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Sûreté nucléaire : des fragilités qui persistent dans la région de Lyon

Dans son bilan 2020 présenté mercredi 2 juin, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a constaté 31 événements significatifs survenus dans des sites autour de Lyon. 

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centrale nucléaire Bugey Lyon

L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a présenté ce mercredi 2 juin son bilan de l’année 2020 concernant l’inspection des sites industriels, de recherche ou encore des utilisations médicales du nucléaire à Lyon ainsi que dans l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Les conclusions de l’ASN sont contrastées avec des appréciations globalement satisfaisantes entachées de fragilités qui persistent sur certains sites.

31 événements significatifs en 2020 dans la région

Caroline Coutout, cheffe de la division Lyon de l’ASN, le rappelle d’emblée : la division de Lyon est la plus importante de part la taille et la diversité du parc nucléaire. On y trouve en effet quatre centrales nucléaires exploitées par EDF, celle du Bugey (Ain), celle de Saint-Alban (Isère), celle de Tricastin (Drôme) et celle de Cruas (Ardèche). S’y ajoutent les nombreux sites industriels et de recherche de la région, la gestion des déchets nucléaires, le transport des substances radioactives et les établissements hospitaliers, nombreux là aussi, qui utilisent la technologie nucléaire pour effectuer certains soins.

Le secteur du nucléaire a également été impacté par la crise sanitaire et les confinements successifs. Les inspections de terrain de l’ASN ont de ce fait été moins nombreuses et parfois remplacées par le transfert de documents et des interviews à distance. Malgré ça, pour cette année 2020 l’ASN a recensé 31 événements significatifs, détaille Laurent Albert, chef du pôle du nucléaire de proximité :

« Ce chiffre est similaire aux années précédentes. Nous n’avons pas repéré de défaillance majeure en 2020. Nous avons recensé 31 événements significatifs dont un qui concerne un patient traité en radiothérapie sur une jambe et dont la deuxième jambe a été mal calée ce qui a lui provoqué un dermite sur un orteil, sans conséquence pour la personne. Les 30 autres événements de niveau 1 sont relatifs à des fragilités sur le respect des spécifications techniques d’exploitation. »

Des fragilités persistantes dans les centrales nucléaires de la région

Pour la centrale de Cruas, par exemple, l’ASN note « des fragilités dans les domaines de l’exploitation des réacteurs par rapport aux domaines de fonctionnement autorisés ». En clair, le site n’a pas entièrement suivi ce qui correspond au « code de la route » du nucléaire et a pu mal respecter, par exemple, les températures ou les pressions de rigueur. Le constat de l’ASN est identique pour la centrale du Bugey, pour celle du Tricastin et pour celle de Saint-Alban, dans une moindre mesure. Au Bugey et à Tricastin, ces « fragilités sur le respect des spécifications techniques d’exploitation » avaient déjà été pointées du doigt en 2019 par l’ASN.

Si l’Autorité de sûreté nucléaire note des améliorations, des progrès sont encore attendus concernant la gestion des déchets et la prévention de la pollution sur certains sites, explique Richard Escoffier, du pôle des réacteurs à eau pressurisée :

« Pour la centrale nucléaire du Bugey, les performances de sûreté nucléaire restent contrastées. Les fragilités déjà observées en 2019 persistent en 2020. Il y a des améliorations sur la prévention de la pollution de l’environnement mais encore des fragilités. Par exemple, il y a eu un déversement de substances qui ont pu être récupérées avant de contaminer l’environnement. »

La centrale du Bugey à Saint-Vulbas, à 30 km de Lyon et 70 km de Genève. Crédits : IG/Rue89Lyon.

Concernant les sites les plus anciens, en cours de démantèlement, les chantiers ont pris du retard à cause de la crise sanitaire. Le réacteur Superphénix par exemple, situé en bordure du Rhône à 30 km en amont de la centrale nucléaire du Bugey et arrêté définitivement en 1997, a donné quelques frayeurs avec un départ de feu signalé sur un chantier de démantèlement en 2020.

Un établissement hospitalier de la Loire mis en demeure

Un établissement hospitalier de la Loire a été mis en demeure par l’ASN cette année 2020. Il s’agit de l’Institut de cancérologie Lucien Neuwirth, situé à Saint-Priest-en-Jarez, à côté de Saint-Etienne. L’établissement est spécialisé dans la lutte contre le cancer et utilise la radiothérapie et la curiethérapie. L’institut avait éveillé l’intérêt de l’ASN en 2017 puis avait été mis en demeure fin 2019 « de se conformer à certaines dispositions réglementaires en matière d’organisation de moyens humains et de gestion des risques ».

En 2020, l’institut a présenté un plan d’action qui a permis une amélioration de la situation tout au long de l’année d’après l’ASN. L’établissement continuera cependant à être suivi de près en 2021.

L’Autorité de sûreté nucléaire a également dressé trois procès-verbaux sur l’année 2020, sans qu’on ne puisse savoir à quels sites ils ont été adressés pour le moment.

L’année 2021 s’annonce chargée. Plusieurs réacteurs des centrales nucléaires du Bugey ont passé – pour le moment avec succès – leur quatrième visite décennale en 2019 et en 2020. En 2021, ce sera au tour des réacteurs 4 et 5 du Bugey et du réacteur 2 de Tricastin. A l’issue de ces contrôles, ces réacteurs mis en service en 1979-1980 devraient rempiler pour dix années supplémentaires d’activité.


#Auvergne-Rhône-Alpes

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