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Les étudiants réagissent aux aides annoncées par la Métropole de Lyon

La Métropole de Lyon et le Sytral (autorité organisatrice des transports en commun à Lyon) ont annoncé le déploiement d’aides à destination des étudiants. Transport, logement, emploi et stage… Les représentants d’organisations étudiantes sont plutôt mitigés sur l’ensemble du dispositif pourtant vanté par les élus à majorité écologiste.

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Université Lyon 3 rentrée universitaire études Lyon

Le conseil de la Métropole du 25 janvier 2021 a ordonné la création d’un groupe de travail portant sur la précarité étudiante. Ce groupe de travail s’est réuni chaque jeudi du mois de février.

Un mois plus tard, le 25 février, Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon, a annoncé les nouvelles aides d’urgences qui vont entrer en vigueur pour lutter contre la précarité étudiante.

  1. Suspensions des prélèvements mensuels TCL et tarifs étudiants
  2. Lutter contre la fracture numérique
  3. 500 emplois saisonniers pour les étudiants
  4. 1000 stages pour les étudiants à la Métropole
  5. Prolongation du dispositif d’accompagnement psychologique
  6. Un bus de soutien psychologique, de distribution et d’information
  7. 1,3 millions d’euros pour le fonds d’urgence d’impayés de loyers, inutilisé par les étudiants

Suspensions des prélèvements automatiques mensuels TCL et mise en vigueur de tarifs étudiants

La première disposition a été prise par le Sytral, syndicat mixte organisateur des transports en commun lyonnais, dirigée elle aussi par Bruno Bernard. Celle-ci a été accueillie avec soulagement par la plupart des étudiants interrogés.

Les prélèvements mensuels TCL de tous les étudiants qui ont pris un abonnement annuel pourront être annulés pour le restant de l’année à partir du mois de mars. Pour les étudiants boursiers ou bénéficiant d’une aide d’urgence, il est possible de se faire rembourser le mois de janvier et de février.

En sus, une mesure pérenne sera mise en place à partir de septembre prochain. Les élèves boursiers pourront bénéficier d’un tarif mensuel TCL de 10 euros. Les 18-25 ans bénéficieront d’un tarif réduit, qui passe de 32,50 euros à 25 euros.

Thomas, président de l’association la MIFA, à Lyon 3 et étudiant en troisième année de licence de droit, déclare :

« C’est une bonne chose. Tout le monde demandait ce changement de tarif. C’était la première chose à faire. C’est un débat qui est relancé depuis des nombreuses années, maintenant que c’est fait on peut se réjouir. »

Lucile, étudiante à Lyon 2 et militante à Solidaires Etudiant.e.s nuance :

« On trouve ça bien que les boursiers soient pris en compte comme ça. Mais il y a beaucoup d’étudiants qui ne rentrent pas dans les critères d’attribution de la bourse et qui sont aussi dans la galère. »

Elle illustre :

« Les étudiants étrangers passent en dernier pour les logements Crous et ne touchent pas les bourses. Il s’agit d’une population particulièrement précaire, qui devrait être considérée au moins comme les boursiers. »

Le mercredi 24 février, Bruno Bernard, président du Sytral et de la Métropole à l’initiative de la mesure a déclaré à 20 minutes :

« Il nous reste à discuter le périmètre [du dispositif, ndlr] pour intégrer les étudiants les plus précaires qui n’ont pas accès aux bourses. »

Bruno Bernard, président de la Métropole avec Grégory Doucet (masqué), maire de LyonPhoto : Houcine Haddouche/Rue89Lyon

250 000 euros pour lutter contre la fracture numérique

Pour lutter contre la fracture numérique universitaire et éviter le décrochage scolaire, la Métropole de Lyon apportera une aide supplémentaire de 250 000€ pour équiper les étudiants en clefs 4G et en ordinateurs portables.

Cette mesure est en réalité une reconduite de celle qui avait été prise par David Kimelfeld en juillet dernier. La somme allouée à cette aide numérique était alors du double : 500 000 euros. Selon Jean-Michel Longueval :

« Dès fin septembre on avait tout consommé. Dans un deuxième temps il fallait qu’on évalue la demande, en plus l’université a débloqué des sous en propre donc on ne savait pas trop au niveau de l’évaluation des besoins. »

Jean-Michel LonguevalPhoto : Ville de Bron, Dominique Perron

Cette subvention est versée à la communauté des établissements qui gèrent eux-même l’affectation de l’argent. Pour Laura Lehmann de Gaelis, cela ne garantit pas l’égalité d’aide entre les étudiants et l’assurance que tous ceux qui en ont besoin pourront être aidés :

« Quand ils ont donné la première enveloppe, chaque université utilisait cette aide comme elle l’entendait. Tous les étudiants n’avaient pas accès aux aides numériques sur les mêmes critères. En plus, certains établissements ont mis des fonds propres : Lyon 1 avait ouvert un programme “tous connectés” par exemple. »

Le siège de l’Université de Lyon, situé rue Pasteur. Le bâtiment accueille également un IUT de Lyon 3 et une résidence universitaire. Il a été inauguré en 2016 par Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre de l’Education nationale.Photo : PP/Rue89Lyon

Pour Thomas de l’association la MIFA à Lyon 3 :

« On en a toujours bien besoin, surtout des clés 4G. Ça peut servir aux étudiants comme aux profs : le wifi dans nos locaux n’est pas forcément super. »

« Il faudra répartir les aides selon des critères plus justes »

Pour Lucile, étudiante à Lyon 2 et militante pour Solidaires :

« Lyon 2 avait prévu au début de l’année scolaire 200 clés 4G pour 30 000 étudiants, ils ont clairement sous-estimé le nombre d’étudiants qui sont dans le besoin. Des moyens supplémentaires ça ne peut pas faire de mal, mais il va falloir que ça soit une vraie aide, pas sous forme de bons d’achats… »

Laura Lehmann, présidente de Gaelis (Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires) et étudiante en sciences politiques à Lyon 3 ajoute :

« Les clés 4G et les cartes sim qui vont être mises à disposition seront sans doute délivrées d’après une attestation sur l’honneur aux élèves qui en font la demande, sur le principe de la bonne foi. Il faudra évaluer ça avec des critères les plus justes possibles. »

Selon Jean-Michel Longueval, vice-président de la métropole de Lyon en charge des universités et de la vie étudiante, il n’existe toujours pas de bilan chiffré de l’utilisation de la première enveloppe d’aide de la métropole :

« Il ne faut pas oublier que cette aide de la métropole est un complément de budget. Il s’évalue aussi avec les retours, ce qu’on entend. »

500 emplois saisonniers pour les étudiants

La Métropole de Lyon va également se mobiliser sur l’emploi des jeunes à la recherche de stages et de jobs d’été. Elle proposera ainsi 1000 stages sur l’année 2021 et créera 500 emplois saisonniers.

Laura Lehmann déclare :

« Pour l’instant on n’a pas eu beaucoup d’éléments sur comment cela va s’organiser. C’est un premier pas qui est important, mais ce n’est pas avec cette annonce qu’on va pouvoir dire que dans un mois, tous les étudiants qui cherchent un stage ou un emploi vont pouvoir trouver. »

Pour la présidente de Gaelis il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin :

« Il n’y a pas de solution miracle, il faut une politique d’embauche qui soit plus ambitieuse, dans certains secteurs il y a des liens qui peuvent être faits, que le message soit passé. »

Selon Quentin Taïeb, président de l’UNI à Lyon 3 et étudiant en troisième année de licence en sciences politiques, la proposition de nouveaux emplois saisonniers aux étudiants est une très bonne nouvelle :

« Je dis bravo. Il en faudrait plus mais c’est bien. »

Lucile de Solidaires apprécie aussi la création des emplois saisonniers :

« On ne crache jamais dessus. Il y a beaucoup d’étudiants qui attendent d’avoir un job pour reprendre un appartement à Lyon. Sinon ils sont trop dans la galère. Mais bon 500 jobs, à l’échelle de Lyon… »

1000 stages pour les étudiants à la Métropole

Au sujet des stages, les étudiants sont un peu moins enthousiastes. Pour Quentin Taïeb, cette mesure pourrait aussi se révéler piégeuse :

« Il y a stage et stage. On ne peut pas proposer à un étudiant de bosser trois euros par heure si c’est pour un stage qui ne correspond pas à son ambition professionnelle. Il faut rester prudent. »

La plupart des masters des universités de Lyon 3 ne délivrent leurs diplômes qu’au terme d’un stage de fin d’étude. D’après Lucile de Solidaires :

« Il y a des classes où deux tiers de la promo n’ont pas trouvé de stage. Des étudiants qui ont fini leur master 2 de psychologie l’an dernier ne peuvent pas avoir le titre de psychologue parce qu’ils n’ont toujours pas réalisé leur stage de fin d’étude. »

Jean-Michel Longueval, vice président de la métropole de Lyon en charge des universités et de la vie étudiante rappelle qu’il ne s’agit que d’un coup de pouce :

« Chaque service de la Métropole a déjà des quotas de stagiaires. On en a élargi le nombre. Pour le reste, on va mobiliser le réseau des entreprises, les syndicats patronaux, les chambres syndicales. On fait jouer notre réseau. »

Prolongation du dispositif d’accompagnement psychologique

Le dispositif d’accompagnement psychologique d’écoute et de soutien aux étudiants porté par la fondation ARHM (centre hospitalier Saint Jean de Dieu) et l’Institut Régional Jean Bergeret (IRBJ), pleinement créé et financé par la Métropole de Lyon, sera prolongé au-delà du mois de juin.

Ce dispositif consiste en des consultations psychologiques gratuites, individuelles ou collectives, pour rompre la solitude dans laquelle se trouvent les étudiants.

Comme pour bon nombre des mesures prises à destination des étudiants et mises en place suite à la fermeture des facs, il est difficile d’estimer si et dans quelle mesure le dispositif est utile. La Métropole n’a pas procédé à des évaluations chiffrées. Pourtant, Jean-Michel Longueval déclare que le dispositif est une réussite :

« On a eu que des retours positifs ! »

Il manque quand même le nombre d’usagers réguliers, ou une évaluation de la part des étudiants. Les étudiants interrogés connaissent rarement plus d’une personne qui en a l’usage, mais les retours semblent, dans l’ensemble, plutôt positifs. Laura Lehmann (Gaelis) semble d’ailleurs en savoir un peu plus que le vice-président :

« Il y a les numéros verts et des live instagram ont lieu tous les mardis soirs avec des thématiques accessibles, comme celle du bien-être. Tous les programmes sont gratuits, et avec un bon suivi. »

Elle ajoute :

« On peut faire les consultations en visio comme en présentiel. 40% des étudiants qui consultent reviennent pour un second et un troisième rendez-vous. »

Pour Thomas, de l’association la MIFA, à Lyon 3 :

« On n’en entend pas trop parler parce que c’est tabou, mais aussi, ceux qui ont le plus besoin d’aide psychologique, ce sont souvent les étudiants étrangers. C’est les plus isolés. »

A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel.Photo : LS/Rue89Lyon

Lucile (Solidaires) déclare :

« Les Centres Médico-Psychologiques des facs sont débordés, les consultations sans suivi, les dispositifs insuffisants. Il ne faut pas prolonger le dispositif de la Métropole, il faut le pérenniser. »

« Les étudiants veulent retourner en cours plutôt que d’aller chez un psy »

A cette remarque, Jean-Michel Longueval répond que ce n’est pas à la Métropole de s’occuper de cela, qu’il s’agit d’un dispositif d’urgence.

Pour Lucile c’est une réponse facile :

« La santé psychologique des étudiants, personne ne veut s’en occuper. Sans doute que ce serait à l’Etat et aux collectivités territoriales de mettre un dispositif pérenne en place. Les universités n’ont pas les moyens, elles ne peuvent pas faire grand chose sans les financements. »

Pour Quentin Taïeb, président de l’UNI à Lyon 3, c’en est assez des dispositifs psychologiques, ce dont les étudiants ont besoin, c’est de la réouverture des facs :

« J’ai pas mal de retours d’étudiants qui sont dans l’incompréhension. La plupart souhaiterait pouvoir retourner en cours plutôt que d’aller chez un psy, le mal-être vient beaucoup de ça. Si les étudiants pouvaient parler à leurs amis, à leurs profs, en vrai, ça irait déjà un peu mieux. »

Quentin Taïeb déplore d’ailleurs que la mesure de mise à disposition de grands espaces événementiels inutilisés pour faire cours proposée par l’opposition n’ait pas été retenue par la Métropole.

Pour Jean-Michel Longueval, cette mesure n’allait pas dans le sens des priorités des facultés lyonnaises :

« L’objectif des établissements c’est de revenir dans leurs locaux à eux, c’est aussi ça que veulent les étudiants. Je ne pense pas qu’ils veulent prendre un bus pendant une heure pour aller suivre un cours à Eurexpo. »

Un bus de soutien psychologique, de distribution et d’information pour les étudiants

La Métropole de Lyon, aux côtés du CROUS, de l’IRBJ et du SSU (Service de Santé Universitaire), a mis en place un dispositif de « Rencontres aller-vers » au sein de son bus info-santé-social sur l’ensemble du territoire.

Dès la semaine du 12 mars, ce bus se déplacera à proximité des restaurants universitaires des campus, pour apporter des informations autour des questions de santé, d’accès aux droits des étudiants, et leur distribuer des équipements de protection individuelle ainsi que des produits d’hygiène.

L’utilité d’un bus a été questionnée par plusieurs étudiants. Lucile de Solidaires, elle, s’en amuse :

« Pourquoi un bus ? Un bus comme un bus scolaire mais qui distribue des serviettes hygiéniques et des prospectus dans toute la ville ? Ça m’a fait rire. »

Pour Quentin Taïeb (l’UNI), il s’agit d’une opération de communication :

« La Métropole se saisit du sujet maintenant, alors que ça fait des mois que la plupart des grosses associations étudiantes font des distributions régulières et de la sensibilisation aux droits, pareil pour les organismes d’aide. »

Pour Thomas de la MIFA, ce bus pourrait s’avérer très utile :

« Je pense que c’est une bonne mesure. On est informés sur nos droits de bourse ou de CAF par exemple mais on n’est pas tant informé de comment fonctionnent les mutuelles et les protections sociales par exemple. »

Il explique :

« Auparavant, il y avait une sensibilisation à l’utilité de la mutuelle étudiante obligatoire en première année de fac. Maintenant plus, la mutuelle on en comprend l’utilité quand on en a le plus besoin. »

Lucile abonde en ce sens :

« Quand on tracte au début de l’année, on se rend compte qu’il y a beaucoup d’informations que les étudiants ne possèdent pas. Les aides financières ponctuelles sont très méconnues par exemple, comme les aides ponctuelles du Crous ASAA et ASAP. »

Pour ce qui est des distributions de première nécessité, Thomas considère qu’il n’y en a jamais trop :

« Pour l’instant on n’a jamais entendu parler de surplus à la fin d’une distribution, tout part toujours. »

« La prévention par les pairs a ses limites »

Il y a aussi des personnels d’accompagnement et d’écoute qui se déplaceront avec le bus. Etudiants bénévoles, services civiques… Laura Lehmann a déjà fait remonter l’information selon laquelle ces personnels manquent de formation. Cela se ressent dans l’aide prodiguée aux étudiants en difficultés :

« Même pour eux c’est lourd à porter. On demande à des jeunes en service civique au Crous de faire de la pratique préventive : faire du porte-à-porte chez tous les étudiants qui connaissaient les personnes qui ont fait des tentatives de suicide par exemple. »

Pour les aider à effectuer leur tâche plus sereinement, Laura Lehmann a proposé une solution :

« La Métropole pourrait financer la formation de premiers secours en santé mentale. Ça revient à 300 ou 400 euros par jeune. »

Elle ajoute :

“La prévention par les pairs a ses limites, c’est une trop grande responsabilité. Surtout que d’une structure à une autre (le Crous ou le service de santé universitaire par exemple) ils n’ont pas forcément les mêmes outils, ils ne vont pas orienter de la même manière.”

Cela ne relève pas directement de la compétence de la Métropole. Jean-Michel Longueval ne manque pas de le rappeler :

« Je suis d’accord que c’est un métier, l’écoute psychologique. Les services civiques n’ont pas vocation à remplacer un professionnel, c’est pour ça qu’on a la plateforme Bergeret. Mieux qualifier les jeunes bénévoles et services civiques c’est un débat qu’il faut porter avec le Crous.

Il ajoute :

“On réfléchit quand même pas mal à ces problématiques de santé mentale dans le monde universitaire. Avec des médecins du SSU et à l’initiative des universités de Lyon, on a pensé à créer un centre de santé mentale, ils bossent sur ce dossier en tout cas.”

1,3 millions d’euros pour le fonds d’urgence d’impayés de loyers, inutilisé par les étudiants

Côté logement, la Métropole de Lyon a voté un budget total de 1,3M€ pour le fonds d’urgence d’impayés de loyers, budget qui comprendra les impayés de loyers des étudiants également. 

Tout comme l’aide numérique citée plus haut, ce fond d’urgence est une reconduite de juillet dernier. Là encore, difficile de mettre la main sur une estimation chiffrée de son utilisation par les étudiants. Une chose est sûre, le fond n’a pas rencontré un franc succès, par méconnaissance du dispositif. Jean-Michel Longueval l’admet :

« Ce fond a été renouvelé, mais la première fois les étudiants n’ont pas eu beaucoup recours à ce fond. Ils ne savaient pas qu’il existait. On va mobiliser les bailleurs privés déjà, leur dire qu’ils peuvent y avoir recours avec leurs locataires et on va aussi communiquer à ce propos dans le journal de la Métropole. »

Il reconnaît en sus ne pas avoir d’estimation de la population étudiante qui est en difficulté de logement :

« On peut avoir du mal à chiffrer : combien de dossiers sont en souffrance d’impayés, qui est en procédure, et qui ne l’est pas ? »

D’après Lucile de Solidaires, la Métropole a essayé de se reposer sur les étudiants associatifs :

« Ils avaient tendance à vouloir qu’on fasse du travail gratuit pour eux. Ils nous ont demandé de faire des enquêtes auprès des étudiants par exemple. On a déjà notre travail syndical, on n’est pas là pour faire le travail pour lequel on n’est pas payés. »

La résidence étudiante Jean Mermoz a été construite dans les années 70.

Pour Quentin Taïeb, une fois de plus, la Métropole arrive après la guerre :

« Ils débloquent des fonds pour les impayés de loyer, c’est super, mais les étudiants les plus précaires ont déjà rendu leurs appartements depuis longtemps. Il faudrait plutôt penser à agrandir les résidences universitaires pour quand tout le monde va revenir. »

Lucile de Solidaires déclare que pour régler le problème des logements étudiants, il faudrait d’abord aider les étudiants à retrouver massivement des jobs :

« La plupart des étudiants qui ont rendu leur appartement ou leur chambre, ils se remettront à en chercher quand ils auront trouvé un job étudiant ou saisonnier pour faire rentrer des sous. »

Elle ajoute :

« De toute façon, il faudra un jour se mettre en face du fait qu’à Lyon, le logement étudiant c’est vraiment une galère. Les chambres Crous sont insuffisantes en nombre par rapport aux demandes. Il y a des résidences privées hors de prix qui se font de l’argent sur le dos des étudiants. »

Un bilan mitigé à propos de ces mesures annoncées par la Métropole donc, et qui laisse à certains jeunes le sentiment qu’il n’y a toujours pas de réflexion long terme amorcée sur le sort des étudiants.

A la manufacture des tabacs, le campus reste résolument vide, les étudiants sont en distanciel.Photo : LS/Rue89Lyon

L’opposition force de proposition

Dès les premières réunions, l’opposition avait formé un groupe de travail transpartisan composé des groupes Progressistes et Républicains, (proches de LREM avec à leur tête David Kimelfeld, ancien président de la Métropole) mais aussi Synergies Métropole (composé des maires des Mont d’Or et Val de Saône de centre droit), Inventer la Métropole de Demain (proches de LREM et anciennement groupe de Gérard Collomb dont le président est Louis Pelaez) et Métropole pour Tous.

Ils ont porté à la connaissance des élus un document reprenant plusieurs mesures en matière de transports, de logement, d’alimentation et de formation. Comme s’en est amusé Jean-Michel Longueval :

« Ils ne nous ont pas attendus pour commencer à travailler. »

Pour Laura Lehmann, présidente de Gaelis (Groupement des Associations et Elus étudiants de Lyon Indépendants et Solidaires) et étudiante en sciences politiques à Lyon 3, le conseil a su s’écouter malgré les divergences politiques :

« Le groupe Les Progressistes et Républicains, Lyon et la Métropole en commun ont porté des éléments importants en conseil, et la Métropole s’est vraiment saisie de ces sujets. Il y avait des contributions de toutes parts, de plus ils nous demandaient vraiment notre avis à nous, les étudiants. »

Pour Lucile, étudiante à Lyon et 2 et représentante du syndicat Solidaires étudiant.e.s Lyon, la constitution de ce groupe de travail s’est révélée être une bonne chose, mais elle se méfie des effets d’annonce :

« Je crois que les étudiants ne font plus trop confiance aux mains tendues des politiques. Les dernières mesures qu’on nous a annoncées avant celles-ci, c’était celles du gouvernement : Les 150 euros auxquels la majorité des étudiants auraient droit, les chèques psy… On n’en a toujours pas vu la couleur. »


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Photo : LS/Rue89Lyon

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