Il est rassurant, lorsqu’on est journaliste de presse locale, de constater que le travail réalisé est d’une certaine façon craint ou empêché par des acteurs aux manettes sur le territoire -ceux-là même qui sont sujets et interlocuteurs de nos articles.
Jusqu’au 18 mars, nous recevions tout -nous en avions même des kilos dans les boîtes mail de la rédaction : des conférences de presse, des rendez-vous « sur le terrain », des invitations en pluie. Aucune difficulté rencontrée par les candidats pour joindre les journalistes de Rue89Lyon.
Puis voilà que, cette semaine, des articles paraissent chez les confrères qui indiquent des rencontres dont nous n’avons pas eu vent. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que nous en avons été écartés ; d’autant que, par le même temps, nous n’obtenons plus de réponse ou alors de succincts textos de la part des équipes de campagne de Gérard Collomb et de François-Noël Buffet.
Un rendez-vous pris avec Yann Cucherat pour un entretien, fixé à ce lundi 15 juin, est annulé. Par le même temps, ce dernier, candidat à la Ville de Lyon, en campagne sous la houlette de Gérard Collomb, tweetait sa joie de participer à une entrevue donnée au Progrès, en compagnie d’Etienne Blanc.
⏭ Interview croisée pour @leprogreslyon avec @blanc_etienne a retrouver très prochainement ! #rassemblement #Lyon pic.twitter.com/XVSeCMvvXO
— Yann CUCHERAT (@YCUCHERAT) June 11, 2020
Ce jeudi soir, c’est le site d’actualité LyonMag qui s’agace d’une mise à l’écart consécutive à sa Une dédiée à Gérard Collomb, intitulée « Pathétique ! » -avec le point d’exclamation.
Gérard Collomb et la presse : je t’aime moi non plus
Suite aux fusions de liste et aux accords entre candidats (Gérard Collomb s’effaçant derrière le sénateur LR François-Noël Buffet pour la Métropole et obtenant en contre-partie qu’Etienne Blanc se place derrière son poulain Yann Cucherat pour la mairie de Lyon), les états majors ont sans surprise été modifiés.
Des adresses mails et numéros de journalistes sont-ils tombés par malchance du bureau pendant ces opérations mouvementées ? Peu probable.
Gérard Collomb et les candidats Les Républicains ont nécessairement reposé les termes de la deuxième phase de campagne commune, avec l’agence de communication Giesbert & Mandin, à l’origine missionnée par François-Noël Buffet. Un point a été spécifiquement soulevé, celui des « listings presse » dans lesquels il a été demandé de procéder à un élagage. Rue89Lyon en a fait les frais.
Après des échanges téléphoniques ce vendredi, pendant lesquels le ton est quelque peu monté, il semblerait que le tir soit rectifié. Nos contacts ont tous miraculeusement été retrouvés.
Le maire de Lyon est un habitué des coups de pression en direction de la presse -supprimant les budgets publicitaires aux médias qui ne lui conviennent pas, convoquant un journaliste dans son bureau pour une soufflante en règle, etc.
Gérard Collomb et son cabinet continuent d’user de ces méthodes de façon grossière car très visible, plaçant les chargés de communication et attachés de presse dans des situations intenables, non professionnelles, les obligeant à inventer des justifications farfelues auprès de nous et des journalistes concernés.
Campagne électorale + crise économique : quel travail pour Rue89Lyon ?
Les campagnes électorales sont des séquences médiatiques passionnantes, qui requestionnent nos choix éditoriaux et, surtout, notre méthode. Suivre les agendas des candidats ou non. Dessiner les crêtes, relever les points saillants.
Pour rappel -et relecture- Rue89Lyon a réalisé un travail de data-analyse post-élections qui n’a été produit nulle part ailleurs (voir notre série « Élections à la Métropole de Lyon »). Nous avons aussi mis en avant deux comparateurs des programmes (pour les élections municipales et métropolitaines) avant le premier tour, alors même que, très tôt, la campagne n’a quasiment porté que sur les rapports de personnes, les oppositions politiciennes et les questions d’étiquette de parti. Ce qui compte aussi ; ce que nous tenons tout autant à chroniquer.
Il est souvent reproché aux médias de ne relever que « la petite phrase », de ne pas étudier les propositions. C’est faux : nous avons même été particulièrement butés car nous avons exhorté certains candidats à nous répondre sur le contenu de leurs propositions, au cours d’échanges vifs, par des relances nombreuses, afin de produire des analyses par thèmes (voir notre série #Enjeux 2020). Nous avons eu (plus que) l’impression parfois de les obliger à travailler les sujets.
Pour rappel, nous avons été à l’initiative d’un débat sur les questions culturelles, le premier qui a permis d’opposer en direct les candidats aux municipales à Lyon. Tout le monde avait la parole, seul Yann Cucherat qui s’est fait remplacer et Agnès Marion, candidate du Rassemblement national, ont manqué à l’appel.
Cette deuxième phase de la campagne se déroule dans un contexte inédit : beaucoup de rédactions fonctionnent avec des équipes réduites, à flux tendu. Comptez sur nous, malgré une situation compliquée pour la société éditrice de Rue89Lyon, indépendante et détenue à 100% par ses journalistes cofondateurs, pour vous en faire le récit avec la liberté de ton et la rigueur qui nous caractérisent. Vous pouvez soutenir ce travail en vous abonnant.
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