Avec des événements tels que la Lyon e-Sport ou encore l’équipe LDLC OL, Lyon est considéré comme un pôle important de l’esport en France. L’ouverture de La Source le 12 juin, un lieu entièrement dédié à la pratique de la compétition virtuelle, témoigne de l’ampleur du phénomène.
Lyon : une place forte de l’esport
Oui, passer sa journée assis, à jouer devant un ordinateur est considéré comme un sport.
Le jeu vidéo, pratique que l’on voyait réservé au simple divertissement, tend à devenir une réelle discipline avec des compétitions de grande ampleur. Cette pratique plus intensive et ambitieuse du jeu vidéo se fait appeler esport ou e-sport.
Ont notamment été créées des structures et des équipes avec comme seul objectif la performance, en adoptant des fonctionnements comparables aux grands clubs de sport.
En janvier 2020 l’équipe formée par l’entreprise lyonnaise LDLC s’est ainsi associée avec l’Olympique lyonnais pour former LDLC OL. Elle compte aujourd’hui 15 joueurs répartis sur 5 jeux différents. Sa division sur Counter Strike, Global Offensive, vient de se qualifier pour participer à un tournoi international.
Ces compétitions sont parfois organisées en ligne mais se retrouvent parfois en physique, recréant une ambiance digne d’un match de sport professionnel. Les plus grands championnats peuvent ainsi réunir plusieurs milliers de supporters habillés aux couleurs de leur équipe.
Depuis 2011, la Lyon e-Sport est une LAN (pour local area network – compétition réunissant les joueurs en présentiel) qui a su prendre de l’ampleur au point de devenir un événement majeur du jeux vidéo en France. On y retrouve des compétitions sur de nombreux jeux dits “compétitifs”, c’est-à-dire qui opposent différents joueurs, et demandant un certain niveau de jeu. L’événement réunit des grands noms du milieu, mais aussi des streamers et des YouTubers. L’édition 2018 avait regroupé 16 000 spectateurs et 100 000 viewers en simultanés sur les chaines de streaming.
Les gagnants de ces compétitions gagnent des « cash prize » dont la somme varie en fonction de l’importance de celle-ci. Le record est détenu par la Fortnite World Cup, qui s’est déroulée à New York en 2019. Le vainqueur, âgé de 16 ans, a remporté trois millions de dollars.
Lyon ne manque pas non plus d’acteurs majeurs du jeu vidéo. Si des Studios à la renommée mondiale y ont élu domicile (Ubisoft, Bandai Namco, Electronic Arts…), la ville compte aussi de très nombreux studios indépendants (Old Skull Games, Artefacts…).
La Source : un tremplin vers l’esport
Aujourd’hui, Lyon continue d’attirer des structures importantes. Situé dans le 8ème arrondissement, rue Marius Berliet, La Source, ambitionne de “devenir le premier centre européen de détection de joueurs professionnels d’esport”.
Avec une ouverture prévue le 12 juin, ce lieu de 730m2 réunit une centaine d’ordinateurs haut de gamme. Il cherche à recréer les meilleures conditions de jeu possibles.
On retrouvera aussi un « espace de rencontres/bar », plus convivial équipé d’écrans pour suivre des compétitions d’esport.
Outre le grand public, des espaces sont réservés aux commentateurs pour diffuser du contenu en direct mais aussi pour accueillir les équipes professionnelles, en proposant un lieu et des services aux équipes en déplacement (coachs mentaux, kinés, salle de sport…).
Démocratiser l’esport à Lyon
L’objectif est de démocratiser cette pratique que beaucoup ne considèrent pas comme une discipline compétitive à part entière. Contrairement aux sports classiques, les compétitions sont en effet plus accessibles car il n’est souvent pas nécessaire d’être licencié pour participer aux qualifications. C’était notamment le cas de la World Cup de Fortnite en 2019 où l’on pouvait participer aux premières phases directement depuis le jeu.
La Source cherche à donner les moyens pour devenir joueur professionnel. Cela passera par une mise en relation avec des avec des nouveaux joueurs de tout niveau et des professionnels de l’esport, comme l’explique le patron et co-fondateur Romain Ragusa, alias Sagura :
« En jouant, Tu croises des gens en ligne. Mais le jeu, via son algorithme, te fait rencontrer toujours les mêmes joueurs, parce qu’il prend des joueurs qu’il pense être de ton niveau. Tu n’apprends donc pas forcément grand chose. Alors que si tu es en « physique », que tu as une personne avec toi et que tu discutes avec cette personne, tu vas pouvoir savoir pourquoi tu as perdu ».
Il illustre son propos en prenant l’exemple des équipes de haut niveau :
« Tous les clubs professionnels aujourd’hui obligent leur membres à venir dans la ville du club. »
Un des autres atouts que met en avant le patron de La Source, c’est l’application qui permet de centraliser les achats de temps de jeu et de nourriture. En plus de ces fonctionnalités, il est prévu qu’elle devienne une sorte de CV pour les joueurs. Y seront répertoriés compétences et compétitions auxquelles le joueur aura participé.
Romain Ragusa promet :
« On va donner les outils et les contacts aux personnes qui ont envie d’aller plus loin ».
Il ajoute :
« On a des contacts, on travaille avec des gens qui sont coach mental, coach physique. On a un partenariat avec la salle de sport qui est à côté, pour permettre aux gens d’être bien dans leur corps, comme bien dans leur tête ».
Il nuance tout de même :
« Augmenter votre niveau, vous donner des outils pour vous améliorer : oui. Mais vous promettre de devenir joueur pro, personne peut faire cette promesse ».
Le patron de La Source conclut :
« C’est exactement comme dans le sport. Le club nous donne tous les outils pour s’améliorer. De temps en temps, il y en a un qui a des talents innés, qui va se démarquer. Lui va percer alors que d’autres non ».
Un lieu attendu
Le dimanche 2 mai, La Source accueillait des invités triés sur le volet pour un test grandeur nature. Sous le cliquetis des claviers, manettes et souris, tous les joueurs rencontrés témoignaient de l’attente de voir un tel lieu ouvrir à Lyon. Bao alias BakaNoKira, streamer et joueur semi-professionnel :
« Le monde actuel commence à s’ouvrir à l’esport. Je me suis dit qu’enfin ce sera notre tour, en France, d’avoir quelque chose de gros. Les autres pays sont déjà en train de se développer sur le sujet. Nous, on est un peu en retard ».
Selon BakaNoKira, les lieux pour se réunir autour d’esport sont aujourd’hui peu nombreux, particulièrement à Lyon. Pour lui, cela permettra surtout de “retrouver des gens autour de la même passion et de faire de nouvelles connaissance”.
Un avis partagé par Sébastien, joueur occasionnel, qui y voit également un lieu pour s’améliorer :
« On peut vite trouver des gens avec qui jouer à certains jeux. Si on cherche à devenir meilleur dans des jeux compétitifs, c’est le bon endroit pour y arriver ».
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