Il est un peu son « homme de l’ombre ». Ange Sitbon, ancien spécialiste de la carte électorale à l’UMP, a intégré en 2016 le cabinet de Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2015. Avec comme mission notamment : la gestion des référents locaux. Ces élus de la majorité font remonter les besoins de leurs collègues dans les territoires de la grande région. Notamment leurs demandes de subventions, parmi lesquelles il faut trancher. Une mission stratégique et très politique.
Une « rémunération disproportionnée » pour un poste dévolu à un fonctionnaire
Dans son rapport rendu à l’automne 2019, que nous avions relevé, la Chambre régionale des comptes d’Auvergne-Rhône-Alpes (CRC) analysait la gestion financière de la collectivité. Dans un contexte marqué par la fusion des régions. Un rapport plutôt positif d’ailleurs pour la collectivité et son président.
Elle s’était penchée toutefois sur le cas d’Ange Sitbon. Et notamment sa rémunération. Elle jugeait ainsi que les 9000 euros par mois perçus par Ange Sitbon constituaient une rémunération susceptible d’être appréciée comme « disproportionnée » par le juge administratif.
Les chefs de service, comme lui, perçoivent en moyenne 4000 euros par mois, notait l’instance administrative financière. La Région avait justifié ce niveau de rémunération par la « haute technicité » demandée par le poste.
Le cabinet élargi de Laurent Wauquiez
Au-delà de la rémunération XXL de son collaborateur, elle notait que son poste devait revenir à un fonctionnaire. Dont le niveau de rémunération, encadré, aurait été bien moins important. Dans son rapport, la CRC avait également élargi son analyse à la composition du cabinet de Laurent Wauquiez. Elle notait ainsi que 20 chargés de mission avaient été recrutés. Pour des tâches, dans les faits, « proches de celles dévolues aux collaborateurs de cabinet ».
En clair, une façon d’augmenter le nombre de collaborateurs au sein du cabinet tout en respectant la règle en la matière : 19 membres maximum. Une règle officiellement respectée par la Région mais pour la CRC le cabinet de Laurent Wauquiez en compterait donc le double dans les faits.
Après la remise de son rapport, la CRC d’Auvergne-Rhône-Alpes a transmis un signalement au parquet de Lyon en date du 30 juin 2020, indique Le Progrès. Qui précise que ce dernier « s’est dessaisi au profit du parquet national financier le 22 juillet ».
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