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Élections à Lyon en 2020 : les conséquences du mode de scrutin

En 2020, les élections locales concerneront les électeurs de la Métropole de Lyon à double titre. Les habitants de 59 communes de l’agglomération vont voter deux fois à chaque tour (15 et 22 mars prochains). Pour les élections municipales, c’est comme partout en France. Mais s’agissant des élections métropolitaines, c’est une première, une situation unique dans le pays.

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Vote à Lyon, deuxième tour de l'élection présidentielle 2017. © Thomas Bernardi.

Pour les élections métropolitaines comme pour les élections municipales, le mode de scrutin est le même : les listes sont paritaires, il y a deux tours et le scrutin est majoritaire avec une dose de proportionnelle. Dans les faits, ce mode de scrutin a des conséquences sur le déroulé et l’organisation des campagnes. La rédaction tente de tout vous expliquer ici.

Le mode d’élection donne-t-il une prime au premier ?

Sans conteste.

Ce mode de scrutin donne donc une prime au vainqueur, à l’échelle de la circonscription du moins. Si une formation politique remporte le scrutin dans chacune d’entre elles, elle sera largement majoritaire en nombre d’élus dans le futur conseil de la Métropole. De même, une liste peut gagner l’élection sur une circonscription de quelques voix à peine et bénéficiera malgré cela d’une grande majorité des sièges à pourvoir dans cette circo.

L’enjeu pour les candidats sera donc d’être en tête dans le plus grand nombre de circonscriptions pour que ce mécanisme joue à fond.

C’est normal. Cela signifie que le (la) chef.fe de file de la formation politique en question ne se présente pas dans votre circonscription.

Chaque formation politique a désigné un.e chef.fe de file. Cette personne est celle qui sera amenée à devenir président.e de la Métropole de Lyon si cette formation politique remporte les élections. Pour ces élections, la Métropole de Lyon a été découpée en 14 circonscriptions.

Cela signifie que les formations politiques ne présentent pas une liste unique mais des listes par circonscriptions. Le (la) chef.fe de file d’un parti se présente sur une liste de son parti dans une seule circonscription. Si ce n’est pas la vôtre, voilà pourquoi il.elle n’est pas candidate chez vous.

Non. Il suffit d’être élu conseiller métropolitain. Le.la président.e de la métropole est obligatoirement issu.e des élu.e.s du conseil de la métropole.

Même chose pour les élections municipales. Le.la futur.e maire n’a pas besoin d’être obligatoirement tête de liste dans un arrondissement. Il lui suffit d’être élu.e conseiller.ère d’arrondissement. Il faut toutefois qu’il.elle fasse partie des conseillers d’arrondissement envoyés au conseil municipal.

Non.

On peut présenter (et avoir des élus donc) uniquement dans une ou quelques unes des circonscriptions métropolitaines. Même chose pour les élections municipales à Lyon. Pas besoin de présenter des listes dans l’ensemble des arrondissements pour avoir le droit de se présenter aux élections municipales.

Oui, c’est tout à fait possible.
Non, mais ça aide à l’évidence.
Pour autant, ce n’est pas obligatoire pour remporter les élections métropolitaines. Selon le nombre de sièges à pourvoir, ne pas être majoritaire dans une circonscription moins dotée en sièges que d’autres n’empêchera pas forcément une victoire. Les résultats de ces élections seront le fruit des 14 élections dans les circonscriptions. Selon les résultats du vote, les calculs et tractations risquent d’être importants, pour trouver des accords et fusionner des listes.

Impossible à dire.

Cela dépend du comportement des électeurs et du « couplage » de leurs votes aux deux élections (voir « Pourquoi des élus mélangent ou maintiennent à dessein la confusion entre les deux élections ? »). En 2020, les deux élections se dérouleront au suffrage universel direct pour la première fois. Il n’y a donc aucun recul ni point de comparaison.

Auparavant, les conseillers communautaires (ancien nom des conseillers métropolitains) étaient issus des listes municipales. Désormais, les deux élections sont distinctes. Il est donc théoriquement possible de se retrouver dans le cas de figure suivant : dans une circonscription, la liste vainqueur n’est pas forcément celle de la tendance politique de la majorité des maires élus des communes la composant.

La probabilité d’un tel scénario reste sûrement faible mais c’est théoriquement possible.

Quels comportements le mode de scrutin provoque-t-il ? 

Ils sont multiples (et on y reviendra d’ailleurs plus tard sur Rue89Lyon).

On peut déjà remarquer que certains maires choisissent de lâcher leur mandat de maire pour mieux s’assurer une place de conseiller métropolitain. Dans la future assemblée métropolitaine, toutes les communes ne seront pas représentées au moins par leur maire comme dans le passé, certains semblent donc faire des choix.  Encouragés aussi peut-être par une succession déjà importante de mandats. À l’image de Marc Grivel, actuel 1er vice-président de la Métropole de Lyon et maire de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or ou Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole de Lyon et maire d’Irigny.

À l’inverse, la règlementation en matière de frais de campagne, plus favorable pour les élections municipales, semble encourager certaines formations politiques à présenter comme têtes de liste des maires sortants. Communication et certains frais de campagne peuvent être mutualisés. Ou bien, la communication pour les élections métropolitaines peut habilement se glisser dans la communication électorale pour les municipales.

Est-ce que cela améliore l’identification de la Métropole de Lyon par ses habitants et son aspect démocratique ? Certainement pas.

Par ailleurs, plus anecdotique mais sait-on jamais, le premier conseil de la Métropole post élections, pendant lequel sera donc élu(e) le (la) futur(e) président(e), se réunira avant le premier conseil municipal de Lyon. L’occasion peut-être, en cas de déconvenue lors de l’élection au premier conseil de la Métropole de Lyon, de s’assurer le fauteuil de maire pour un candidat malheureux. On ne pense à personne en particulier 😎


#Elections 2020

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Photo : Jean-Pierre Dalbéra – Flickr

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