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Quel impact environnemental pourrait avoir le téléphérique de Lyon ?

Le projet de transport par téléphérique continue à faire du bruit de Lyon jusqu’à Sainte-Foy-lès-Lyon, où il pourrait sortir de terre. Et cela, avant même le début de la concertation publique. Perplexes face au projet présenté, des habitants pointent les conséquences écologiques du projet de la Métropole de Lyon et du Sytral pourtant présidés par un élu écologiste.

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Daniel Aubert et Jean-Yves Barbier

De la verdure, des arbres, le bruit des oiseaux… « Tiens, vous entendez ? Ça, c’est un pic-vert. » À quelques centaines de mètres du Carrefour de Francheville, Daniel Aubert, membre de l’Association générale d’urbanisme et de protection de l’environnement (Agupe), à Sainte-Foy-lès-Lyon, est à l’écoute.

À l’entrée d’un bois de la commune, ce dernier fait un inventaire des espèces vivant dans le secteur : des pics, des blaireaux, des chevreuils qui empruntent les parcs… Un écosystème riche pour ce membre de plusieurs associations de protection de l’environnement. Or, pour lui, cet écosystème de Sainte-Foy-lès-Lyon pourrait être menacé par l’arrivée du projet de téléphérique dans la commune.

La mairie a publié une carte « plus précise » des tracés du téléphériques. Il ne s’agit cependant pas de celle diffusée par le Sytral. Selon les membres de l’Agupe, elle doit être lu avec précaution.Photo : Mairie de Sainte-Foy-Lès-Lyon

Pour le prouver, il nous donne rendez-vous avec le président de l’Agupe, Jean-Yves Barbier, sur le parking de l’Espace montagne, à côté du supermarché. Non loin de là devrait se construire une station du futur téléphérique entre Francheville et Sainte-Foy-Lès-Lyon.

Présente sur les trois fuseaux en compétition (lire par ailleurs), elle pourrait prendre le nom de gare de Gravière-Taffignon.

Selon eux, la construction aurait lieu sur une zone qualifiée de « blanche » dans le PPRI (Plan de prévention du risque inondation). Cette dernière accueille l’eau des ruisseaux environnants. Elle aurait des conséquences indéniables sur des espèces vivant en zone humide.

De là, Jean-Yves Barbier cible le président du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral) et de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard.

« Il dit que le téléphérique franchit les rivières, les collines, l’autoroute… Mais il ne parle pas trop du fait qu’il traverse les habitations et espaces boisés », grogne Jean-Yves Barbier.

Sainte Foy-Lès-Lyon est une ville particulièrement verte de l’ouest de la Métropole de Lyon.Photo : PL/Rue89Lyon

Téléphérique : une menace sur les grands arbres de Sainte-Foy-lès-Lyon ?

Si le potentiel impact du téléphérique pour les Fidésiens est souvent mentionné ici et , celui sur l’environnement l’est moins. Or, pour les deux membres de l’Agupe, celui-ci pourrait être considérable.

Pour le prouver, Jean-Yves Barbier sort sa calculette. Selon lui, un projet classique de téléphérique, ou télécabine, devrait être fait avec des pylônes de 50 mètres de haut. Le câble ne devrait pas être totalement tendu avec le poids de la cabine. Il prévoit une baisse d’une dizaine de mètres de la cabine lié au poids à certains endroits de celui-ci. À ceci s’ajoute la taille de la cabine, de 5 mètres.

Avec une petite soustraction, on constate que celle-ci passerait à 35 mètres du sol. Or, selon la réglementation en vigueur, 30 mètres de sécurité sont nécessaires entre les bois et le passage du téléphérique. Les arbres sous son passage devraient ainsi être coupés jusqu’à atteindre 5 mètres.

« Le président du Sytral nous parle simplement d’etêter [N.D.L.R : décapiter] quelques arbres, note-t-il. Mais les conséquences pourraient être bien pires ! »

Pour illustrer son propos, il pointe du doigt quelques arbres d’au moins une trentaine de mètres de haut. En face du parking, il montre ce que les habitants du coin appellent « le bois de Boiron. » Le téléphérique est pressenti pour passer par là. Suivant sa taille, le modèle et le parcours choisi, des « saignées » plus ou moins importantes pourraient être faites.

Du côté du tracé nord, il cible le passage par le parc du Brûlet et par celui suivant le chemin des sources. « Dans ce dernier, nous avons découvert des écrevisses à pattes blanches, une espèce protégée, commente-t-il. Si vous coupez des arbres ici, c’est la catastrophe. »

Cette végétation représente un cadre de vie essentiel pour les animaux locaux. Elle est aussi importante pour préserver les lieux des îlots de chaleur. Des endroits de fortes chaleurs contre lesquels la Métropole de Lyon lutte par ailleurs.

Reste que, pour l’instant, rien n’est dit. « Je vous dis cela, mais tout reste flou pour l’instant », commente le président. 

Ce flou est d’ailleurs un des des problèmes majeurs pour les membres de l’Agupe. « Enfin, quel que soit le tracé, il y aura quand même un impact important », peste Daniel Aubert. Ce Fidésien électeur écologiste ne comprend pas le désir de continuer le projet. D’ailleurs, il doute que tous les élus écologistes suivent le Sytral et la Métropole de Lyon sur ce projet « au vue de ses potentielles conséquences écologiques. »

Jean-Yves Barbier président de l’Agupe.Photo : PL/Rue89Lyon

Pour la Métropole de Lyon, réfléchir au « coût-bénéfice » global

Sur le sujet, Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président à la Métropole de Lyon, en charge des déplacements, intermodalités et de la logistique urbaine, tempère : 

« On est encore loin de ce niveau de précision pour l’instant », commente-t-il. 

L’élu ne nie pas que la construction du téléphérique pourrait avoir des conséquences environnementales. Mais il invite à mesurer celles-ci à l’aune d’une réflexion « coût-bénéfice » globale. 

« Le retrait de 6 000 véhicules par jour sur la circulation aura aussi une conséquence écologique », rappelle-t-il.

Pour lui, il est encore trop tôt pour les connaître. Il imagine très bien un téléphérique, ou télécabine, posé sur des pylônes de 70 mètres de haut, par exemple, avec des technologies permettant d’utiliser des câbles plus tendus.

Sur le choix des tracés, il souligne la difficulté actuelle. Soit celui-ci passe par le tracé 2 en zone habitable, soit il passe en zone naturelle (tracé 1 ou 3). « Ça devient compliqué », grince-t-il. 

Les collectifs préfèrent-ils garder un statu quo avec des bus coincés dans les bouchons ? Non, répond indirectement l’Agupe. Son président plaide pour la mise en place d’un bus sur site propre dans la rue du Commandant-Charcot. Une solution à l’étude depuis de nombreuses années, selon eux, mais dont les habitants ne veulent pas, selon Jean-Charles Kohlhaas. 

« Si on fait passer les bus en site propre, il n’y aura plus la possibilité de faire circuler de voitures, défend, dans une posture assez inhabituelle, le vice-président de la Métropole de Lyon. Comment les gens vont se passer de leurs véhicules ? »

Pour l’heure, il s’agit avant tout d’y voir plus clair sur le projet. Un point d’ailleurs que soulignent régulièrement les deux membres de l’Agupe. Ces derniers n’ont pas vraiment goûtés le colloque organisé par le Sytral le 29 juin dernier. 2 h 45 d’échanges rassemblant tous les professionnels du câble, sans présence d’autres acteurs pour les contredire. Un moment de « propagande » plus que de communication, selon eux. 

Concertation : début des travaux en novembre

« De plus, les questions de l’enquête d’opinion mise en ligne sont biaisées, s’agace Jean-Yves Barbier. Qu’est-ce qu’ils cherchent dans cette étude ? » 

Réponse de Jean-Charles Kohlhaas : 

« À prendre la température. »

Au passage, il livre des premiers résultats de cette « enquête d’opinion ». Pour l’heure, Francheville et Sainte-Foy-lès-Lyon seraient plutôt contre le projet, Lyon et La Mulatière plutôt pour (lire par ailleurs). « Après, on ne prend pas de décisions à partir d’une étude d’opinion », rappelle-t-il. 

Sur le colloque, le vice-président rappelle qu’il s’agissait d’aborder des questions techniques. « C’était un colloque sur le câble, c’est pour ça qu’on a invité des professionnels du câble. »

Pour le débat contradictoire, il renvoie à la concertation publique. Cette dernière devrait débuter mi-novembre 2021 et courir jusqu’à février 2022. Les associations auront alors le temps de débattre avec les élus de la Métropole et de présenter les potentiels dégâts écologiques des installations prévues, assure-t-il. Nul doute que cela sera fait.

Les anti-téléphériques ont concentré leurs banderoles non loin du parking d’Espace Montagne.Photo : PL/Rue89Lyon.

#EELV

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