Les journalistes sont quoi qu’on en dise des gens comme les autres, des miroirs peut-être même : quand Gérard Collomb ne participe pas à une conférence de presse et que seul Yann Cucherat la mène, le local de campagne partagé par le binôme estampillé LREM est automatiquement moitié moins rempli. Voire quasi vide. Non pas que « Yann » n’intéresse pas la presse. A l’inverse même, sa fonction de poulain, dauphin, héritier, « pantin » ou « marionnette » diront les moins bien intentionnés, a de quoi fasciner.
« C’est une personne super, quelqu’un de très gentil », nous disent en substance plusieurs élus et piliers de l’équipe de Gérard Collomb. Un sentiment partagé par les adversaires de Yann Cucherat. C’est aussi dans les deux camps que l’on parle pour le candidat à Lyon d’un manque de « charisme » ou de « carrure politique ». S’il y a donc une autre qualité dont Yann Cucherat peut se prévaloir, c’est la résilience et la capacité à se placer dans un sillon. Tout tracé par son parrain Gérard Collomb.
En voiture, « Yann »
Une vidéo diffusée par l’équipe de campagne LREM, première d’une série intitulée « On va se connaître », tend à produire un story telling autour de ce jeune homme prétendant au fauteuil de maire de Lyon. On y voit Yann Cucherat au volant d’une voiture, se confier sur l’accueil qui lui a été réservé par la sphère politique. Si l’habitacle semble idéal pour la confidence et le ton décontracté, le choix de l’automobile est plutôt malheureux en période de campagne communément axée sur l’environnement. Le candidat à la mairie pilote en se plaçant comme un novice de la politique.
A la fin de la vidéo, il se trouve à l’arrière d’un véhicule, encore une fois, sans doute conduit par un chauffeur, aux côtés d’un Gérard Collomb pendu au téléphone, demandant combien de personnes les attend. Yann Cucherat s’en amuse et murmure en direction de la caméra comme un élève enthousiaste.
La culture devient-elle un sujet mineur avec Yann Cucherat ?
Toujours dans l’ombre du chef, il ne semble pas s’offusquer de cette position, semblant même être dans la reconnaissance loyale. Yann Cucherat a-t-il envie de prendre des initiatives ? De s’émanciper au moins sur quelques sujets ? Dans un sondage récent, la question du choix du ou de la candidat.e a été posée aux électeurs de façon plus claire que ce qui avait été fait jusque là, présentant Yann Cucherat aux côtés de Gérard Collomb et ce n’est qu’avec cette formulation que l’ancien gymnaste parvient à être en tête au premier tour, talonné par le candidat écologiste. Se priver de la notoriété de Gérard Collomb n’est donc pas une option.
Mais parfois, cette ombre portée peut être interprétée comme une muselière.
Le premier débat de cette campagne électorale pour la mairie de Lyon est organisé par Rue89Lyon en association avec le Petit Bulletin. Il portera sur le thème de la culture, ce mardi 18 février. Les huit principales têtes de liste ont répondu favorablement, avec beaucoup d’enthousiasme. Toutes, en dehors de Yann Cucherat. Les équipes de Gérard Collomb ont choisi d’envoyer à sa place Jean-Yves Sécheresse, adjoint à la Sécurité, pilier de la majorité municipale et candidat dans le 7è arrondissement.
La culture représente pourtant le premier budget municipal à Lyon (si l’on sépare les écoles des crèches, sinon l’Education reste devant). Lors d’une récente conférence de presse de Yann Cucherat, la culture a vaguement été évoquée comme une occasion de produire des événements rayonnants, placée sous la haute bannière du tourisme.
Guy Corazzol, actuel adjoint de Gérard Collomb à l’Education, passé dans le camp de David Kimelfeld et de Georges Képénékian, n’a pas manqué de relever l’absence de Yann Cucherat à ce premier débat, l’incitant à un peu de « courage » sur les réseaux sociaux (voir tweet ci-après). Courage ou marge de manœuvre ?
Pour être Maire de Lyon il faut une certaine dose de courage , il faut apprécier la confrontation des idées , aller @YCUCHERAT il faut y aller https://t.co/YLXf3lijbA
— Guy Corazzol (@guycorazzol) February 14, 2020
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