Après deux rassemblements le 17 novembre (entre 700 et 2500 personnes – selon les chiffres de la préfecture ou des organisateurs) devant la préfecture du Rhône et le 24 novembre devant le palais de justice du Vieux Lyon (entre 1700 et 4000 personnes), une première manifestation est organisée.
L’appel national a été relayé localement. Ce samedi, des « Marches des libertés » auront lieu dans les grandes villes de France, notamment à Grenoble, Strasbourg, Bordeaux ou encore Marseille. À Paris, le préfet Didier Lallement a interdit la manifestation mais le tribunal administratif a cassé l’arrêté préfectoral. Une « Marche des liberté » pourra donc avoir lieu.
À Lyon, un large rassemblement d’associations et d’organisations réunissant notamment l’union départementale CGT, la Ligue des Droits de l’Homme, des Gilets jaunes, une intersyndicale de journalistes (CFDT, SNJ, SNJ-CGT et FO) ou le Club de la presse appelle à ce nouvel « acte » de mobilisation (voir l’événement Facebook).
Après le départ de la place des Terreaux, le cortège devrait emprunter la rive gauche du Rhône pour retourner en Presqu’île et terminer place Bellecour.
L’article 24 : un délit lié à l’intentionnalité du message
Mardi dernier, l’Assemblée nationale a voté, en première lecture, la proposition de loi sur la « sécurité globale » et son fameux article 24 qui prévoit de punir l’utilisation malveillante d’images de policiers ou gendarmes.
Cet article a suscité la réprobation unanime des journalistes et des médias (lire la tribune que Rue89Lyon a signée).
Dans un communiqué, le Syndicat de la presse indépendante d’information (Spiil – dont Rue89Lyon est adhérent) a également rappelé le danger pour la liberté de la presse que comporte cet article :
« L’article 24 crée un délit lié à l’intentionnalité du message et non au message lui-même. Il conditionne en effet la liberté d’informer au sujet de l’activité des forces de l’ordre sur la place publique à l’intention de la personne qui diffuse l’information. Or, une personne qui filme et diffuse ce qu’elle considère comme une violence policière peut être animée d’un sentiment de colère interprété à tort comme une intention manifeste de nuire. Son message n’en sera pas pour autant en lui-même un appel à la haine.
Le risque de pénalisation de témoins, observateurs non journalistes, lanceurs d’alerte, constitue une pression directe sur ces sources d’information, qui sont bien souvent une matière première pour les journalistes et les éditeurs de presse ».
Grâce aux images, l’affaire d’Arthur Naciri
À Lyon, nous savons aussi l’importance de capter des images de la police pour en documenter les éventuelles violences. Sans photo ni vidéo, le dossier judiciaire d’Arthur Naciri, tabassé par des policiers en 2019, n’aurait pas pu avancer.
Le contre-exemple est l’affaire de Thomas. En l’absence de photo et de vidéo montrant le tir de grenade lacrymogène qu’il a reçu au visage, le parquet de Lyon a classé sans suite l’enquête de l’IGPN.
Contre la loi « sécurité globale » et le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre
La mobilisation va au-delà du désormais fameux article 24 contenu dans cette loi.
Outre cette article, la coordination nationale #StopLoiSecuriteGlobale martèle son opposition contre les articles 21 et 22 de la loi « sécurité globale », véritable patchwork sécuritaire. Ces deux articles visent à la généralisation de la vidéosurveillance via l’utilisation des caméras-piétons et à la surveillance des manifestations à l’aide de drones.
La coordination nationale pointe également le nouveau Schéma national du maintien de l’ordre (SNMO). Cette circulaire du ministère de l’Intérieur prévoit notamment que les journalistes doivent quitter une manifestation après que les forces de l’ordre aient appelé à la dispersion.
« Ces dispositions visent à empêcher de documenter les violences policières et cherchent à entraver le travail des journalistes, des réalisateurs et de tout citoyen dans la manifestation de la vérité », rappelle la Coordination nationale qui exige le retrait de ces trois articles et du SNMO.
L’article 25, passé plus inaperçu jusqu’à maintenant, devrait lui aussi faire parler. Il autorise les forces de police et de gendarmerie à porter leur arme de service dans les lieux recevant du public, en dehors de leur service. Le cadre de cette autorisation est encore à fixer.
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