 2018, le jeune homme lâche rarement son guidon. En raison de son handicap visuel, Alexandre ne peut faire du vélo seul. Il pédale donc en tandem, derrière un cycliste voyant. La coordination et la bonne entente sont essentielles pour que le duo fonctionne bien en compétition, mais trouver le pilote idéal n’a pas été facile pour Alexandre.
Il semble qu’il ait trouvé la perle rare en la personne de Corentin Ermenault, un coureur cycliste français de 25 ans sacré champion d’Europe de poursuite en individuel et par équipes à plusieurs reprises.
« Pour participer aux Jeux paralympiques, il faut trouver un athlète qui soit bon, mais qui ne soit plus professionnel depuis au minimum 12 mois, explique Alexandre Lloveras. Avec Corentin, c’est tombé à pic. On avait le même entraîneur et il avait arrêté le vélo un an auparavant. Quand on lui a proposé en novembre de participer aux Jeux paralympiques, il a tout de suite accepté. »
Et d’insister :
« C’est important d’avoir un coéquipier en qui on a confiance. Il faut que ça se passe bien sur le vélo, mais aussi en dehors. Ça se passe super bien en ce moment et heureusement puisqu’on est ensemble trois semaines sur quatre par mois ! »
À l’origine, les Jeux olympiques et paralympiques devaient avoir lieu à l’été 2020. Mais le coronavirus est venu bousculer l’agenda et les Jeux ont été décalés en 2021. Une aubaine, pour Alexandre :
« Je n’avais pas encore le niveau pour 2020. Entre le report des Jeux et le confinement, ça a ouvert une opportunité. J’ai réussi à passer un cap pendant le confinement. »
Trois épreuves attendent Alexandre et Corentin à Tokyo : une poursuite de 4 km, un contre-la-montre de 33 km sur circuit et enfin une course en peloton. Alexandre vise la médaille d’or, et envisage de battre le record du monde de vitesse de paracyclisme en tandem au passage.
Depuis ses premières descentes à ski, le jeune athlète n’a rien perdu de l’esprit de compétition qui l’anime. Après Tokyo, il a déjà en ligne de mire les Jeux paralympiques de Paris, en 2024.
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