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Malgré la dissolution, des locaux identitaires toujours ouverts à Lyon

Ce mercredi 3 mars, un décret pris en conseil des ministres a prononcé la dissolution de l’association d’extrême droite radicale Génération identitaire basée à Lyon. Mais il ne concerne pas les associations à travers lesquelles les identitaires exploitent leurs locaux dans le Vieux Lyon.

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La Traboule, espace de détente identitaire à Lyon. Janvier 2017 ©Léo Germain/Rue89Lyon.

Comme pour le Bastion Social (ex-GUD) en 2019, le gouvernement a fini par dissoudre un autre groupe d’extrême-droite radicale. Il s’agit cette fois de l’association Génération identitaire dont le siège est basé à Lyon. Une mesure qui fait suite notamment à leur dernière opération anti-migrants menée à la frontière avec l’Espagne, dans les Pyrénées du côté de Luchon (Haute-Garonne).

Dissolution seulement de l’association Génération identitaire

Une différence de taille existe toutefois entre les deux procédures. La dissolution de l’organisation nationaliste Baston Social visait également sa « galaxie » d’associations. Des associations qui sous des prétextes parfois équivoques lui permettaient de louer des locaux. Comme le « Pavillon Noir », son local quai Pierre Scize à Lyon. En trompant parfois les propriétaires. La dissolution du Bastion Social s’était donc matérialisée par celles de ses associations satellites à Chambéry, Aix-en-Provence, Clermont-Ferrand, Marseille, Strasbourg et Lyon.

Cette fois, contrairement à ce qu’on pouvait attendre, le décret de dissolution de Génération identitaire concerne uniquement l’association du même nom. Or, c’est par le truchement de deux autres associations que les identitaires louent leurs deux locaux dans le quartier du Vieux Lyon.

A travers l’association « La Traboule » les identitaires occupent et louent leur bar du même nom. Et c’est derrière l’association « Top Sport Rhône » qu’ils occupent la salle de boxe « L’Agogé ». Les associations « La Traboule » et « Génération Identitaire », fraîchement dissoute, sont d’ailleurs domiciliées à la même adresse : celle de leur local montée du Change dans le Vieux-Lyon.

Maintien de ligue dissoute ?

La dissolution de la seule association Génération identitaire peut donc permettre au mouvement de continuer l’occupation de ses locaux. Une dissolution des associations locataires auraient de fait entraîné la fin des baux en cours.

Toutefois, en maintenant ses activités dans leurs locaux, l’organisation pourrait se rendre coupable de maintien ou de reconstitution de ligue dissoute. Comme ce fut le cas pour les nationalistes de l’Oeuvre française. Le gouvernement actuel a utilisé également cette procédure avec les anciens du Bastion social.

Contactée, l’association Génération identitaire nous a indiqué rester prudente pour l’heure sur ce sujet. Si les deux associations ne sont pas concernées par la dissolution, les deux locaux sont bien évoqués dans le décret (voir plus bas). Elle attend alors de voir comment va évoluer la procédure. Génération identitaire souhaitant contester sa dissolution, qu’elle juge « plus idéologique que factuelle », devant le Conseil d’État.

Le bar associatif des identitaires, « La Traboule », a rouvert le 12 septembre 2020 après plus d’un an et demi de fermeture administrative. L’établissement ainsi que la salle de boxe attenante avaient été fermés par deux arrêtés municipaux pris par Jean-Yves Sécheresse, alors adjoint à la sécurité de Gérard Collomb. Ils interdisaient l’accueil du public pour raison de sécurité principalement liée à des risques incendie.

En septembre dernier, la municipalité écologiste n’avait eu d’autre choix que d’autoriser sa réouverture après la réalisation de travaux de mise aux normes. La salle de boxe, l’Agogé, avait pu rouvrir plus tôt dès 2019.

A noter que les deux lieux sont fermés au public, comme d’autres établissements accueillant du public, du fait des règles sanitaires en vigueur. Ce qui n’empêche pas des militants identitaires de les fréquenter.

Une myriade d’associations identitaires aux objets sociaux très proches

Ce mercredi 3 mars, le décret du ministère portant dissolution de Génération identitaire rappelle l’objet social de l’association Génération identitaire. Il porte sur « la défense et la promotion des identités locales, régionales françaises et européennes à travers tout type d’évènements ».

Un objet qui rappelle celui de l’association « La Traboule », domiciliée à la même adresse : « défense de la culture lyonnaise et européenne partout dans le monde, valorisation du lien social à travers l’organisation d’évènements culturels et son implication dans la vie du quartier ». Deux associations différentes. L’une est dissoute, au nom des actions ou propos de ses dirigeants selon le décret, l’autre non.

Chez les identitaires comme chez les nationalistes du Bastion Social, il existe une myriade d’associations derrière lesquelles gravite l’organisation. À Lyon, on compte également « Lyon le melhor », association dont l’objet est de promouvoir elle aussi « l’identité culturelle lyonnaise et européenne » ou encore « Les petits lyonnais ». Une association qui organise notamment les montées aux flambeaux les 8 décembre en hommage à la Vierge Marie. Le préfet du Rhône avait d’ailleurs interdit celle du 8 décembre 2019. Une décision contestée et pour laquelle le tribunal administratif de Lyon leur a donné raison fin 2020.

Les identitaires ont fait de Lyon un de leurs fiefs. Ici, l’intérieur de leur local, la Traboule (dans le Vieux Lyon) ouvert en 2011. Photo de 2015Photo : LB/Rue89Lyon

Une « idéologie incitant à la haine »

Si le décret du ministère de l’intérieur ne concerne pas l’ensemble de ces associations, il évoque toutefois leurs locaux dans le Vieux Lyon. Surtout, il énumère quelques uns de ses griefs et des faits d’armes de l’organisation.

Il estime en premier lieu que son objet social est en fait l’occasion pour Génération identitaire de promouvoir « une idéologie incitant à la haine, à la violence ou à la discrimination des individus à raison de leur origine, de leur race, ou de leur religion ». En rappelant que « l’acte fondateur » de Génération identitaire fut l’occupation de la mosquée de Poitiers en 2012 alors en construction. A laquelle participèrent des membres lyonnais.

Le décret estime par ailleurs que l’association entretient « un amalgame insidieux entre d’une part les musulmans et les immigrés et d’autre part « la racaille », les « assassins » ou les terroristes en visant ainsi à attiser le ressentiment d’une partie de la population à l’encontre des étrangers ». Fustigeant alors le concept de « remigration ».

Un terroriste comme bienfaiteur selon le ministère de l’intérieur

Il évoque également les liens entre l’association et d’autres organisations d’extrême droite radicale et violente. Des liens entretenus à Lyon avec certains supporters de l’Olympique Lyonnais. Des liens documentés aussi dans la notification de dissolution adressée par le ministère de l’intérieur à Génération identitaire. Elle indiquait notamment la présence de cinq membres de l’association parmi les hooligans ayant agressé des supporters turcs lors de l’Euro de football 2016 à Lyon.

Dans le décret, le ministère révèle par ailleurs que Brenton Tarrant, terroriste responsable de l’attentat de Christchurch en Nouvelle-Zélande le 15 mars 2019 contre des musulmans, était selon lui un « membre bienfaiteur » de Génération Identitaire.

L’Agogé, la salle de boxe des identitaires, pointée

Enfin, le décret évoque la salle de boxe de l’Agogé et les camps d’été d’entraînement notamment en format « groupes de rue ». Autant de lieux et activités permettant selon lui de préparer des violences.

Il invoque les actions anti-migrants menées dans les Alpes au col de l’Echelle en 2018; dans les Pyrénées en janvier 2021; en Méditerranée en 2017 avec location d’un navire.

Cette dissolution ne l’empêchera pas de renaître sous un autre nom. Presque une habitude pour les organisations d’extrême droite après les dissolutions. Dernièrement, celle du Bastion Social a donné lieu à la création de Lyon Populaire et de Audace Lyon, fondés par des anciens membres. Lyon Populaire avait notamment tenté de s’implanter dans les Monts du Lyonnais, avec l’ouverture du local Terra Nostra à Larajasse. Qui a finalement dû fermer ses portes.


#Extrême-droite

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Photo : ED/Rue89Lyon

Photo : Le Bureau – Jour 2 Fête

Photo : Léo Germain/Rue89Lyon.

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