L’opposition municipale, de droite ou plus précisément collombiste (issue du sérail de Gérard Collomb), commencerait-elle à donner dans la rengaine ? Lors de cette séance du conseil municipal, elle avait il est vrai peu de nouveaux points d’accroche. Alors, elle s’est quelque peu répétée sur les thèmes médiatisés ces dernières semaines.
Lors de la précédente séance en mars dernier, elle avait fait part de ses inquiétudes quant à la programmation pluriannuelle d’investissements de la majorité écologiste. Autrement dit, grosse crainte vis-à-vis du plan de mandat de la majorité de Grégory Doucet, maire EELV de Lyon. Ce jeudi a permis à pour l’opposition d’affirmer tout le mal qu’elle en pensait. Irréalisable, dangereux pour les finances de la Ville ou défaillant sur la sécurité notamment.
Pour l’opposition s’ouvre peut-être désormais une période transitoire. Après la présentation du plan de mandat et dans l’attente de son exécution, comment et sur quoi s’opposer ? Sur l’actualité par exemple. Et les rodéos notamment. Pierre Oliver, maire Les Républicains du 2e arrondissement de Lyon, a ainsi profité des questions des arrondissements pour remettre le sujet sur la table.
Sur la sécurité, « je vous repose les mêmes questions »
Rien de nouveau, il le dit lui-même -« je vous repose les mêmes questions »- estimant n’avoir toujours pas reçu de réponse. Quelles sont-elles ? Comment la mairie compte-t-elle lutter contre la délinquance ? Où en sont les recrutements dans la police municipale ? Que compte faire la Ville de Lyon avec la vidéosurveillance ? Les réponses, le maire d’arrondissement les connaît mais elles sont autant de prétextes pour coincer la majorité écologistes sur la sécurité. Un point estimé faible. Et qui paye médiatiquement.
L’adjoint au maire en charge de la sécurité, Mohamed Chihi, a avancé des chiffres, comme le recrutement en cours de policiers municipaux (25 en 2021 à ce jour, portant les effectifs à 365 au total). Mais aussi « l’amplification de la vidéoverbalisation notamment sur la Presqu’île » pour laquelle il a d’ailleurs remercié la collaboration et le concours du maire du 2e arrondissement. Quant aux rodéos, la ligne de conduite est connue : pas d’interpellation lors des faits (ordre du ministère de l’Intérieur) et interpellation par la suite si possible, notamment avec les caméras de vidéosurveillance de la ville.
Le matin, Pierre Oliver accusait donc la mairie de Lyon de ne rien faire ou presque. Une inaction qui permettrait aux rodéos de se tenir sans difficulté. Dans l’après-midi, sur l’antenne de BFM-TV, l’élu du 2e arrondissement estimait pourtant que le problème venait de la nature ou encore du manque d’application des peines prononcées quand les auteurs étaient retrouvés.
Au conseil municipal de Lyon, la droite en mode cigale et fourmi
Deux autres sujets ont suscité quelques débats de principe. Le premier a concerné la mise en place d’un « Pacte social ». Une sorte de document-cadre listant des actions en matière de gestion des ressources humaines de la Ville de Lyon, et donc de ses agents.
La municipalité entend « allier amélioration des services publics de proximité et conditions de travail des agents », notamment dans le cadre du télétravail. Pour elle, cela passe notamment par l’embauche. La Ville de Lyon souhaite créer 150 postes d’ici fin 2022. Et en prévoit d’autres jusqu’à la fin du mandat.
De quoi susciter une opposition de fond. Entre une majorité qui assume son recours à l’emprunt et l’embauche d’agents malgré le contexte de crise, et une opposition de droite qui prévoit le pire au vu des dépenses engendrées. Pour Yann Cucherat, élu LREM et candidat collombiste aux élections municipales de 2020, une telle entreprise, c’est l’effet ciseaux garanti. Vouloir augmenter les dépenses de fonctionnement de la Ville de Lyon au moment où d’autres augmentent et certaines recettes baissent, en partie liées à la crise sanitaire ? C’est le « dérapage budgétaire » assuré qui « fait craindre le pire pour les années à venir ».
Pour Étienne Blanc, qui fut aussi candidat pour LR à la mairie de Lyon, même discours ou presque. Le patron de l’opposition de droite aurait voulu en savoir plus sur l’application des 35 heures par les agents de la Ville de Lyon ou sur la mise en place d’un service public minimum.
Gérard Collomb en boucle sur l’air de « ne cassez pas mon œuvre »
Il a pu enfoncer le clou (ou la redite) lors de l’examen du compte d’exploitation 2020 de la Ville de Lyon. Soit le document qui recense les dépenses et recettes réellement opérées par la Ville. Pour lui, la majorité écologiste fait courir Lyon à sa perte encore plus vite qu’il ne l’aurait imaginé.
« Vous avez réussi le tour de force d’augmenter les dépenses de fonctionnement sur les seuls trois derniers mois de 2020. Alors que toutes les recommandations devaient vous inciter à les réduire. Il fallait les concentrer sur des actions bien définies »
La majorité écologiste et de gauche s’est de nouveau défendue. Avec les mêmes arguments forcément : la crise sanitaire qui a engendré des dépenses importantes et non prévues et l’affirmation d’une politique d’investissement malgré le contexte, profitant notamment de taux d’intérêts bas pour emprunter.
Gérard Collomb, ex-maire de Lyon, enfin, a pris la parole pour mettre en garde les écologistes « de ne pas tout casser » de ce qu’il avait fait. Comme il le faisait dès la campagne des municipales 2020 quand pointait « le péril vert ». Une autre forme de rengaine.
Chargement des commentaires…