1. Quelles sont les compétences de la Région ?
Avant d’aller voter, petit rappel du champ d’action d’un conseil régional qui interviennent dans différents domaines. Voici les principales compétences :
- Développement économique : définition et coordination de la politique d’aides aux entreprises.
- Gestion des fonds structurels européens, ce qui lui permet d’intervenir sur différents secteurs en tant qu’autorité de gestion.
- Transports : gestion et organisation des TER (Trains express régionaux). Les régions sont les véritables pilotes de la politique ferroviaire sur leur territoire. Elles gèrent également les transports interurbains et scolaires.
- Éducation : construction et gestion des lycées généraux et professionnels.
- Aménagement du territoire : notamment à travers les contrats État-région qui planifient et organisent les aménagements et infrastructures importantes sur le territoire. Et déterminent leurs financements.
- Définition et mise en œuvre de la politique de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
Jusqu’en 2015, les régions disposaient de la clause de compétence générale. Un principe juridique qui leur permettaient d’intervenir, sur son territoire, dans des domaines où elles n’avaient pas de compétences propres. En complément des autres collectivités locales ou de l’État. Depuis la loi NOTRe de 2015, cette clause leur a été retirée.
2. Quand vote-t-on pour les élections régionales 2021 ?
Les dates pour les élections régionales sont fixées au 20 juin pour le premier tour du scrutin, et au 27 juin pour le second tour. En Auvergne-Rhône-Alpes comme dans le autres régions de France métropolitaine et d’outre-mer.
À noter que les mêmes jours se dérouleront les élections départementales, vous voterez donc deux fois (sauf pour les habitants de la Métropole de Lyon qui étaient concernés par des élections métropolitaines en 2020).
3. Où vote-t-on ?
Dans son bureau de vote habituel. Celui indiqué sur sa carte électorale.
4. Qui élit-on lors des élections régionales ?
Des conseillers régionaux et conseillères régionales. Ils sont élu·es pour 6 ans et sont au nombre de 204 au sein du conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes.
À noter : leur mandat durera cette fois près de 7 ans, les prochaines élections régionales ayant été décalées en 2028 pour ne pas se tenir en même temps que l’élection présidentielle de 2027.
5. Quel est le rôle des élu·es de la région ?
Ils siègent à l’assemblée du conseil régional. Ils élisent le ou la président·e du conseil régional (voir plus bas) et les membres de la commission permanente. Cette instance délibère sur les affaires de la région en dehors des réunions de l’assemblée régionale.
Parmi les membres de cette commission sont élus les vice-présidents. Ils formeront l’exécutif régional autour du ou de la président·e et seront en charge d’une thématique particulière. L’assemblée régionale délibère sur les affaires de la région, elle discute et vote les mesures et décisions prises par l’exécutif.
6. Comment élit-on les conseillers régionaux ?
Les élections régionales se déroulent sur le mode d’un scrutin de liste. On vote donc pour des listes et non directement pour un·e candidat·e ou un binôme. De plus, ces listes sont paritaires et comportent des sections départementales. En clair, les bulletins de vote d’une liste sont identiques à l’échelle de la région, ils précisent la tête de liste régionale et candidat·es réparti·es par département.
Auvergne Rhône-Alpes compte 12 départements, plus la Métropole de Lyon. Si un parti veut être présent sur l’ensemble du territoire régional il doit donc présenter une liste de 230 candidat·es réparti·es en 13 sections départementales (204 sièges + 2 remplaçant·es par section départementale).
La répartition du nombre de sièges à pouvoir est la suivante :
- Ain : 15 sièges
- Allier : 8 sièges
- Ardèche : 10 sièges
- Cantal : 4 sièges
- Drôme : 14 sièges
- Isère : 34 sièges
- Loire : 20 sièges
- Haute-Loire : 8 sièges
- Puy-de-Dôme : 18 sièges
- Rhône (Nouveau Rhône) : 13 sièges
- Métropole de Lyon : 30 sièges
- Savoie : 11 sièges
- Haute-Savoie : 19 sièges
7. Comment se déroule le scrutin (attribution des sièges, présence second tour…) ?
Les élections régionales se déroulent selon un mode de scrutin de liste proportionnel avec prime majoritaire. Il combine les règles du scrutin proportionnel et du scrutin majoritaire.
Concrètement, la répartition des sièges et les règles pour être présent au second tour s’établissent ainsi :
1er tour :
- si une liste obtient 50 % ou plus des suffrages exprimés : elle remporte l’élection. Pas besoin de second tour. Elle se voit alors attribuer automatiquement 25 % des sièges, le reste des sièges est réparti de façon proportionnelle entre toutes les listes (dont la gagnante) ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés.
- Si aucune liste obtient la majorité absolue : on procède alors à un second tour. Pour se maintenir une liste doit obtenir au moins 10 % des suffrages exprimés au premier tour. Pour fusionner avec une liste qualifiée pour le second tour, il faut avoir obtenu au moins 5 % des suffrages exprimés. Les listes peuvent donc être modifiées entre les deux tours. À noter : si une seule liste ou aucune d’entre elle n’obtient au moins 10% suffrages exprimés, les deux listes ayant obtenu les scores les plus élevés sont qualifiées pour le second tour.
2nd tour :
- Les règles de répartition sont les mêmes qu’indiquées en cas de victoire d’une liste au 1er tour (25 % des sièges à la liste arrivée en tête et le reste réparti entre toutes celles ayant obtenu au moins 5 % des suffrages exprimées dont la liste gagnante). Elles sont identiques en cas de majorité absolue ou seulement relative.
Précision concernant la répartition des sièges : la répartition des sièges par département se fait sur la base du résultat global au niveau régional. Ainsi, la liste gagnante au niveau régional pourra obtenir dans un département plus de sièges qu’une de ses concurrentes pourtant arrivée devant elle.
Exemple lors des élections 2015 avec le département de l’Isère :
- Résultat régional du 2nd tour : liste LR de Laurent Wauquiez 40,62%, liste PS Jean-Jack Queyranne 36,84%, liste FN Christophe Boudot 22,55%
- Résultat du 2nd tour en Isère : liste Queyranne 40,15%, liste Wauquiez 34,84%, liste Boudot 25,01%. Mais selon les règles de répartition avec la prime majoritaire, la liste Wauquiez a obtenu 16 sièges, la liste Queyranne 11 sièges et la liste Boudot 7 sièges. Pourtant arrivée en seconde position dans le département, la liste de Laurent Wauquiez a obtenu davantage de sièges que celle de Jean-Jack Queyranne grâce à son score régional.
Précision concernant la fusion de listes : les listes étant régionales il n’est pas possible pour une section départementale de refuser une fusion ou de fusionner avec une liste différente. En cela, le mode de scrutin des élections régionales est différent de celui des élections métropolitaines. En 2020, dans la métropole de Lyon, suite à l’accord dans l’entre-deux tours entre la droite et Gérard Collomb, dans certaines circonscriptions les listes de l’ancien maire de Lyon avaient refusé cette fusion ou avaient fusionné avec des listes de David Kimelfeld, l’autre candidat LREM.
8. Élit-on vraiment le ou la président·e de région ?
Pas directement.
Dans la semaine suivant le second tour du scrutin (ou le premier tour, si une liste a obtenu la majorité absolue), les conseillers régionaux et conseillères régionales se réunissent pour élire parmi l’assemblée le président ou la présidente du conseil régional. L’élection du président ou de la présidente de région par les citoyens est donc indirecte.
Ce vote dans la foulée des élections est le fameux « 3e tour ». En cas de résultat serré ou de majorité relative faible pour la liste gagnante, des accords entre d’autres listes peuvent intervenir à ce moment-là.
9. Qui sont les têtes de liste en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Voici les têtes de liste et noms des listes déposées en préfecture (par ordre officiel sur les panneaux d’affichage) :
- Shella Gill (sans étiquette) – Liste « Union essentielle »
- Fabienne Grébert (EELV – Pôle écologiste) – Liste « L’écologie, c’est possible! Avec Fabienne GREBERT »
- Chantal Gomez (Lutte Ouvrière) – Liste « Lutte ouvrière – Faire entendre le camp des travailleurs »
- Bruno Bonnell (La République en marche) – Liste « AURALP, La majorité présidentielle avec Bruno BONNELL »
- Najat Vallaud-Belkacem (Divers gauche – PS, Radicaux de gauche…) – Liste « L’Alternative en Auvergne-Rhône-Alpes avec Najat Vallaud-Belkacem »
- Laurent Wauquiez (Les Républicains) – Liste « Laurent Wauquiez – La Région avec toutes ses forces »
- Farid Omeir (Union des Démocrates Musulmans Français) – Liste « Agir pour ne plus subir
- Cécile Cukierman (Parti communiste – La France Insoumise) – Liste « Ensemble pour notre région »
- Andréa Kotarac (Rassemblement National) – Liste « Rassemblement National avec Andréa Kotarac »
10. Quels sont les enjeux des élections régionales 2021 en Auvergne-Rhône-Alpes ?
Si l’on en croit les sondages, les enjeux sont faibles. Personne ne semble actuellement en mesure de contrarier la réélection de Laurent Wauquiez (LR) – à ce jour pas encore officiellement candidat.
Laurent Wauquiez (LR) : conserver la Région
Le président sortant de la région Auvergne-Rhône-Alpes n’a jamais caché son ambition pour la fonction présidentielle. La Région faisant alors office de tremplin à grands renforts parfois de communication au plan national sur la Région prétendument « la mieux gérée » de France. Son passage rapide à la tête de sa formation politique de Les Républicains, dans une période compliquée, n’a pas été un franc succès avec des élections européennes 2019 décevantes. S’il nourrit toujours des ambitions présidentielles, il devra absolument conserver la Région pour rester en lice.
Gauche et écologistes : s’unir finalement mais sans espoir ?
Dans l’opposition de gauche, le premier tour devrait servir de « primaire » faute d’union. Les écologistes voudront montrer qu’ils ont désormais le « leadership » à gauche. Ils se présentent forts de bons résultats dans certaines grandes villes de la région lors des élections municipales ou métropolitaines de 2020. Ces élections régionales seront l’occasion de voir si leurs thématiques portent également lors d’une élection sur un territoire plus divers. Les socialistes, aux manettes avant 2015, ont réussi à trouver une tête d’affiche pour mener leur liste en la personne de Najat Vallaud-Belkacem. Avec elle, et les élus locaux conservés malgré tout sur le territoire, les socialistes espèrent au moins rester dominants à gauche dans l’hémicycle régional. Au mieux, avec leurs probables partenaires écologistes et communistes au second tour, tenter de ravir la Région à Laurent Wauquiez. Mais ils partent de loin.
LREM : Bonnell en 3e ou 4e homme pour viser le « 3e tour » ?
Le député du Rhône Bruno Bonnell mènera la liste LREM et de la majorité présidentielle. Après les déchirements lors des élections municipales à Lyon et à la Métropole de Lyon, il tentera de resserrer quelque peu les liens de la famille. Il tentera surtout de se qualifier pour le second tour à l’heure où l’étiquette du parti d’Emmanuel Macron n’est pas forcément la plus porteuse. S’il y parvient, il assure qu’il ne fera aucune alliance. Si tel devrait être le cas, on pourrait se diriger vers une quadrangulaire. Il dit d’ailleurs viser la victoire lors du « 3e tour », au moment du vote pour élire le ou la président·e de région.
Rassemblement National : 34 sièges à sauver dans des élections plutôt favorables pour le parti
Le Rassemblement National espèrera conserver au moins le nombre de ses élus actuels. Les sondages actuels le donnent confortablement qualifié pour le second tour. Mais faute d’alliance ou de réserves de voix dans une probable triangulaire au second tour, la victoire s’annonce délicate. La candidature d’Andréa Kotarac, pas évidente en interne, ne semble pas en mesure d’imposer un véritable rapport de force face au président sortant.
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