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Téléphérique à Lyon : les 10 points de la controverse

Le débat bat son plein autour du projet de transport par câble autrement appelé téléphérique, actuellement envisagé entre Francheville et Lyon. Son tracé le ferait passer par Sainte-Foy-lès-Lyon et la Mulatière ; il est prévu pour fin 2025. Décryptage des arguments en défaveur du téléphérique et des réponses de Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon délégué aux déplacements, intermodalités et à la logistique urbaine.

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La ligne jaune du téléphérique de La Paz, en Bolivie  ©Dan Lundberg

La maire (LR) de Sainte Foy-lès-Lyon, Véronique Sarselli, clame haut et fort son opposition au projet de transport par câble. Elle a récemment transmis un courrier incendiaire au président (EELV) de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard. Qui est également le président du Sytral, syndicat mixte et autorité organisatrice des transports en commun lyonnais (TCL.

La missive de Véronique Sarselli a pour objet de demander un référendum et une plus grande concertation. Elle y multiplie les arguments à l’encontre du projet, en s’appuyant notamment sur des études du Sytral lorsque l’organisme était alors présidé par une protégée de Gérard Collomb, Fouziya Bouzerda (Modem).

En guise de préambule, soulignons que les diverses études citées dans cet article et rendues disponibles par la mairie de Sainte-Foy-lès-Lyon sont des études de pré-faisabilité, ou d’impact, qui ont été établies sur des tracés qui ne seront peut-être pas ceux choisis in fine par le Sytral.

Image extraite du dossier « profils – vues en plan – impacts » d’Egis sur commande du Sytral. Non daté.

Les études doivent peu ou prou se rapprocher du trajet qui sera prochainement étudié par le maître d’œuvre chargé du projet (non encore choisi). Elles calculent en effet les coûts et intérêts du tracé médian, soit le tracé favori du Sytral (c’est-à-dire Gerland et peut-être Confluence, la Mulatière, Sainte-Foy-lès-Lyon centre, Francheville).

Néanmoins, les études ne démontrent pas l’absolue infaisabilité du téléphérique et son inaptitude à répondre aux impératifs d’insertions paysagères et de déplacements de l’Ouest lyonnais. Il serait plus juste de dire que l’étude, datant de 2019 notamment, n’est pas concluante sur le tracé qui a été étudié.

Une bagarre politique autour des études de faisabilité

À propos de ces études peu encourageantes, Jean Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon mais aussi vice-président au Sytral, a récemment déclaré à la presse locale que les études lancées par le bureau précédant la mandature écologiste ont été orientées :

“Manifestement, le Sytral n’y croyait pas en 2017-2018. Et le bureau d’études nous a très clairement dit qu’on lui avait demandé une étude à charge. Ils ont un peu minimisé le nombre de voyages potentiels et un peu surestimé les coûts.”

Ce à quoi, Fouziya Bouzerda, anciennement à la place de Bruno Bernard, a répondu toujours par voie de la presse que ces affirmations étaient fausses et très graves :

« On n’a pas comme objectif de bidonner des études. […]”

Au voeux du SYTRAL au Grand Hôtel-Dieu, Fouziya Bouzerda Présidente du SYTRAL. Vendredi 25 janvier 2019.©MG/Rue89Lyon

Réinterrogé à ce sujet par Rue89Lyon, Jean-Charles Kohlhaas n’en démord pas mais semble un peu plus mesuré :

« Moi je suis surpris qu’elle ait réagi comme ça. Je connais encore mieux le bureau d’études Egis qui a fait les récentes études, lesquelles disaient 25 000 et pas 8 000 voyageurs par jour. » 

Il ajoute :

« Quand on ne croit pas en un projet on n’y croit pas. La différence qu’il y aujourd’hui c’est que nous, nous croyons que ce serait intéressant de changer la culture lyonnaise. »

Projet étendard de Bruno Bernard ou d’utilité avérée ?

Le réaménagement en grande pompe du quartier Confluence ainsi que celui des berges du Rhône ont fait la vitrine des mandats successifs de Gérard Collomb. Le téléphérique semble aussi se positionner comme un projet phare idéal pour Bruno Bernard, un président écologiste encore peu connu des grands-lyonnais. Et dont l’image pourrait alors se construire autour d’un projet phare et symbolique auquel les électeurs pourraient l’identifier.

Pour son vice-président (VP) Jean-Charles Kohlhaas, on reproche surtout au téléphérique de ne pas être un bus ou un métro. C’est-à-dire de ne pas être un transport auquel les lyonnais sont habitués :

« Ce n’est pas un métro, c’est clair. Il ne va pas transporter 200 000 personnes par jour mais il a son domaine de pertinence. Il me semblerait très intéressant de prendre cette proposition au sérieux. »

Retour, en 10 points, sur les sujets qui fâchent.

1. Survol de zones résidentielles calmes : le problème de la covisibilité

Compte tenu du fait que le téléphérique pourrait probablement passer par le centre de Sainte-Foy-Lès-Lyon, certains fidésiens ont exprimé leur crainte que l’on voit à l’intérieur de chez eux ou dans leur jardin.

Dans un des rapports du Sytral, le rapport « ARCADI » de 2019, il est écrit que :

“Le passage à Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment à proximité du centre, est complexe, du fait des problématiques de survol de maisons individuelles.”

Le passage de la mairie de Sainte-Foy. Image extraite du dossier « profils – vues en plan – impacts » d’Egis sur commande du Sytral. Non daté.

En page 6 du rapport de présentation du projet SYTRAL 2020, il est aussi noté que le plateau de Sainte-Foy-Lès-Lyon représente une difficulté dans “un contexte urbain constitué d’une proportion importante de maisons individuelles avec de grands jardins et souvent des piscines. […]”. 

Cette même étude estime que 1300 familles pourraient être impactées par la covisibilité.

Représentation de l’hypothétique station de Sainte-Foy-Lès-Lyon.
Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.

Pour l’élu écologiste, il s’agit d’une crainte justifiée à laquelle le Sytral pourrait apporter des réponses satisfaisantes :

“Je comprends cette crainte, dans les téléphériques urbains il n’y a pas de covisibilité verticale, quand on est dans le téléphérique on ne peut pas regarder en dessous. On ne voit qu’à un peu plus que l’horizontale puisque les parois sont opaques jusqu’à 1m50, avec une visibilité très très faible.”

Jean-Charles Kohlhaas ajoute :

« Il y a un cas particulier qui ne devrait pas se poser dans la zone de Sainte-Foy mais qui pourrait se poser ailleurs, c’est la covisibilité à l’horizontale de bâtiments qui seraient très élevés comme de grands immeubles (quatre étages ou plus) lorsque la cabine descend. 

Le VP semble avoir réponse à tout :

« Si il y a des covisibilités possibles, on peut tout à fait opacifier complètement la cabine afin que personne ne puisse regarder. »

Jean-Charles Kohlhaas (EELV), 5ème vice-président, délégué aux déplacements, aux intermodalités et à la logistique urbaine ©HH/Rue89Lyon

2. Survol de bâtiments historiques et classés

Cette première ligne de téléphérique lyonnaise se situe dans un secteur patrimonial particulièrement riche. Cela inquiète aussi certains habitants de Sainte-Foy-Lès-Lyon qui ont peur de voir des lieux historiques dénaturés par le passage d’un téléphérique dans le ciel.

Dans un des rapports du Sytral, le rapport « ARCADI » de 2019, il est écrit que :

« Le passage à Sainte-Foy-lès-Lyon, notamment à proximité du centre, est complexe, du fait […] de passage dans le périmètre du monument historique de la tour du Télégraphe et de l’Aqueduc du Gier. »

Dans une autre étude Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020, il est noté que :

“contrairement aux exemples d’autres villes françaises ou étrangères, la situation lyonnaise présente des contraintes d’insertion dans des tissus urbains déjà constitués et pour certains historiques.”

Pour le vice-président de la métropole, ce problème est loin d’être insurmontable :

“On en discutera avec l’ABF [architecte des bâtiments de France] c’est clair. Bien sûr on va essayer de faire un tracé où il y a le moins d’impact possible par rapport à ces bâtiments historiques. »

Il ajoute :

« En général, ce qui importe à l’ABF, c’est plutôt le problème inverse. C’est-à-dire qu’il ne faut pas qu’on voit des pylônes depuis les fenêtres du bâtiment, par exemple.”

Aqueduc du Gier – Chaponost – Arches après rénovation 2009-2010 Arnaud Fafournoux, CC BY-SA 3.0 via Wikimedia Commons

Il y voit même des avantages :

“En revanche, je pense que l’ABF peut être très intéressée par l’aspect touristique lié à la visibilité nouvelle de la ville et du patrimoine. Il y a l’avantage qu’on puisse voir tout le patrimoine d’en haut. Je pense à l’aqueduc du Gier notamment : une télécabine permettra de le voir dans sa totalité, dans son linéaire. C’est quand même quelque chose de très intéressant.”

3. Survol de la “ceinture verte” et insertion paysagère

Nommé “poumon vert” de la ville de Lyon par certains, le transport par câble risque de passer en plein milieu de la ceinture verte qui se situe entre la ville de Lyon et Sainte-Foy-Lès-Lyon.

Les détracteurs du téléphérique mettent en avant la problématique de sauvegarde d’espèces rares dans cette zone et protégées par la PLU-H (plan local d’urbanisme et de l’habitat).

L’étude du Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020 note que le projet de téléphérique fait face à “des problématiques d’insertion paysagère ([…] de paysages remarquables et sensibles)”.

Pour Jean-Charles Kohlhaas, il faut attendre les résultats des études d’impact :

“Il y aura de toute façon une étude d’impact sur l’environnement, avec un inventaire des espèces qui pourraient être concernées par le projet. Aujourd’hui c’est beaucoup trop tôt pour vous dire si il y aura un impact, s’il sera positif, s’il sera négatif…”

Image extraite du dossier de « Liaisons de transport par câble » daté d’octobre 2020 du Sytral, réalisé par l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise.

Il ajoute que, de toute façon, pour des raisons logistiques, la zone verte sera probablement épargnée :

“Il est fort probable qu’il n’y aura pas de pylône en plein milieu de la “zone verte”, puisqu’elle est en vallée, et donc on ne va pas descendre pour remonter. L’intérêt du transport par câble est de passer au-dessus avec un pylône de chaque côté. Mais il faudra regarder.”

L’élu écologiste ajoute :

« J’ai le sentiment que dans cette zone, on ne s’est pas posé de question quand on a fait passer le viaduc. Je pense que le transport par câble a un impact sur le paysage qui est quand même très inférieur à ce qu’on a déjà fait dans ces zones : des pylônes haute tension ou des routes sur des ponts ou des viaducs. »

4. Lyon, une ville (trop) urbanisée pour un téléphérique ?

Les bâtiments hauts sont nombreux à Gerland et à Confluence, et les axes routiers pas toujours linéaires. Faire passer un téléphérique dans cette jungle urbaine comporte-t-il des risques ? L’étude Sytral « UrbaLyon » d’octobre 2020 note que 

“De nombreuses contraintes s’ajoutent à ce constat, d’ordre technique (zigzag entre bâtiments existants d’hauteur importante, survol à proximité d’installations sensibles type P4…).”

De plus, des bâtiments très hauts tels que l’immeuble d’Euronews à Confluence par exemple, pourraient poser problème au niveau de Lyon.

“Si on a proposé une jonction à Gerland directement d’Oullins c’est qu’il nous semblait que c’était possible. C’est plus compliqué dans la variante où on passerait par Confluence pour relier Gerland. Mais ça doit être étudié de manière fine.”

Image extraite du dossier de « Liaisons de transport par câble » daté d’octobre 2020 du Sytral, réalisé par l’Agence d’urbanisme de l’aire métropolitaine lyonnaise.

Il précise :

“Le transport par câble peut passer à trente, quarante mètres de hauteur, donc bien au-dessus de bâtiments. Quand il doit passer dans des zones où il y a des immeubles, il doit passer 18 mètres au-dessus pour éviter les risques d’incendie. Tout ça va être étudié de près. Pour l’instant on est sur un tracé de principe.”

Difficultés du passage du téléphérique à Confluence. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. ndlr : le 3S est le téléphérique dit « tricâble » qui résiste à des vents de plus de 110 km/h.

Il ajoute :

“L’avantage d’un transport par câble c’est qu’on peut le décaler de quelques mètres pour éviter de passer aux endroits où ça pose problème.”

5. Un coût élevé

Dans l’étude prospective de la commission générale du Sytral 13 décembre 2019, on peut lire que les transports par câbles sont “beaucoup plus coûteux qu’un BHNS [bus ndlr] voire un tramway (jusqu’à 27M€/km).”

Le Sytral a annoncé 160 millions d’euros d’investissement qui seraient alloués au projet. Alors qu’il s’agit déjà d’un budget important, et compte tenu des difficultés citées précédemment, peut-on imaginer une addition de plus en plus salée au fil des années, comme pour le téléphérique brestois ?

Le vice-président à la Métropole a déjà imaginé un téléphérique supporté par trois câbles par exemple, afin d’encaisser des vents de 110 km/h, ou des vitres fumées pour éviter la co-visibilité. Ce qui alourdirait encore le coût du projet.

Jean-Charles Kohlhaas est prudent :

“On verra ce que donne l’étude, si effectivement l’étude nous dit qu’il faut faire du tricâble, qu’il faut faire des pylônes en or massif ou je ne sais quoi, c’est clair qu’on réfléchira au projet lui-même » 

Selon lui, il faut surtout être patient :

« Pour l’instant on en est pas là. Je ne sais pas combien de jours par an les zones traversées ont des vents supérieurs à 90 km/h par exemple. »

Le téléphérique des Capucins, à Brest  CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Common

Jean-Charles Kohlhaas déclare avoir tiré des leçons des erreurs des autres :

“Si le téléphérique de Brest a eu quelques soucis c’est essentiellement dû à plein d’innovations et d’expérimentations qu’ils ont voulu lancer en même temps. On va essayer d’être un peu plus prudent et de tenir compte des retours d’expérience des autres.”

Si le téléphérique s’avère être un éléphant blanc, Jean-Charles Kohlhaas annonce que le projet pourrait être abandonné :

“Pour l’instant, la fourchette de 160 millions d’euros telle qu’elle est annoncée, c’est un coût moyen pour un téléphérique urbain normal. Il est possible qu’on fasse un truc efficace mais pas trop luxueux, ou qu’on ne fasse pas le téléphérique du tout.”

6. Incertitude sur la fréquentation

Le dossier de presse du Sytral daté de décembre 2020 mise sur une fréquentation de 20 000 à 25 000 personnes par jour. L’étude prospective de la commission générale du Sytral 13 décembre 2019 avait quant à elle noté :

“Pour une fréquentation relativement modeste (jusqu’au plus 4000 voyageurs par jour entre Francheville et Gerland – 8000 l’été pour le Grand Parc.” 

La différence est d’envergure, c’est notamment celle-ci qui avait mené à la petite controverse citée plus haut, entre l’actuel vice-président de la métropole et Fouziya Bouzerda.

Jean-Charles Kohlhaas déclare :

“Nos prédécesseurs ont travaillé avec le modèle de simulation de fréquentation du Sytral qui s’appelle Modely. Il est en général plutôt pessimiste sur les fréquentations possibles, on l’a vu sur les projets de tramway de ces dernières années. »

A la question « pourquoi serait-il pessimiste ? », le vice-président à la Métropole répond :

“Pour tous les projets Sytral, le logiciel Modely calcule toutes les personnes qui sont dans un rayon de 500 mètres, 400 mètres, 1 kilomètre et c’est tout. Cela fonctionne pour le cœur de ligne où on est plutôt sur de la proximité, moins en bout de ligne on est plutôt sur des rabattements.”

La différence entre les 8 000 et les 25 000 personnes escomptées se justifierait par de potentiels rabattements :

“On a quand même un potentiel en haut de parcours sur Francheville de rabattement qui n’est pas inintéressant, des quartiers qui sont assez denses, en particulier celui de la Gravière en bas de Sainte Foy-Lès-Lyon. » 

Il poursuit :

« Il faut imaginer des personnes qui peuvent venir prendre le transport par câble par d’autres modes : à pied, en voiture, en vélo avec le tram-train de l’ouest lyonnais. La gare de Francheville par exemple est à quelques kilomètres de Chaponost.”

7. Une pollution sonore

L’une des stations pourrait se trouver en plein centre de Sainte-Foy-Lès-Lyon. Les détracteurs du téléphérique invoquent le risque d’une pollution sonore incessante. Sur le site internet du Sytral, on pouvait lire parmi les désavantages de ce mode de transport que :

“Cela implique l’insertion de pylônes et stations en milieu urbain avec de forts impacts paysagers et acoustique des stations.”

Pour Jean-Charles Kohlhaas, la pollution sonore reste toutefois un « faux problème » :

“Comme le dit très bien madame Sarselli [la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon] dans son courrier de 2017, c’est un moyen de transport qui fait très peu de bruit. La pollution sonore d’un transport par câble par rapport à une rue avec des voitures ? C’est mille fois moins !”

En effet, la maire de la commune impactée était, en 2017, dans un collectif de maires qui avaient commandé les premières études pour relier la zone à Lyon par téléphérique.

Il ajoute :

“Effectivement c’est un moyen de transport qui fait très peu de bruit mais en plus le bruit monte, et le transport par câble passe au-dessus des habitations. »

Qu’en est-il des stations ?

“Au niveau des stations, le téléphérique n’est pas si bruyant. On l’implante dans des lieux pensés pour, et après le bruit il est à l’intérieur de la station, il n’est pas à l’extérieur. Une station est fermée.”

Station mairie de Ste Foy. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis.

Jean-Charles Kohlhaas conclut :

“Après on aura l’étude d’impact qui dit précisément toutes les choses. Si ça permet de supprimer quelques milliers de voitures qui traversent ces zones, je pense que le bilan bruit va être positif.”

8. Des expropriations nécessaires ?

L’étude prospective de la commission générale du Sytral datant du 13 décembre 2019 notait “des contraintes très fortes sur l’insertion urbaine des stations”.

Celle-ci met en avant la nécessaire acquisition foncière de certains bâtiments pour les détruire afin de bâtir les stations. Il pourrait même s’agir d’une barre d’immeuble à la station de La Roule.

Jean-Charles Kohlhaas décrit :

« À ma connaissance, pour l’instant, il n’est pas prévu d’expropriation de bâtiments d’habitation ni pour les pylônes, ni pour les stations mais le tracé précis pourra nous le dire. J’ai entendu dire qu’il y avait un espace public qui pourrait être discuté. »

Il compare avec d’autres projets du Sytral :

“Je pilote aussi des projets de tramway, là on a des bâtiments à démolir. Quand on veut élargir un peu la voirie pour permettre de faire passer le tramway on est obligés de les raser. Là ce ne sera pas le cas.”

Station de La Roule. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral, réalisé par le bureau Egis. En rouge l’immeuble qu’il est envisagé de raser.

Et il revient sur le cas de l’immeuble de la station de La Roule :

“L’immeuble de La Roule est menacé de démolition dans le cadre de la rénovation urbaine. Si jamais il doit rester en l’état, le transport par câble peut passer au-dessus. On ne va pas détruire un immeuble de cinquante logements pour passer un transport par câble, non.”

9. Absence de concertation et crise de confiance

Des campagnes publicitaires vantant la future ligne de téléphérique ont déjà été affichées à l’arrière des bus du Sytral alors que, pour l’instant, aucune concertation n’a été lancée. Les esprits s’échauffent, particulièrement dans la commune de Sainte-Foy-Lès-Lyon où s’est créé le collectif Touche pas à mon ciel.

Jean-Charles Kohlhaas déclare :

“Je le comprends bien. J’aimerais quand même redire, on a d’abord eu une demande des élus de Sainte Foy, de Francheville, d’Oullins d’inscrire au plan de mandat précédent une ligne par câble, on a ensuite eu des élections métropolitaines il y a quelques mois où, dans notre programme, nous avions inscrit la réalisation d’une ligne de transport par câble et en priorité celle-là.”

Il poursuit :

“Ce n’est pas de la concertation, on est bien d’accord, mais c’est un point de départ de principe. Du coup les services du Sytral ont étudié plus finement avec Egis [bureau d’étude] la possibilité de réaliser ce transport par câble, et ils l’ont présenté aux élus c’est-à-dire les maires des villes concernées avec les élus du Sytral”.

Le 18 décembre 2019, le bureau Egis présente une première étude de pré-faisabilité :

“On leur dit : “est-ce que vous voulez qu’on continue ou qu’on arrête ?”. Ce comité de pilotage n’a absolument pas dit qu’il voulait arrêter.”

Planning du projet téléphérique. Image extraite du dossier de « pré-faisabilité du téléphérique » daté de novembre 2020 du Sytral. Dossier complet disponible ici.

Mais qui se trouvait dans ce comité de pilotage ?

“Il y avait le maire de Francheville, la maire de la Mulatière, la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon était représentée par une adjointe, il y avait aussi la maire du 7e arrondissement. Ils nous ont dit : “on continue les études parce que pour l’instant le tracé est pas assez précis pour qu’on voit les impacts de manière claire ». »

« Il y aura une concertation », répète à plusieurs reprises Jean-Charles Kohlhaas à Rue89Lyon :

« Celle-ci est bien prévue, obligatoire et réglementaire. Et à l’issue de cette concertation, nous déciderons si nous continuons ou non le projet.”

Il a du mal à comprendre la volte-face de la maire de Sainte-Foy-lès-Lyon :

“Le projet avance, elle [Véronique Sarselli] doit avoir des habitants qui haussent le ton. Du coup elle se retrouve coincée entre sa démarche initiale qui me semblait être la bonne et la réaction de ses habitants.”

La maire de Sainte-Foy-Lès-Lyon ne nie pas de son côté avoir témoigné beaucoup d’intérêt pour le transport par câble. Elle assure que c’est d’après les études d’impact peu engageantes citées précédemment que son avis a changé.

10. Un impact faible sur les problématiques de transports en commun de l’ouest lyonnais

Les maires de l’ouest lyonnais tirent la sonnette d’alarme depuis plusieurs années à propos des difficultés qu’ont leurs habitants à relier Lyon par les transports en commun. Notamment Tassin la-Demi-Lune, Craponne, Saint-Genis-les-Ollière, Marcy l’Etoile… Le téléphérique ne changera pas grand-chose aux difficultés que rencontrent ces communes là.

Pour Jean-Charles Kohlhaas le téléphérique ne peut pas, à lui tout seul, répondre aux impératifs de transports publics de l’ouest lyonnais :

“Il y a aujourd’hui quatre projets potentiels pour apporter des réponses aux problématiques de transports collectifs dans l’ouest lyonnais, il y a le projet de tram-train de l’ouest lyonnais, le métro E, le transport par câble et l’augmentation de la desserte bus dans certains secteurs qui est aussi sur les rangs.”

Jean-Charles Kohlhaas insiste sur l’importance de ne pas opposer les projets :

“Pour moi, il est clair que ces projets ne sont pas en concurrence les uns avec les autres. Mis à part peut-être le métro E avec le RER. Mais le transport par câble n’est pas en concurrence avec le métro E. Ce sont des projets différents, complémentaires. Et sur ces quatre projets de l’ouest lyonnais, il faudrait qu’on en réalise au moins trois.”

La ligne jaune du téléphérique de La Paz, en Bolivie  ©Dan Lundberg


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