Lors du premier tour des élections municipales, le 15 mars dernier, un peu plus de 60 % des électeurs·rices s’étaient abstenu·es. Dans un contexte il est vrai particulier, à quelques heures du début du confinement. Ce dimanche 28 juin, malgré une situation sanitaire meilleure, ce fut pire, avec environ 62 % d’abstention.
À Lyon, une abstention plus forte presque partout aux municipales
Voici le taux d’abstention moyen par arrondissement et son évolution entre les deux tours des élections municipales :
- 1er arrondissement : 59,3 % des inscrits (+5,36 points)
- 2e arrondissement : 57,6 % (+0,23)
- 3e arrondissement : 60,7 % (+0,7)
- 4e arrondissement : 56 % (+0,26)
- 5e arrondissement : 61,8 % (+0,08)
- 6e arrondissement : 59,3 % (-1,08)
- 7e arrondissement : 61,7 % (+1,62)
- 8e arrondissement : 71,5 % (+3,6)
- 9e arrondissement : 68,41 % (+0,87)
Cinq arrondissements ont connu une abstention quasi identique entre les deux tours de scrutin (Lyon 2e, Lyon 3e, Lyon 4e, Lyon 5e et Lyon 9e ). Les 7e et 8e arrondissements ont connu une hausse de cette abstention assez significative. Le 1er arrondissement est celui qui a connu la plus grosse augmentation de l’abstention. Toutefois, ici, une explication sans doute : il n’y avait aucun enjeu lors du second tour avec une seule liste en lice. Seul le 6e arrondissement a connu une baisse de l’abstention.
Une carte de l’abstention qui ressemble largement à celle du premier tour. En pire, donc.
Le festin des écologistes dans une petite assiette
Les résultats de ces élections municipales à Lyon ont été très clairs. Les écologistes et les listes d’union de la gauche sont les grands vainqueurs. Avec près de 53 % des suffrages exprimés en moyenne à l’échelle de Lyon, Grégory Doucet est un maire bien élu. Bien élu par celles et ceux qui sont allé·es voter. Face à ce niveau d’abstention, difficile donc de la laisser de côté. Ces 53 % des voix représentent en moyenne environ 19 % des inscrit·es.
De quoi relativiser la « vague verte ». Tout comme la chute est importante pour les listes de droite et de Gérard Collomb qui ont obtenu les voix de 11 % seulement des inscrit·es en moyenne.
Les écologistes ont donc été largement élus mais par peu d’électeur·rices. Les résultats montrent toutefois qu’ils ont su mobiliser leur électorat, grâce à leur campagne ou sur le thème des enjeux environnementaux. En considérant toujours les résultats de ce second tour par rapport aux inscrit·es, il est intéressant de noter que le secteur où les écologistes ont été le « mieux » élus est le 1er arrondissement. Celui-là même où la progression de l’abstention a été la plus forte.
Mobiliser son électorat même dans les arrondissements promis à une victoire
Leur meilleur score en pourcentage des suffrages exprimés reste le 7e arrondissement de Lyon. Mais c’est bien dans le 1er arrondissement, avec 32,6 % des inscrits, qu’ils ont obtenu la plus forte adhésion. Un arrondissement dénué d’enjeu, seule la liste d’union de la gauche était candidate. Sur ce territoire propice à la gauche et donc gagné d’avance ce dimanche 28 juin, les électeur·rices se sont malgré tout un peu plus déplacé·es qu’ailleurs.
Même chose dans les 4e et 7e arrondissements, secteurs eux aussi propices au vote écologiste, sans grand suspense quant à l’issue du scrutin, où la liste d’union de la gauche a obtenu respectivement les suffrages de 23,28 % et 22,6 % des inscrit·es.
Voici le détail par arrondissement du vote écologiste en pourcentage des suffrages exprimés et des inscrit·es :
- 1er arrondissement : 100% des suffr. exprimés – 32,57% des inscrit·es
- 2e arrondissement : 44,9% – 18,24%
- 3e arrondissement : 49,95% – 19,22%
- 4e arrondissement : 53,89% – 23,28%
- 5e arrondissement : 41,13% – 15,5%
- 6e arrondissement : 33,37% – 13,29%
- 7e arrondissement : 61,01% – 22,61%
- 8e arrondissement : 49,88% – 14,18%
- 9e arrondissement : 63,23% – 19,05%
La droite parvient elle aussi à mobiliser aux municipales ?
Ces chiffres de l’abstention semblent montrer une chose : cela s’est joué sur la « sur-mobilisation » de leurs électorats pour les listes candidates à la victoire. Face à une abstention énorme, il fallait convaincre et s’assurer du soutien du noyau dur de ses électeurs.
Dans ce contexte, la droite également semble s’en être plutôt bien sortie. À Lyon, c’est dans le 6e arrondissement, traditionnellement électeur de droite, que l’abstention a diminué. Autour de Lyon, les maires de droite en ballotage, parfois défavorable, ont semble-t-il su mobiliser une partie de l’électorat pour sauver leur siège. C’est le cas notamment de Christophe Quiniou à Meyzieu, de Claude Cohen à Mions, de Jérémie Bréaud à Bron, de Michel Rantonnet à Francheville. Des maires Les Républicains, réélus au second tour, dans des communes où l’abstention a quelque peu diminué dans l’entre-deux tours.
Un contre exemple toutefois, celui de Givors. Là, c’est la liste divers gauche soutenue par les écologistes qui l’a emporté. Montrant aussi qu’au-delà de critère politique, l’enjeu local (et il était fort à Givors, potentiellement gagnable pour le Rassemblement National) reste encore un facteur de mobilisation.
Métropolitaines : 3 milliards de budget et pas grand monde pour voter
Pour les élections métropolitaines, les chiffres frisent parfois l’horreur. Au premier tour, elle s’élevait à 61 % en moyenne dans les communes de la Métropole de Lyon. Au second tour, 68 % d’abstention a été relevé en moyenne, une augmentation de presque 10 points donc.
La différence est nette entre les communes où se déroulait un second tour des municipales et celles pour qui les municipales s’étaient arrêtées le 15 mars dernier. Dans ces dernières, comme on pouvait le craindre, l’abstention aux élections métropolitaines a souvent bondi. Près des deux-tiers des communes de la Métropole de Lyon se trouvaient dans ce cas de figure. Là, l’abstention a augmenté de près de 12 points en moyenne par rapport au premier tour.
Dans les communes encore concernées par la double élection, l’abstention est restée stable (+0,22% en moyenne).
Le tableau des horreurs des métropolitaines
Au tableau des horreurs, citons Corbas (+31 points), Cailloux-sur-Fontaines (+26,3) ou encore Jonage (+22,5). Trois communes qui n’étaient pas concernées par les municipales dimanche 28 juin. Comme Feyzin, où 85 % des électeurs n’ont pas voté pour les élections métropolitaines.
Le tableau n’est pas toujours moins noir dans les communes encore concernées par l’élection de leur maire. Ainsi à Craponne, l’abstention a connu une progression de presque 10 points entre les deux tours. À Villeurbanne, elle a progressé de 5 points. Dans ces communes, encore plus pour Villeurbanne, l’issue du scrutin municipal était, il est vrai, assez peu indécise.
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