Ce mardi 27 avril, le tribunal judiciaire de Lyon a mis un point final à l’affaire Erai en reconnaissant la responsabilité de l’ex-région Rhône-Alpes, présidée à l’époque par le socialiste Jean-Jack Queyranne. La Région a été condamnée à verser plus de 10 millions d’euros aux créanciers de l’association Erai.
Erai, la coûteuse casserole de Jean-Jack Queyranne
L’affaire Erai, c’est la casserole que Jean-Jack Queyranne (PS) traîne depuis plusieurs années. Créée en 1987, cette association, de son nom complet « Entreprise Rhône-Alpes International » avait pour but d’aider les entreprises régionales à trouver des marchés à l’étranger. L’organisation, coûteuse, est financée à 60 % par la Région. En mars 2015, sous la présidence de Jean-Jack Queyranne, également président d’Erai, les élus de l’opposition votent contre la subvention accordée annuellement à l’association. Celle-ci est placée en redressement puis en liquidation judiciaire dans la foulée, ses filiales sont reprises tant bien que mal à l’étranger.
Ce mardi, le tribunal judiciaire de Lyon a retenu la « particulière gravité de l’implication » de l’ex-région Rhône-Alpes dans le débâcle de l’association Erai, estimant que la région avait « poursuivi une exploitation structurellement déficitaire pendant plusieurs années et maintenu artificiellement Erai en activité, ce qui constitue, non pas une simple négligence, compte tenu de la durée et de l’ampleur de cet état déficitaire, mais une faute de gestion ayant contribué à l’insuffisance d’actif dont ils doivent être déclarés responsables ».
Le tribunal donne comme exemples emblématiques du naufrage d’Erai l’acquisition « ruineuse » d’un pavillon lors de l’exposition universelle de Shanghaï ou le « déménagement coûteux » de l’association dans de nouveaux locaux à Confluence.
Verdict : la Région a été condamnée à verser très exactement 10 460 000 euros aux créanciers d’Erai.
Erai, une aubaine pour Laurent Wauquiez à l’approche des élections régionales
A deux mois des élections régionales, l’actuel président de région, Laurent Wauquiez (LR), a sauté sur l’occasion pour enfoncer le clou dans un communiqué :
« Cette affaire illustre malheureusement les errements de la mauvaise gestion régionale par la précédente majorité et ses conséquences pour le contribuable, qui paie toujours pour les fautes commises par les gouvernants mal avisés. Il est heureux de constater que cette page a depuis été tournée et que sur ce mandat il n’y a eu aucun scandale financier comme l’a été celui d’Erai. »
Laurent Wauquiez évoque « un scandale financier » qui « va coûter plus de 10 millions d’euros aux contribuables ». La région Auvergne-Rhône-Alpes annonce son intention de saisir la justice pour que la responsabilité personnelle de Jean-Jack Queyranne soit engagée, et non celle de la Région.
Ce mardi 26 avril, Jean-Jack Queyranne a justement été entendu par la brigade financière de la PJ de Lyon d’après une information de Lyon Capitale confirmée par son entourage. Cette audition libre s’inscrit dans le cadre d’une enquête ouverte en 2016 suite à un signalement fait par Laurent Wauquiez qui accuse Jean-Jack Queyranne de « prise illégale d’intérêts », « favoritisme » et « abus de confiance ». Dans l’entourage du socialiste, on trouve la coïncidence pour le moins étonnante :
« L’enquête préliminaire a été ouverte il y a cinq ans. Aucun acte d’enquête n’a été rendu public en cinq ans. C’est au moment où la décision de justice tombe concernant l’affaire Erai et à deux mois des élections régionales que la PJ convoque le principal intéressé. »
« Tout le monde a sa part de responsabilité, y compris Laurent Wauquiez »
Les élu·es du rassemblement citoyen, écologiste et solidaire (RCES) dénoncent une instrumentalisation de l’histoire par l’actuel président de Région :
« M. Wauquiez instrumentalise une décision de justice et se pose en véritable révisionniste de l’histoire. Les élu·es UMP puis LR de la Région ont toujours soutenu ERAI de 2004 à 2015. »
Le RCES rappelle au passage que deux élu·es, Jean-Charles Kohlhaas et Monique Cosson, s’étaient constitué·es intervenant·es volontaires mais ont été débouté·es par le tribunal judiciaire de Lyon.
Du côté des socialistes, interrogé·es par Le Progrès, on affirme que la responsabilité est collective dans l’affaire Erai :
« La droite a toujours soutenu ERAI et ses dirigeants. Et, en mars 2015, ils ont décidé, à quelques mois des élections, d’un coup, de ne pas voter une subvention normale, ce qui a provoqué la cessation de paiement. […] Là, on se retrouve avec une condamnation de 10 millions alors que la subvention était de 4,7 millions à l’époque. Si on l’avait votée, on en serait pas là. Tout le monde a sa part de responsabilité, y compris la droite et Laurent Wauquiez. Il cherche à nous faire porter le chapeau alors que lui est aussi pleinement responsable. »
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