Quelle que soit la couleur de la vague, les plus de 60 % d’abstention invitent à modérer son ampleur. Pour les écologistes, la victoire à Lyon de Grégory Doucet comme celles dans d’autres grandes villes de France représentent des succès historiques. Pour les perdants, l’argument de l’abstention prend parfois la forme d’un sous-entendu. Celui qui voudrait qu’avec une participation plus classique à des élections qui mobilisent d’habitude bien davantage, les résultats auraient été différents. Et en ferait une victoire non pas par effraction mais de circonstance.
La victoire des écologistes à Lyon dans les urnes, certes peu remplies, reste très nette. Elle est avant tout celle d’une mobilisation de leur électorat. Au premier comme au deuxième tour. Un électorat convaincu par la campagne de Grégory Doucet et de ses listes ou par les enjeux environnementaux plus larges ou bien aussi, par la volonté de mettre fin au modèle de Gérard Collomb porté depuis près de 20 ans. Ou par tout ça à la fois.
Une mobilisation dans les secteurs de Lyon déjà porteurs pour le vote écologiste
Les listes écologistes ont maintenu la mobilisation entre les deux tours, surtout dans leurs « bastions ». Le premier tour avait montré une concentration du vote écologiste dans certains secteurs de Lyon :
- le 1er arrondissement
- l’Est du 4e arrondissement à la Croix-Rousse,
- le secteur de Vaise dans le 9e arrondissement,
- Le Nord du 7e arrondissement vers Jean-Macé et la Guillotière
- une partie du 3e arrondissement, arrondissement le plus peuplé.
Rappel du vote écologiste au premier tour des municipales 2020 à Lyon :
Dans ces secteurs, l’enjeu hyper local du second tour était presque nul. Au regard des résultats du premier tour, peu de doutes subsistaient sur l’issue du scrutin. Ces mairies d’arrondissement seraient écologistes. Ce sont toutefois dans ces secteurs que les écologistes ont encore assis, en partie, leur victoire.
Leur électorat ne s’est pas démobilisé dans ces arrondissements.
Voici la carte du vote écologiste à Lyon au second tour des élections municipales de 2020 :
Pas ou peu de progression du vote écologiste en dehors des secteurs propices de Lyon
Les résultats de ce second tour montrent que les écologistes, alliés à la gauche, n’ont pas ou très peu progressé dans d’autres secteurs. Même s’ils ont remporté la mairie du 5e arrondissement, la victoire est là en grande partie due à la division de la majorité sortante. Les listes de Georges Képénékian et Yann Cucherat restent majoritaires en voix dans bon nombre du secteur de Point du jour. Le Vieux-Lyon leur a été plus favorable.
Dans le 4e arrondissement, s’ils arrivent en tête dans bon nombre de bureaux de vote de l’Ouest de la Croix-Rousse, ils ne sont pas majoritaires en voix. Pas de miracle « vert » non plus dans le 6e arrondissement qui reste à droite. Comme dans le 2e arrondissement.
Les « angles morts » du vote écologiste à Lyon
Le 2e arrondissement permet une première observation des « angles morts » du vote écologiste. L’arrondissement est clairement coupé en deux. À Confluence, nouveau quartier sortir de terre il y a peu, les écologistes et la gauche sont largement majoritaires (autour de 60 % en moyenne). Le nord de la Presqu’île, au-dessus de Perrache, reste encore la chasse gardée de la droite.
Dans d’autres arrondissements, le vote écologiste semble également marquer le pas dans les secteurs les plus « populaires ». De secteurs où l’abstention a été par ailleurs très forte. Dans le 8e arrondissement, dans le secteur de Mermoz, l’abstention frise par endroits les 85 % des inscrit·es. Les listes écologistes n’y arrivent pas toujours en tête. Et quand elles le sont, elles ne sont là aussi pas majoritaires en voix. Elles le deviennent lorsqu’on remonte vers le Nord, en direction de Grand Trou et Bachut.
Si on « inverse » la carte présentée plus haut pour faire ressortir les secteurs où l’intensité du vote écologiste est la plus faible, voici ce que cela donne :
Même chose dans les 7e arrondissement. À mesure que l’on gagne le Sud, au-delà des rails de la gare Jean Macé, l’intensité du vote écologiste diminue. Il devient minoritaire dans des bureaux de vote autour de la Cité Jardin dans le quartier de Gerland et de la Halle Tony Garnier. Un constat également valable, en partie, dans le 9e arrondissement. L’écart est parfois de 20 points entre certains bureaux de vote de Vaise et ceux de La Duchère. Dans ce dernier secteur, la liste écologiste augmente toutefois son score de plus de 20 points par endroits, voire plus.
Une mobilisation sur les secteurs à enjeux pour les métropolitaines
Aux élections métropolitaines, peu de changement. Les écologistes ont là aussi maintenu leurs « positions ». Dans les circonscriptions lyonnaises, bien entendu. Mais aussi dans certaines communes du Nord du Val-de-Saône, comme nous le notions au lendemain du premier tour.
La victoire, de justesse, dans le secteur de Lones et Coteaux, a été arrachée grâce aux scores notamment à Oullins et Givors. Elle montre là aussi la capacité de mobilisation dans deux communes où l’enjeu local était fort.
À Oullins, Jean-Charles Kohlhass a failli ravir la mairie à la droite. À Givors, la liste soutenue par les écologistes a devancé la liste de la maire communiste sortante. Évitant ainsi une victoire du Rassemblement National dans une quadrangulaire qui aurait pu coûter cher à la gauche. Et aux écologistes notamment.
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