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Métropole de Lyon : budget 2021 et plan de mandat sous Covid

Ce lundi 25 janvier, l’exécutif écolo de la Métropole de Lyon a fait adopter son budget pour l’année 2021 et son plan de mandat qui court jusqu’en 2026. Ces projections sont, sans surprise, marquées par la crise du Covid et la dégradation des finances de la collectivité. Malgré tout, une programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de 3,6 milliards d’euros a été votée, en augmentation par rapport à la précédente mandature.

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Bruno Bernard président de la Métropole de Lyon

Comment se projeter dans les prochains mois pour une collectivité qui pèse plusieurs milliards de budget ? La question est déjà difficile par temps de Covid alors quand il s’agit de présenter une programmation pluriannuelle des investissements (PPI), autrement dit le plan de mandat jusqu’en 2026, cela relève de la gageure.

Covid-19 = baisse des recettes et augmentation des dépenses

Pour le court terme, les élus de la Métropole de Lyon devaient adopter ce lundi 25 janvier au matin, en visioconférence, le budget 2021 de la collectivité.
Le vice-président en charge des finances, Bertrand Artigny (EELV), a présenté le désormais classique effet ciseaux appliqué aux finances publiques :

  • Une baisse des recettes fiscales sous l’effet du ralentissement de l’économie dû aux mesures sanitaires successives.
  • Une augmentation des dépenses, notamment sociales avec la hausse des allocataires de minima sociaux dont le RSA.

En chiffres, on constate une baisse des recettes de 30 millions d’euros en 2021 rapportée au budget primitif de 2020 pour atteindre 2,8 milliards d’euros de budget de fonctionnement (soit -1%).

Parallèlement, les dépenses de fonctionnement augmentent de 3,6% par rapport au budget 2020, dont + 7% de dépenses sociales par rapport à 2020. C’est surtout la hausse du nombre de bénéficiaires du RSA qui est anticipée avec 44,3 millions budgétés auxquels il faut ajouter les 10 millions que devraient coûter le « revenu solidarité jeunes », sorte de revenus pour les moins de 25 ans que la Métropole va expérimenter en l’absence de RSA jeunes. Côté investissement, l’exécutif a présenté une enveloppe de 650 millions d’euros de dépenses.

Conséquence de cette baisse des recettes et de cette augmentation des dépenses : une diminution de l’autofinancement, qui passe de 462,3 à 344,2 millions d’euros.

Un budget basé sur une part d’optimisme

Autre indicateur dégradé : la capacité de désendettement de la Métropole qui était de 3 ans fin 2019. Il est aujourd’hui de 6 ans. Entre-temps a éclaté la pandémie de Covid-19 et sa gestion.

Devant la presse, le vice-président aux finances n’a pas caché que ce budget était basé sur une part d’optimisme :

« On espère que la reprise économique sera satisfaisante avec des impacts sociaux limités ».

Un optimisme mesuré. Bertrand Artigny espère ne pas dépasser la barre des dix ans de capacité de désendettement. Autrement dit, l’exécutif écolo table sur une dégradation continue des finances de la collectivité du fait du contexte sanitaire.

Les oppositions remontées

Gérard Collomb et l’opposition de droite ont fustigé l’augmentation de ces dépenses de fonctionnement et ses conséquences sur les finances de la collectivité.

Alexandre Vincendet, maire (LR) de Rillieux-la-Pape, estime que les écologistes « grignotent toutes les marges de manœuvre ». L’ancien maire de Lyon et président de la Métropole annonce que le nouvel exécutif va « droit dans le mur » :

« Notre institution avait une situation économique saine. C’est un modèle qui a fait ses preuves. Une spirale vertueuse peut être remplacée par une autre spirale ».

Gérard Collomb en appelle à la baisse des dépenses de fonctionnement à l’image du plan « marge de manœuvre » qu’il avait mis en place au début de son dernier mandat.
A cela, Bertrand Artigny a répondu « budget base 0 » :

« On va regarder chaque euro dépensé pour voir comment il sert à la justice sociale et/ou à la transition écologique. »

Sans surprise, les oppositions ont voté contre le budget 2021.

Une programmation pluriannuelle des investissements (PPI) « ambitieuse » ?

Le président écologiste de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard, a présenté également ce lundi la programmation pluriannuelle des investissements (PPI) de la Métropole. Autrement dit le plan de mandat qui va orienter les dépenses de la Métropole jusqu’en 2026. Dans ce contexte de finances plombées par la gestion de la pandémie de Covid-19, il juge cette PPI « ambitieuse ».

Le chef de l’exécutif se targue de faire de cette PPI un instrument de « relance » en direction des acteurs économiques, surtout ceux qui vivent de la commande publique. Ce qui explique la rapidité de sa mise en place, six mois à peine après l’arrivée aux manettes des écologistes. Au début de son dernier mandat Gérard Collomb avait mis un an et demi pour l’élaborer.

Le niveau d’investissement est aussi, pour les écolos, un signe d’ambition : 3,6 milliards d’euros contre 3,5 milliards pour celle 2015-2020 de Gérard Collomb. En augmentation dans le contexte sanitaire que l’on connaît.

Mais les deux PPI sont-elles comparables ? Pas vraiment.
En dehors du montant global, la PPI pondue par les écologistes est plutôt un document de « cadrage », comme le reconnaissait le socialiste (et donc membre de la majorité) Jean-Michel Longueval alors que la PPI à la sauce Collomb déclinait « 1175 projets » (dixit l’ancien maire de Lyon).

Plus d’agriculture, de composteurs, de végétalisation ou de pistes cyclables

Pour autant, l’exécutif actuel a tenu à présenter un tableau présentant les grandes enveloppes de leur PPI comparées avec ce qui a été réalisé sous le mandat précédent (voir ci-dessous).

Même si cette comparaison montre des limites (il aurait été plus juste de rapprocher les enveloppes des deux PPI), elle permet de dégager quelques grandes tendances concernant les priorités des écologistes :

  • augmentation de la rénovation des bâtiments,
  • augmentation du budget de la végétalisation
  • augmentation du budget du logement et de la culture avec le lancement d’une « Cité du cirque ».

Parmi les plus fortes augmentations mises en avant, on note également :

  • Cycle des déchets : 145 millions d’euros, pour étendre la collecte des déchets organiques.
  • Agriculture et alimentation : 10 millions, notamment pour développer les repas bio dans les collèges
  • Métropole cyclable et apaisée : 200 millions pour construire particulièrement le « Réseaux express vélo » ou REV.
Tableau reprenant les 25 axes de la PPI de la Métropole de Lyon 2021/2026. Source : Dossier de presse PPI

Moins de grands projets d’urbanisme

On remarque par ailleurs sur quelles enveloppes l’exécutif veut renier : la gestion des ouvrages d’art et les opérations d’urbanisme.

Concernant les ponts, exit notamment la réhabilitation du pont de Vernaison qui ne peut plus être emprunté par les poids lourds.
Concernant les opérations d’urbanisme, la vice-présidente en charge de la question, Béatrice Vessiller (EELV) a indiqué la ligne : continuer les grands projets lancés mais pas en lancer de nouveaux.

« Il y a beaucoup de projets contractualisés, ZAC ou quartiers politique de la ville avec l’ANRU. On va les continuer et les réorienter en augmentant la part de logements abordables et, en matière d’espace public, en augmentant la végétalisation ».

« Le flou » et l’absence de consensus

Outre les 25 axes regroupés dans le tableau, l’exécutif a également rappelé, comme lors du vote du passage de la gestion de l’eau en régie publique, les principes de son action.

Ici, on compte trois grands principes de conduite de cette PPI :

« – une Métropole garante des biens communs, qui va construire et donner aux habitantes et habitants les moyens d’une transition écologique exemplaire,
– une Métropole du « prendre soin » envers les publics dont elle a la charge
– une Métropole partenaire des collectivités locales qui la composent, des habitantes et habitants et de leurs actions collectives, des acteurs du privé et de leurs innovations, de l’international et du monde de la recherche ».

Ces grands principes n’ont pas beaucoup ému l’opposition qui a instruit le même procès en « amateurisme » et en « verticalité » que lors du vote de la régie.

Ceux et celles qui ont pris la parole se sont engouffrés dans l’absence de projets déclinés dans le document soumis au vote.

« Quels projets, quelle vision ? Je n’ai pas trouvé », a notamment lancé l’ancien vice-président à l’urbanisme Michel Le Faou.

La conseillère de Synergie (regroupant les élus de l’Ouest lyonnais), Florence Asti-Lapperière a évoqué une PPI « floue, incomplète et stratosphérique ».

Les oppositions ont également dénoncé l’absence de consensus et de discussion avec les maires des 59 communes. En 2015, lors du vote de la précédente PPI, Gérard Collomb avait à deux voix près recueilli l’unanimité des suffrages.

En 2021, ça n’a pas été la même. Seuls les élus de la majorité ont voté ce plan de mandat.

Bruno Bernard président de la Métropole de Lyon lors du conseil de la Métropole du 2 juillet 2020. Photo Houcine Haddouche/ Rue89Lyon

Bruno Bernard assume le changement de méthode à la Métropole de Lyon

Bruno Bernard n’en a cure. Il assume un changement de méthode.

« Auparavant, la PPI était en partie composée de l’ensemble des projets que faisaient remonter les communes. Beaucoup n’étaient pas réalisés. Aujourd’hui, notre PPI est probablement plus politique mais elle est aussi plus honnête avec les communes. On est passé d’une addition à une vision métropolitaine. Nous sommes aussi plus transparents : nous affichons ce que nous voulons faire ».

Maintenant que le cadrage est réalisé, Bruno Bernard s’est engagé à « finaliser » ce plan de mandat avec les maires des communes concernées.
Il promet de les « écouter » et de décliner la PPI, « si les demandes sont en accord avec elle ».

Par ailleurs, le Pacte métropolitain liant les maires à la Métropole va comporter une « enveloppe territorialisée » de 200 millions d’euros. Cette somme sera partagée entre les 14 Conférences territoriales des maires (CTM – qui correspondent aux circonscriptions électorales). Ce sera au niveau de ces CTM que les dépenses seront décidées.

Enfin, autre changement, l’exécutif de la Métropole a prévu dans cette PPI une clause de revoyure d’ici 2023, compte tenu du « contexte inédit de crise sanitaire mondiale impactant de manière significative les ressources ». En clair, ces montants d’investissements votés ce lundi pourraient être revus à la baisse si le Covid plombe l’économie et fait s’envoler les dépenses sociales.


#Bruno Bernard

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