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Élections 2020 à Lyon : le yolo des propositions sur les transports et mobilités

On le sait, les campagnes électorales sont des séquences politiques où les propositions les plus incongrues et médiatisables peuvent surgir. De quoi modifier tout à fait le visage d’une ville, au moins en fantasme. Lors de cette campagne électorale 2020, les différent.e.s candidat.e.s se sont surpassé.e.s dans un domaine : celui des transports. Rue89Lyon vous fait la revue.

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Métro ligne B à Lyon

Liée à l’organisation urbaine particulière de Lyon, la campagne électorale, particulièrement tournée vers l’écologie, s’est focalisée autour d’un thème en particulier, celui des transports. La voiture au cœur de la mobilité lyonnaise et son utilisation amène nombre de problèmes mis en avant par les différentes candidats : bruits, qualité de l’air, prise de l’espace… Pour remédier à cela, les candidat.e.s n’ont pas hésité à ouvrir des boîtes à idées. Il n’y a pas à dire, c’est épatant.

D’autant plus que le Sytral, syndicat mixte qui s’occupe des transports, est présidé par Fouziya Bouzerda, elle-même directrice de campagne de Gérard Collomb et placée systématiquement numéro 2 derrière lui, sur les listes municipales et métropolitaines. Gage de sérieux et d’efficience sur la question des transports ? C’est ce que Gérard Collomb veut afficher. On vous laisse juger.

Le projet de télécabine, remis au goût du jour

La télécabine est aussi appelé aérotram chez « Positivons ». C’est d’ailleurs une proposition phare de cette liste, initialement portée par le candidat centriste à la Métropole, Eric Lafond. Longtemps moquée, cette proposition a été largement observée voire reprise par d’autres candidats.

Comme un gage de sérieux, le projet fait même la Une du quotidien Le Progrès, peu connu pour sa fantaisie et enclin à parler des propositions du maire sortant.

Le Progrès, journal peu connu pour ses unes fantaisistes reprend la proposition de téléphériques à Lyon le 11 mars 2020

Gérard Collomb n’en parle pas cependant. François-Noël Buffet des Républicains lui n’hésite pas en disant que « le transport par téléphérique est à expérimenter comme à Bordeaux, Toulouse, Brest et Barcelone ».

Il est rejoint par Renaud Payre (« La Gauche unie », bannière PS principalement) qui est cependant plus prudent en proposant d’ »étudier les opportunités de liaisons par téléphérique (Lyon 5, plateau nord, Caluire) ». De même pour la liste EELV menée par Bruno Bernard qui propose « d’étudier, avec les habitant·e·s de la Métropole » différents scénarios de télécabines. Si élu, la réalisation potentielle est prévue pour… 2025. Rapidement, donc.

Des lignes de métro en pagaille

En 2014, lors de la campagne municipale, Gérard Collomb avait promis une nouvelle ligne de métro pendant le mandat. En février 2018, des études de faisabilité avaient été réalisées. Et puis, le temps est passé. En 2020, toujours pas de ligne E. Mais de nouvelles promesses car la plupart des listes en parlent.

D’ailleurs, pour la liste écolo, c’est juré : la ligne E verra le jour sur un trajet Tassin-Bellecour-Part Dieu. De même pour Gérard Collomb et sa liste investie par La République En Marche. C’est prévu également pour « Ensemble avant tout ! » de David Kimelfeld (actuel président de la Métropole de Lyon, dissident LREM). Non seulement une ligne E sera construite mais le candidat compte carrément multiplier par deux la taille du réseau métro et tramway.

François-Noël Buffet (Les Républicains) soutient également la construction de la ligne E. Andrea Kotarac (Rassemblement national) ne site pas spécifiquement la ligne E mais veut privilégier le métro plutôt que le tramway.

Finalement, c’est Renaud Payre qui va le plus loin. Le candidat de « la Gauche unie » propose de construire un « Transit Léger sur Rail », ou métro léger. Ce n’est pas un métro, ce n’est pas un tramway, c’est entre les deux. Un métro de surface en résumé qui permettrait « de boucler les périphéries entre elles », soit de Tassin jusqu’à Saint-Fons et de Saint-Fons jusqu’à La Doua.

De nouveaux transports pseudo-futuristes

L’innovation, c’est vendeur. Alors pour se démarquer, certains candidats n’ont pas hésité à aller dénicher les projets les plus high tech, tout droit venus de la Silicon Valley. Il n’y a pas de voitures volantes mais on n’en est pas loin.

David Kimelfeld propose ainsi d’expérimenter des navettes autonomes « sur les territoires périphériques mal desservis par les transports en commun ». Pas plus de précision cependant sur le fonctionnement de ces fameuses navettes.

De son côté, le maire de Lyon Gérard Collomb parle de mettre en place avec le Sytral « des voitures autonomes Navya pour desservir le dernier kilomètre ». Les images disponibles sur le site internet vendent un rêve de modernité. Qu’en est-il du coût ? On ne sait pas. Ces voitures électriques et sans conducteur permettraient de livrer les commerces dans les villes.

Autrement, ces deux listes en plus de La Gauche Unie, EELV, Positivons Lyon, Les Républicains et le Rassemblement national s’accordent pour mettre en place des navettes fluviales sur la Saône et/ou le Rhône. David Kimelfeld dira même plus, il veut des navettes express pour pouvoir relier en 40 minutes Couzon-au-Mont-D’Or à Bellecour lors des heures de pointe. Incroyable. Sachez au demeurant que moins de 10% de la population de Couzon-au-Mont-D’Or vient travailler à Lyon comme vous pouvez le voir ici.

Enfin, pour Étienne Blanc (LR), ce n’est pas le pompon sur la Garonne mais sur le Rhône. Candidat à la mairie de Lyon pour Les Républicains, il ne propose pas seulement des navettes fluviales. Non, lui parle de bateaux taxis et de bus flottants. Cette technologie, appelée SeaBubbles est développée par l’entrepreneur Alain Thebault. « Zéro vague, zéro émission, zéro bruit », tel est son credo. Si Étienne Blanc est élu, il faudrait alors se préparer à voir ces navettes qui volent au-dessus de l’eau. La version taxi serait en effet opérationnelle dès l’hiver 2021.

Face à ces projets fantastiques, nous nous sommes permis de rester terre à terre. L’institut Montaigne a estimé le coût de la mise en place de quatre navettes fluviales. En se basant sur les chiffres de villes où ce type de projet est déjà mis en place (comme à Venise par exemple) et pour des navettes ayant une capacité d’une centaine de personnes, le coût oscillerait entre 2,9 et 5,8 millions d’euros. De quoi laisser songeur.

Un RER comme à Paris, mais à Lyon

Lyon est la deuxième métropole de France. Elle a son métro, son tramway, ses bus, alors pourquoi pas un RER ?

Attention, cette politique ambitieuse ne serait pas juste une déclinaison du RER parisien. Gérard Collomb (avec sa liste « Prenons un temps d’avance ») le présente comme un « RER à la lyonnaise ». Pour lui, cela permettrait de « développer l’accessibilité [du] territoire ».

Il est rejoint par François-Noël Buffet (LR) qui propose d’ailleurs de le renommer REL, Réseau Express Lyonnais. Pour garder un petit ancrage territorial. Ce transport permettrait de rejoindre le centre-ville de Lyon plus facilement de Saint-Etienne ou de La-Tour-de-Salvagny.

Andrea Kotarac, candidat du Rassemblement National, privilégierait plutôt une ligne Givors-Perrache. Givors où, justement, son parti réunit ses quasi seules chances de gagner.

Bruno Bernard de la liste Europe-Ecologie-Les Verts propose un Réseau Expresse Métropolitain qui se baserait sur des lignes TER et de bus déjà existantes. Renaud Payre de La Gauche Unie parle plutôt d’un « RER métropolitain », à négocier avec la SNCF et la Région.

Parce qu’effectivement, la compétence relève surtout de ces institutions.

La vélorution, c’est maintenant

« Vélorution », c’est le terme qui est utilisé dans le programme de « Lyon en commun » (avec la candidate à la Ville de Lyon Nathalie Perrin-Gilbert, soutenue notamment par LFI). Mais il pourrait être utilisé par tous les candidats tant le vélo est mis en avant dans les propositions. Tant mieux dirons-nous.

Le Grand Lyon espère instaurer l’électrification des Vélo’V. Crédit photo: Damien Renoulet/Rue89Lyon

Cependant, impossible de passer à côté d’une certaine surenchère. David Kimelfeld promet ainsi 1 500 kilomètres de voies cyclables d’ici 2025. Qui dit mieux ? Ah la liste écolo ! Elle propose elle, en plus d’une chaire de la mobilité douce, 2 000 kilomètres de voies cyclables d’ici 2026. Soit le double d’aujourd’hui. C’est également ce que propose Gérard Collomb.

Pas de précision sur le nombre de kilomètres pour Nathalie Perrin-Gibert, Denis Broliquier, François-Noël Buffet ou Andrea Kotarac même si tous mettent en avant l’espoir de créer davantage de « modes doux ».

Petit plus, « Positivons » propose quand même « une flotte de triporteurs électriques pour des déplacements à la demande ». Le temps de la voiture serait-il advenu ? Avec de telles propositions, on pourrait presque y croire.


#Les candidats en roue libre

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