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Parc relais dans la Métropole de Lyon : il faudra se garer ailleurs

Mis en place pour encourager les automobilistes à laisser leurs voitures aux portes de Lyon, le projet de développement des parcs relais devraient être quasi à l’arrêt sous ce mandat. Aucun nouveau ne sera construit. Enjeux pour les écologistes élus à la Métropole de Lyon : aller chercher les habitants plus loin. Et faire des économies de foncier.

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Parking-relais Laurent Bonnevay à Villeurbanne

Dans le reste du comité syndical du Sytral, des élus s’interrogent sur la stratégie à suivre, jusqu’au sein de la majorité de gauche.

Jour d’abondance pour les automobilistes du parc relais d’Oullins. Le lieu fait l’objet d’un article « insolite » dans le quotidien le Progrès. Son objet ? Un miracle. 150 places sont disponibles ce matin. D’habitude, le panneau à l’entrée affiche le mot  « complet » en rouge dès 8 h. Ce jour est donc une exception et pour cause : l’article est daté du 1er janvier. 

Le reste de l’année, nombre des 21 parcs relais (ou parking-relais ou encore P+R, ndlr) du Syndicat mixte des transports pour le Rhône et l’agglomération lyonnaise (Sytral) voient rouge dès 8 h – 9 h du matin que ce soit à Vaise, Cuire, Oullins, Mermoz (Lyon 8e), etc. bien qu’une légère baisse de fréquentation soit à noter fin 2020 (lire par ailleurs).

Aucun parc relais prévu à Lyon dans le plan de mandat des écologistes

Installés aux portes de Lyon, voire en son sein, ces derniers ont un but : développer l’intermodalité et pousser les grands Lyonnais à laisser leur voiture pour prendre les transports en commun, en conditionnant l’abonnement au parc relais à celui des transports en commun lyonnais (TCL).

Loin de répondre à l’ensemble de la demande des automobilistes, ils proposent 7100 places d’accueil. Leur développement, aussi proche de Lyon, devrait prendre fin.

Sur cette carte, 19 des 21 parcs relais de Lyon et ses alentours sont représentés. Il manque les plus lointain (porte de Lyon et Grézieu-la-Varenne). Crédit : Sytral.

En effet, aucun parc relais n’est prévu dans le plan de mandat du Sytral. Ambitieux, celui-ci se concentre sur le développement des infrastructures (tram, bus, etc.) sans aborder cette question.

« Il n’y en a pas de prévus sur ce mandat »

confirme à Rue89Lyon Jean-Charles Kohlhaas (EELV), vice-président en charge des déplacements, intermodalités et logistique urbaine pour la Métropole.

Les derniers travaux devant se terminer à ce niveau sont ceux lancés sous le précédent mandat. Le parc-relais (P +R) de Meyzieu les Panettes va voir son nombre de places doubler, passant de 600 à 1200, avec une ouverture cette année.

Avec la prolongation de la ligne B du métro à Saint-Genis-Laval, au sud de Lyon la station sera dotée d’un parc relais avec vélos et voitures. Initialement, ce dernier devait accueillir entre 900 et 950 véhicules. Des réflexions, initiées par la nouvelle majorité, sont en cours pour réduire sa taille ou réserver des places au covoiturage, vélo, etc.

À la marge, d’autres réflexions sont en cours pour trouver des solutions sur le court terme (lire par ailleurs) sans passer par la case « travaux ».

Des interrogations jusque dans la majorité de gauche

Le par relais Meyzieu Gare, à l’est de Lyon, pas vraiment saturé fin juilletPhoto : LM/Rue89Lyon

Une nouvelle fois, les écologistes cherchent à imposer leur marque sur les questions de mobilités. Finis les aspirateurs à voiture au cœur de la Métropole : il va falloir aller chercher les habitants plus loin et arrêter de les faire venir aux portes de Lyon en voiture. Une position qui interroge jusqu’au sein de l’actuelle majorité. 

« Il n’y a pas d’oppositions politiques sur le sujet. Juste des équilibres à trouver. »

précise Raphaël Debû (PCF) à Rue89Lyon.

Lors du comité syndical du Sytral du 8 février 2021, l’élu métropolitain s’était interrogé sur la construction d’un possible parc relais du côté de Vénissieux avant l’arrivée du tram T10, annoncé pour 2030. Selon lui, les rues sont déjà saturées de voitures. 

De même, du côté de l’ancienne majorité, on s’inquiète de l’absence de projets sur le mandat. 

« On est d’accord sur le fait qu’on ne peut pas en construire de partout. Mais, quand on a des zones multimodales avec l’embranchement de plusieurs lignes de trams et de métro comme à Vénissieux, la question se pose »

commente Michel Le Faou (LREM), membre du comité syndicale du Sytral, pour Rue89Lyon.

Pour l’élu, le tout est de construire au bon endroit. Hors, si le parc relais est trop loin comme à Grézieu-la-Varenne (seul parc relais relais hors métropole de Lyon, dans l’Ouest lyonnais), il ne se remplit pas. 

Des études pour des parcs relais dans la métropole de Lyon, à Givors et Saint-Romain-au-Mont-d’Or

Pour Jean-Charles Kohlhaas (EELV), le « bon endroit » pour ce type d’installations est donc plus loin, près de potentielles gares gérées par la Région Auvergne-Rhône-Alpes.

« Cela fait longtemps que l’entrée de la Métropole n’est plus aux portes de Lyon »

Jean-Charles Kohlhass

Deux installations sont à l’étude côté gares TER : une à Givors et l’autre à Saint-Romain-au-Mont-d’Or. Objectif : aller chercher les habitants au plus proche de chez eux et leur éviter de prendre la voiture.

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbainePhoto : HH/Rue89Lcyon

« Si les habitants doivent faire 75 % du trajet en voiture, ils le termineront en voiture »

Jean-Charles Kohlhass

L’intérêt pour lui est économique et écologique. Dans le cœur de la métropole de Lyon, soit dans les zones urbanisées, il estime le coût d’une place de parking à 25 000 euros, avec des parkings sur plusieurs étages. Un chiffre légèrement moindre, selon l’ancienne majorité, mais qui reste conséquent (lire par ailleurs). En comparaison, en périphérie, ce prix pourrait descendre à 5 000 euros, grâce à des installations « à l’horizontale », moins onéreuses. 

Dans ce cas, comment amener les habitants jusqu’au métro ou au tram comme à Vénissieux ? « Une réorganisation du réseau de bus pourrait être faite », indique l’élu. L’objectif étant de rabattre des flux de voyageurs vers des lignes « structurantes » (métro ou train). L’idée est séduisante. Reste à convaincre les habitants et à développer ces fameuses lignes avec des transports en commun « lourds ». 

Un point chaud : l’aménagement du plateau nord

Le maire de Rillieux-la-Pape Alexandre Vincendet à la sortie de la réunion « Sécurité et tranquillité publique ». Préfecture du Rhône, le 24 juillet 2020.Photo : AG/Rue89Lyon

Or, certaines zone de la métropole de Lyon en sont dépourvues. C’est le cas du plateau nord. En novembre, les maires de Caluire, Sathonay-Camp et Rillieux-la-Pape ont lancé une pétition pour une prolongation de la ligne B du métro.

Dans leur projet, celle-ci devrait connaître des arrêts à Saint-Clair, Montessuy-Foch, Le Vernay, Sathonay Gare, Rillieux-centre pour finir à Osterode, une zone que veut développer le maire de Rillieux, Alexandre Vincendet (LR). 

« Pour nous, la question des parcs-relais est secondaire, tant que nous n’avons pas de transports lourds », indique-t-il à Rue89Lyon.

Doublement de la population de Sathonay-Camp en dix ans, développement de Rillieux, explosion démographique de la population aindinoise (habitants de l’Ain, ndlr) sur la zone de la Côtière, frontalière avec le Rhône, venant travailler sur Lyon… Il s’agit d’allonger le métro, et vite. La prolongation de la ligne pourrait drainer 80 000 voyageurs par jour.

« Dans 15 ans, ce sera déjà beaucoup trop tard ».

Alexandre Vincendet, maire LR de Rillieux-la-Pape

Et sur la question multimodale ? Le maire temporise. « Bien sûr », un parc-relais sera sûrement nécessaire, mais une « approche globale » doit être faite en amont. Projet de bus à haut niveau de service (BHNS) entre Trévoux et Part-Dieu, en passant par Sathonay-Camp, développement de la gare… Le secteur brasse plusieurs problématiques et nécessite une vision globale. Autrement dit, pour l’instant, rien n’est acté. 

« Sans la Région, pas de lignes structurantes »

L’enjeu est toujours le même : plus on va chercher les populations loin, moins les places de parking sont chères et moins les habitants prennent la voiture. Pour cela, des lignes fortes, confortables, sont indispensables. Mais elles peuvent aussi être construites par la… Région Auvergne-Rhône-Alpes.

Tram-train de l’ouest Lyonnais en gare de l’Arbresle, photo Wikipedia

Jean-Charles Kohlhaas (EELV) conçoit sans peine la construction de nouveaux parcs relais proches des gares du futur RER à la lyonnaise.

« Si l’on fait passer le RER métropolitain entre Brignais et Givors, on peut très bien imaginer la construction de parcs relais à Vourles ou Grigny »

Jean-Charles Kohlhass

Le cas de Grézieu-la-Varenne l’illustre : un parc-relais ne fonctionne pas sans ligne forte.

« Je rêve toujours de faire un tram-train jusqu’à Grézieu. Ce ne sera pas sur ce mandat, mais, qui sait, peut-être plus tard »

Jean-Charles Kohlhaas.

Pour l’heure, seuls les bus circulent entre Grézieu et Gorge de Loup. À partir de 2022, le sort de ce parc-relais reviendra au Sytral.

D’ici là, les élus attendent toujours le plan de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, en charge des trains express régionaux (TER), pour le nouvel RER métropolitain dans lequel la Métropole se dit prête à mettre « des centaines de millions d’euros. »

C’est autour de celui-ci que devraient apparaître les futurs parcs relais de Lyon. En octobre, le président de Région, Laurent Wauquiez (LR), s’était notamment dit favorable au prolongement du tram-train entre Givors et Brignais. Interrogé en novembre par nos confrères de BFM TV, il avait aussi annoncé un plan du RER métropolitain pour janvier 2020. Comme les élections régionales, décalées de mars à juin, cette annonce a été reportée.


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